
Trois essais, menés par la Chambre d’agriculture de Loire-Atlantique, l’Ifip-Institut du Porc et le Cetiom, viennent de préciser les teneurs d’incorporation de tourteaux de colza dans l’alimentation porcine, par stade de production, en remplacement du soja.
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La recherche a donc décidé d’investir le sujet pour proposer aux éleveurs des variétés à teneur réduite en glucosinolates, dites variété 00 présentant des teneurs moyenne de 10 μmol/g, avec des valeurs maximales inférieures à 20 μmol/g.
« Un essai récent a montré que l’utilisation à long terme de ce type de tourteau de colza est possible sur les truies avec un taux d’incorporation de 10 % dans les aliments gestation et lactation ; cette incorporation n’entraine par ailleurs aucun effet négatif sur les performances de reproduction », soulignait Florence Maupertuis (Chambre d’agriculture 44) en présentant les trois essais menés en partenariat avec l’Ifip-Institut du Porc et le Cetiom sur le sujet, lors des dernières journées de la recherche porcine, à Paris.
Ces essais doivent permettre de donner de nouveaux résultats sur une utilisation à long terme pour l’alimentation des truies et des porcelets qui en sont issus. « Jusqu’à présent, nous n’avions en effet que des études sur la phase d’engraissement avec une alimentation à sec » poursuivait-elle.
Pas d’impact d’une utilisation prolongée de colza
Dans le premier essai, 2 bandes de truies (et leur suite) sont utilisées pour évaluer l’impact d’une utilisation prolongée de tourteau de colza sur les performances des porcs en croissance.
Ce qu’il faut retenir D’après ces résultats, le tourteau de colza 00 peut être utilisé sans conséquence de façon continue dans les aliments à tous les stades de la production du porc, à condition que l’ingestion de glucosinolates reste inférieure à 5 millimoles par jour.
« Toutefois, d’autres facteurs peuvent alors conduire à limiter l’incorporation de tourteaux de colza dans les formules d’engraissement », détaillait Florence Maupertuis (Chambre d’agriculture 44). Le premier est lié au respect des normes Corpen vis-à-vis du phosphore. « Utilisé comme seule source de protéines, le tourteau de colza ne pourra donc pas se substituer entièrement au tourteau de soja dans les aliments. En revanche, en association avec une autre source de protéines, telle que le pois ou la féverole, il peut permettre d’envisager un retrait total du tourteau de soja des formules pour porc », concluait-elle. |
La descendance de ces truies est divisée en 4 sous lots : le premier n’a jamais de tourteaux de colza ; le second a du colza uniquement dans les aliments porcs (10 % à partir du 2e âge) ; le 3e a du colza uniquement dans les aliments truies ; enfin, le dernier reçoit du colza à la fois dans l’alimentation truie et porcs.
Les porcs sont élevés dans des salles qui diffèrent par le système d’alimentation (sec/soupe). À 120 jours d’âge, des prises de sang sur héparine sont effectuées chez 180 porcs. Objectif : doser les niveaux circulants d’hormones thyroïdiennes T3 et T4 mettant en évidence des perturbations physiologiques chez le porc.
« Les résultats ne mettent en évidence aucun effet significatif des tourteaux de colza sur le Gmq, l’IC ou le pourcentage de muscle. Aucune interaction n’est observée entre le régime alloué aux truies et celui alloué aux porcs charcutiers », résumait la technicienne de la Loire Atlantique.
Pas d’influence non plus avec des taux plus élevés
Dans le second essai, les scientifiques ont étudié l’effet d’un taux plus élevé de tourteaux de colza dans l’alimentation. Pour cela, 3 bandes de 200 porcs charcutiers issus du même croisement que le premier essai sont mises en place. Ces porcs sont issus de truies alimentées avec 10 % de tourteaux de colza en gestation et en lactation ; ils sont tous alimentés avec 12 % de tourteaux de colza dans l’aliment 2e âge, puis avec 0 % ou 15 % de tourteaux de colza pendant l’engraissement.
« Même avec ce taux plus élevé de tourteaux de colza, aucun effet cumulatif du tourteau de colza n’est observé », relevait Florence Maupertuis précisant que dans les deux premiers essais, « les animaux ingéraient moins de 3 millimoles de glucosinolates par jour pendant l’engraissement ».
Soupe ou sec, pas de problème d’incorporation
Les résultats en bref essai par essai Essai 1 : les résultats mettent en évidence que l’incorporation de 10% dans les formules de gestation, lactation, 2e âge, croissance et finition n’a aucune incidence sur les performances des porcs, en comparaison de celles obtenues à partir de formules sans tourteau de colza. Essai 2 : avec des aliments présentant des teneurs ajustées en acides aminés digestibles mais non Iso- EN, une baisse de Gmq en engraissement est observée. La baisse du Gmq se fait en lien avec la baisse de consommation moyenne journalière, quand l’aliment contient 15 % de tourteaux de colza. « Mais cette baisse n’affecte pas l’IC », précise Florence Maupertuis (Chambre d’agriculture 44). L’hypothèse avancée est que « l’effet de lest de l’aliment contenant du tourteau de colza est plus important » car il est un peu moins concentré en énergie. In fine, aucune différence n’est observée sur les caractéristiques de carcasse quand les porcs reçoivent des aliments contenant du tourteau de colza ou non, et ce, qu’ils soient issus de truies en ayant elles-mêmes reçu ou non. Essai 3 : l’augmentation de 8 à 18 % du taux de tourteaux de colza dans l’aliment n’a aucune incidence sur les performances de croissance et d’abattage, que ce soit en alimentation soupe ou à sec. |
« Nous savons par de précédentes études que l’incorporation de tourteaux de colza peut entraîner des effets différents sur l’ingéré alimentaire selon le mode de distribution. Cette différence d’appétence résulterait de la diffusion des substances amères ou de la couleur du tourteau de colza en milieu liquide. »
Pour pallier à cette différence d’appétence, des recommandations sont émises sur les limites d’incorporation : elles sont moins élevées en soupe qu’en alimentation sèche.
« Ce 3e essai devait nous permettre de déceler une éventuelle différence d’ingestion du tourteau de colza lorsque celui-ci est incorporé à taux élevé dans un aliment apporté en soupe », précisait Florence Maupertuis. De fait, les porcs étaient alimentés avec deux taux d’incorporation de tourteaux de colza de 8 ou 18 %, en soupe ou à sec.
Ainsi, dans cet essai, les quantités de glucosinolates ingérés sont supérieures : elles sont de l’ordre de 4 millimoles/j en alimentation sèche et 5 millimoles/j en alimentation soupe. « Mais tous nos résultats sont donc obtenus pour moins de 5 mmoles de Gls ingérés/j sur la période d’engraissement. »
Dans ce 3e et dernier essai, les scientifiques n’ont pas constaté d’effet significatif du taux de colza sur l’ingestion d’aliment, la croissance ou le taux de muscle.
Pour aller plus loinIfip-Institut du porc : www.ifip.asso.fr. |
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