Plus de méthane sous les tropiques

« La méta-analyse réalisée par l’Inra et le Cirad sur l’effet du type de fourrage sur la production de méthane montre que les animaux alimentés avec des fourrages riches en fibres produisent plus de méthane. » (© terre-net Média)

Des travaux menés par Wilson en 1994 ont démontré que les ruminants alimentés avec des fourrages tropicaux produiraient plus de méthane que ceux nourris avec des fourrages tempérés. L’explication se trouverait dans les différences structurelles de composition entre les fourrages. Ces différences entrainent des mécanismes de photosynthèse majoritairement en C4 pour les fourrages tropicaux contre des mécanismes en C3 pour les tempérés.

Pour autant, peu d’étude ont été faites sur une comparaison directe entre animaux nourris avec des fourrages tempérés ou tropicaux.

Un manque comblé par l’Inra et le Cirad qui ont décidé de lancer une étude sur le sujet. Objectif : mettre en évidence les caractéristiques des fourrages (variétés, composition chimique, composés secondaires des plantes) impliquées dans les variations de production de méthane entre animaux (bovins, ovins, caprins) en utilisant la démarche de méta-analyse. 

Fourrages tempérés contre fourrages tropicaux

« Pour réaliser l’évaluation des productions de méthane des animaux, nous avons utilisé la démarche de méta-analyse des données de la littérature, afin de faire des comparaisons entre études in vivo », explique Maguy Eugene, de l’Unité de recherche sur les herbivores, équipe Dima (Inra de Theix).

Deux bases ont ainsi été constitués : l’une concernant les animaux alimentés avec des fourrages tempérés, l’autre avec des fourrages tropicaux.

« Nous avons également pris en compte différents facteurs », poursuivait la chercheuse citant en particulier le type de fourrage (graminée ou légumineuse) ou encore, pour les fourrages tropicaux, les teneurs en tanins, en fibre et en azote, sans oublier la digestibilité totale de la matière organique.

La caractéristique des fourrages en cause

Le saviez-vous ? Une méta-analyse est une démarche statistique combinant les résultats de séries d'études indépendantes sur un problème donné. La méta-analyse permet une analyse plus précise des données par l'augmentation du nombre de cas étudiés ; elle permet également de tirer une conclusion globale.

« Les différences de caractéristiques des fourrages expliquent que les ruminants alimentés avec des fourrages tropicaux produiraient plus de méthane que ceux alimentés avec des fourrages tempérés » résume Maguy Eugene.

Pour les fourrages tempérés, les scientifiques ont mis en évidence que les animaux alimentés avec des légumineuses, des graminées ou de la paille produisent en moyenne les mêmes quantités de méthane. « Le faible nombre de pailles dans la base par rapport aux autres fourrages tempérés, ainsi que le plus fort niveau d’ingestion pour les graminées et légumineuses tempérées explique en partie ces résultats », notait toutefois la spécialiste de l’Inra.

Pour les fourrages tropicaux, il n’y a pas de différence de production de méthane « même si numériquement, les animaux alimentés avec des légumineuse tropicales produisent 10 % moins de méthane qu’avec les graminées tropicales ». Les hypothèses avancées pour expliquer ce résultat sont la présence de tanins, moins de fibres et « une plus faible dégradabilité théorique de la matière organique pour les légumineuses que pour les graminées ».

Par contre, les animaux alimentés avec les graminées tropicales produisent plus de méthane que ceux alimentés avec les graminées tempérées. 

Pour aller plus loin Institut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr. Journée 3R : www.journees3R.fr