La création de retenues d'eau, nécessité vitale d'après les agriculteurs pour combattre la sécheresse, se heurte à une profusion de réglements ainsi qu'à l'hostilité farouche des défenseurs de l'environnement.
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« La seule façon de ne pas générer de baisse de l'activité économique agricole »
« C'est quelque chose qu'on avait demandé de toutes nos forces », rappelle le président des Jeunes agriculteurs, Jean-Michel Schaeffer. « On a énormément de massifs en France » susceptibles de drainer la pluie, « jouons cette carte », plaide-t-il. « Il faut absolument récupérer l'eau l'hiver pour sécuriser l'approvisionnement des agriculteurs l'été », explique Jacques Bex, de la Chambre régionale d'agriculture de Midi-Pyrénées. Les lâchers d'eau en été bénéficient aussi à la faune et à la flore, ajoute-t-il. « Si on n'en est pas capable, on fait l'impasse sur l'avenir de l'agriculture et, au-delà, sur la possibilité de nourrir 9 milliards d'êtres humains en 2050 », dit-il. Pour Christian Longueval, ingénieur chargé du dossier eau au sein de cette même chambre d'agriculture, la création de réserves est d'autant plus « cruciale » que la loi sur l'eau de 2006 limite les volumes pouvant être prélevés dans les cours d'eau pour l'irrigation. Créer des réserves, c'est donc « la seule façon de ne pas générer de baisse de l'activité économique agricole », selon lui.
Les défenseurs de l'environnement sont d'un avis totalement contraire. « C'est une fausse bonne idée », s'exclame Guillaume Cros, président du groupe Europe Ecologie-Les Verts (Eelv) au conseil régional. « Certes, on stocke de l'eau mais c'est de l'eau qui ne va pas dans la nappe phréatique » et qui ne produit pas son « effet chasse » (nettoyage) dans les cours d'eau, explique-t-il. Caroline Creton, chargée de la mission eau chez France Nature Environnement/Midi-Pyrénées, souligne, elle, que la plupart des retenues existantes « sont alimentées par pompage dans les nappes phréatiques », ce qui met en péril les nappes en question. Alors que l'agence de l'eau du bassin Adour-Garonne a déjà financé 1.900 retenues collinaires et 40 barrages, cette politique a fait la preuve qu'elle « ne marche pas », dit-elle. « Les débits des rivières sont régulièrement en dessous du minimum permettant de l'activité biologique », précise-t-elle.
« Il faut adapter l'agriculture au climat »
Surtout, les défenseurs de l'environnement font valoir que le changement climatique doit entraîner un changement des pratiques agricoles. « Le système productiviste instauré après-guerre, qui a encouragé les agriculteurs à investir massivement dans l'irriguation et la monoculture, arrive en fin de vie », affirme Mme Creton. « Il faut adapter l'agriculture au climat », renchérit l'eurodéputé José Bové, « la meilleure réponse est d'ordre agronomique. Il faut modifier les pratiques agricoles, limiter les plantations gourmandes en eau » comme le maïs.
Les partisans des réserves d'eau apprécient d'autant plus l'annonce du plan eau faite par M. Sarkozy que le président a souhaité limiter, y compris par la voie législative, la possibilité d'introduire des recours en justice contre les retenues. « On ne peut plus être en permanence l'otage de telle ou telle association » qui, pour « des raisons, parfois bonnes, parfois moins bonnes, veut stériliser la totalité du paysage », a lancé M. Sarkozy. « Vous avez toujours des écologistes qui vont trouver qu'à tel endroit, il y avait des écrevisses à pattes blanches », abonde M. Bex, alors que les partisans des retenues d'eau dénoncent une « surenchère » d'exigences environnementales règlementaires et administratives avant qu'un projet puisse voir le jour.
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