En élevage laitier, la détection des chaleurs, comprenez le repérage par l’éleveur des signes comportementaux précédant l’ovulation, reste la clé de voute du résultat économique de l’exploitation.
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La détection reste incontournable
« En Amérique du Nord, les grands troupeaux ont adopté une conduite de la reproduction sur chaleurs induites par utilisation des schémas de traitements hormonaux systématiques », expliquait en décembre Catherine Disenhaus (Inra/AgroCampusOuest), lors des rencontres 3R 2010 à Paris. En France, la filière est plus réfractaire à ce type d’outil en réponse à une demande sociétale d’utiliser de façon raisonnée, voire plus restreinte, des hormones en production animale. Par ailleurs, dans les systèmes laitiers français, les vêlages et la mise à la reproduction s’étendent souvent sur l’année entière. Toutefois, l’utilisation des traitements de maîtrise des cycles concernerait aux alentours de 2 % des vaches laitières inséminées « principalement afin d’avancer et de regrouper les périodes de vêlages », poursuivait la spécialiste. La détection des chaleurs spontanées reste de ce fait incontournable dans nos systèmes de production.
Un sujet d’étude qui mobilise
Reste que bien détecter les chaleurs des vaches passe par deux conditions : d’une part, ces dernières expriment cet état (lire ici), d’autre part, l’éleveur est apte à repérer cette expression. Face à l’ampleur du problème technico-économique, de nombreuses études expérimentales et enquêtes sur le terrain ont été faites ces dernières années, conduisant parfois à la mise en place de nouveaux systèmes innovants et automatisés. « Nous avons donc réalisé une synthèse reprenant les récentes connaissances sur l’évolution de l’expression des chaleurs et de leur détection dans nos conditions actuelles d’élevage » détaillait Catherine Disenhaus.
De multiples facteurs identifiés
La synthèse de l’ensemble des études faites ces dernières années sur la délicate question de la détection des chaleurs chez la vache montre que cette difficulté est liée à l’existence de nombreux facteurs influençant cette expression impliquant la vache, l’éleveur et le système d’élevage. « On note également une forte influence de la productivité laitière : les chaleurs sont peu exprimées et du fait du déficit énergétique qui lui est associé le nombre d’ovulations peut être faible », résumait la scientifique française. Par ailleurs, l’étalement des vêlages, le temps passé par l’éleveur, les signes auxquels il a recours pour déterminer l’apparition des chaleurs vont venir influencer la qualité de la détection. « En fait, l’éleveur sera amené à choisir entre investissement en temps et investissement financier », résumait Catherine Disenhaus, précisant que l’éleveur devait prendre sa décision en fonction :
- des objectifs de reproduction du système (regroupement ou étalement des vêlages) ;
- des conséquences du système sur l’expression des chaleurs (expression du potentiel laitier, logement) ;
- des contraintes du système sur l’éleveur (temps de travail).
« À plus long terme, la sélection d’animaux aptes à exprimer les chaleurs serait un objectif à considérer avec l’apparition de la sélection génomique et des enregistrements automatisés de comportements ou d’indicateurs hormonaux » concluait-elle.
Pour aller plus loinInstitut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr. |

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