
Certains éleveurs optent pour un aliment plus énergétique et plus riche en lysine afin de maintenir les performances de leurs animaux en engraissement, en particulier sous climat chaud. Ils modifient ainsi la composition du lisier issu de ces animaux et donc, les émissions de gaz de ces lisiers. Une étude franco-espagnole vient de quantifier les variations. Détails.
![]() « L’augmentation de la teneur en énergie et en lysine dans l’aliment des porcs en croissance peut conduire à des changements dans la composition du lisier et par conséquent, dans les émissions de CO2, NH3 et CH4. » (© Terre-net Média) |
Avec la montée en puissance des préoccupations environnementales, de nombreuses études ont été menées pour préciser l’impact des aliments sur les caractéristiques du lisier. Il s’avère que la modification de l’aliment va inévitablement modifier la composition du lisier « et que c’est une bonne méthode pour réduire les émissions gazeuses, notamment NH3 et CH4 », précise la scientifique espagnole Verónica Moset, de l’Institut de recherche agronomique de Valence (Espagne).
Mais, poursuit-elle, « peu d’études ont évalué l’effet de l’augmentation de la teneur d’énergie et en lysine de l’aliment sur les émissions de gaz des effluents ».
L’Institut de recherche agronomique de Valence, soutenu par l’Université polytechnique de Valence et l’Inra Agrocampus ouest, en France, ont donc voulu préciser cette influence en lançant une étude. Objectif : évaluer l’effet de ces modifications sur la composition du lisier et sur les émissions de gaz (CO2, NH3 et CH4) pendant le stockage.
Régime concentré versus régime dilué
Dans ce protocole expérimental, les instituts ont donc sélectionné 12 porcs femelles (poids moyen de 103,3 kg) « logées en cas individuelle pendant 14 jours ».
Les émissions en résumé Les émissions de CO2 et de NH3 sont plus élevées pour le lisier issu du lot alimenté avec une alimentation concentrée au début de la période de stockage (jours 3-4) et après les deux premiers échantillonnages (12e et 27e jour). |
« Mais les deux lots ont reçu la même teneur en protéines » (15%, ndlr), précisait Verónica Moset. La dose globale d’aliments était identique (3 kg/jour) et les animaux avaient bien entendu de l’eau à volonté. Six tanks de 30 litres (3 par traitement) ont été remplis de lisier (deux fois par jour) et stockés pendant une période de 76 jours à 20°C.
« À la fin de la période de collecte, chaque tank a été fermé avec un couvercle hermétique muni de 3 ports d’entrée et un port de sortie d’air », poursuivait alors Verónica Moset. Les concentrations de CO2, NH3 et CH4 à l’entrée et à la sortie ont été analysées.
Changements dans la composition du lisier
« Cette étude a montré que l’augmentation de la teneur en énergie et en lysine dans l’aliment des porcs en croissance peut conduire à des changements dans la composition du lisier et par conséquent, dans les émissions de CO2, NH3 et CH4 », résume Verónica Moset.
En détail, l’analyse des informations montre qu’avec une alimentation plus riche en énergie et en lysine, les porcs émettent moins de matière sèche (139 g/kg contre 161 g/kg), moins de matière organique (114 g/kg contre 132 g/kg), moins d’azote total (7,18 g/kg contre 7,71 g/kg) et d’acides gras volatils (112 mmol/l contre 122 mmol/l).
Le pH superficiel est identique dans les deux lisiers, ce qui n’est pas le cas du pH mesuré à 10 cm est : il est en effet plus faible dans le lisier issu du lot ayant reçu une alimentation concentrée en énergie et lysine, « avec une différence significative aux jours 27 et 76 du stockage ».
La quantité totale de matière organique par tank est plus élevée dans le cas du lisier issu des porcs alimentés avec le régime dilué et ce, « pendant toute la période du stockage ». Mais les scientifiques notent également que « la digestibilité de la MS et de la MO n’est pas différente entre les traitements ».
L’augmentation des teneurs en énergie et en lysine du régime a également eu pour impact un abreuvement supérieur des animaux, « avec une consommation d’eau supérieure de 6,7%, et donc vraisemblablement d’une production d’urine plus élevée, ce qui peut expliquer les écarts de teneur en solides entre régimes ».
Pour aller plus loin Ifip-Institut du porc : www.itp.asso.fr. |
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