
Avec des récoltes de céréales en avance de plusieurs semaines et un déficit fourrager alarmant, les cultures intermédiaires pièges à nitrates pourraient permettre d’affourager les animaux cet automne, voire de réaliser quelques stocks hivernaux. Le choix des espèces, pures ou en mélange, devra se faire en fonction de la date de semis et du mode d’exploitation recherché.
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Après la moisson des céréales en grain ou en ensilage, semer des intercultures fourragères peut permettre de compléter les stocks déficitaires. « Les semis précoces sont préférables pour bénéficier d’une bonne pousse d’automne et espérer récolter 3 à 4 tMS /ha, explique Isabelle Diomard de la Chambre d’agriculture du Calvados. L’idéal est de semer dès la récolte en rappuyant le sol au rouleau ».
Choisir son interculture fourragère après l’orge et le méteil
« En juin, les semis de sorgho fourrager, de ray-grass d’Italie, de trèfles (violet, d’Alexandrie et incarnat), ainsi que de moha permettront une exploitation au pâturage dès la fin de l’été. » Le moha pousse particulièrement rapidement et peut atteindre 1 à 1,5 mètre trois mois après son implantation. « Cependant sa valeur nutritive est faible. » Il sera préférable d’associer cette graminée estivale à du trèfle d’Alexandrie qui s’implante vite, améliore l’appétence du mélange et n’est pas météorisant. Les semis de légumineuses pures (trèfles, vesces…) sont généralement interdits en interculture, excepté en agriculture biologique. « Néanmoins, les mélanges graminées-légumineuses sont intéressants à la fois pour fournir de l’azote au sol et dans la ration. Associer une crucifère fourragère (radis, choux, colza,…) avec une graminée peut également être un choix judicieux », observe la conseillère.
Avoine, Rgi, trèfles et vesce pour une utilisation d’automne et sortie d’hiver
« Pour des semis en juillet-août, l’avoine diploïde ou de printemps est une espèce fourragère à croissance rapide exploitable au pâturage d’automne ou en enrubannage. Elle peut être associée à une légumineuse comme la vesce (commune, de printemps, ou velue), précise Isabelle Diomard. Moha, avoine diploïde et trèfle d’Alexandrie sont gélifs. En revanche Rgi, trèfle incarnat et trèfle violet résistent au froid et permettent une exploitation en sortie d’hiver. » En cas de sécheresse estivale et de manque de stock, l'implantation d'un ray-grass d'Italie en fin d'été permet non seulement d'avoir un fourrage avant l'hiver, mais également de débuter des pâturages très tôt en saison.
Espèce
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Semis
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Récolte et utilisation
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Gélif
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Coût €/ha (Pur)
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Moha
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Mai à juillet
Pur : 20-25 kg/ha
Associé : 15 kg + 10-15 kg/ha T.Alexandrie
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Pâture, ensilage, foin.
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Oui
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50
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Sorghos fourragers : Soudan grass et hybride
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mi-mai – mi-juin
hybride : 25-35 kg/ha
Soudan grass : 20-25 kg/ha
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Pâturable si >60 cm, ensilage, enrubannage.
S. hybride toxique si moins de 60 cm.
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Oui
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70
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Trèfle d’Alexandrie
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Avril-juillet
10-15 kg/ha avec Rgi, Moha
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Pâture (non météorisant), fauche
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Oui
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60
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Trèfle incarnat
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Août-septembre
Associé : 10 kg/ha pour 10-15 kg/ha de graminée
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Pâture (non météorisant), fauche. Pas de repousse si exploité après floraison.
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Non
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55
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Avoine diploïde ou printemps
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Août
Diploïde: 35 kg/ha
Printemps: 80 kg/ha
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Fauche ou pâturage
Implantation rapide
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Oui
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40
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Avoine d’hiver, Triticale, Seigle
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Juillet-août
Pur : 60 – 80 kg/ha
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Fauche ou pâturage
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Non
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15
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Ray-grass d’Italie (Rgi)
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Juin à septembre
Pur : 20 – 25 kg/ha
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Fauche ou pâturage
Peu tolérant au sec
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Oui
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45
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Chou fourrager
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Avril-juillet
Pur : 2 à 5 kg/ha
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Pâturage au fil, affouragement en vert
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Oui
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25
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Colza fourrager
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Août-septembre
Pur : 10 kg/ha
Associé : 3-5 kg/ha pour 15-20 kg/ha de Rgi
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Pâturage au fil, affouragement en vert
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Non
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30
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Le colza fourrager « Facile à réussir et peu couteux à implanter, le colza fourrager s’adapte bien au semis sur chaume en été », explique le Gnis. Cette crucifère possède un développement rapide. Il est possible d’obtenir 4 à 5 tMS/ha en 60 à 80 jours. Pour éviter le gaspillage de cette plante appétente, mieux vaut utiliser la technique du « fil avant » à déplacer chaque jour et de limiter la part du colza à 40 % de la matière sèche de la ration. « Riche en protéines digestibles (120 à 160 g de Mad/kgMS), le colza au pâturage complète aisément une ration à base de maïs ensilage. » Le colza fourrager est déconseillé pour les animaux en croissance. Pour des semis en début d’été, le Gnis conseille de tirer parti des variétés tardives qui sont les plus productives. Les feuilles atteignent leur développement maximum environ 12 semaines après le semis. Comme les variétés tardives ne fleurissent pas à l’automne et résistent bien au froid, il est possible de les garder sur pied l’hiver pour les exploiter au stade montaison au printemps. |
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