
Une première fois depuis 10 ans. Un ministre de l’Agriculture, et en l’occurrence de droite, s’est rendu à un congrès de la Confédération paysanne. A Lille, Bruno Le Maire s’est livré au jeu des questions-réponses avec les congressistes. Une occasion pour faire le point sur les sujets de convergence et de divergence avec les positions de la CP. Pas d'annonce mais des échanges de qualité, reconnaissent à la fois le ministre et le porte parole de la Confédération paysanne, Philippe Collin. Pour les deux prochaines années, la feuille de route de la CP est son rapport d'orientation "10 mesures pour sauver et insttaller les paysans". Des idées qui seront portées jusqu'à Bruxelles et défendues lors des prochaines élections des Chambres d'agriculture.
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Interpelé sur la question d’actualité du moment, la contractualisation laitière, le ministre a déclaré : « je ne veux pas reculer la date de mise en oeuvre des contrats car nous n’avons pas le temps Mais il faut des contrats plus équitables ». Il répondait à André Bouchut, secrétaire national qui lui a remis une pile de trois cents offres de contrats « inacceptables car contenant entre autres une clause réduit le droit syndical ».
Le ministre a déclaré s’en remettre à Pierre Lepetit, pour qu’il garantisse des contrats équitables en reconnaissant à la CP la bonne idée d’avoir demandé, lors du débat sur la loi de modernisation de l’agriculture, la nomination d’un médiateur.
Aucun ministre ne s'était rendu depuis dix ans à un congrès de la CP
![]() Yves.Sauvaget, éleveur laitier posant une question sur la contractualisation à Bruno Le Maire (© Terre-net Média) |
Pendant les deux heures passées à Lille, le ministre de l’Agriculture a capté l’attention d’un public de militants qui attendait qu’il s’exprime sur différents sujets. Une première ! Aucun ministre, en l’occurrence de droite, ne s’était rendu depuis dix ans à un congrès de la CP.
Mais il est arrivé les mains vides, n’apportant pas de réponse concrète aux questions de représentativité au Cniel par exemple. L’invitation de participer à ses assemblées générales n’a pas satisfait les militants de la CP qui lui ont rappelé leur grève de la faim pendant 40 jours en septembre dernier pour pouvoir siéger à l’interprofession laitière. Pas d’avancée non plus sur un financement plus équitable des syndicats.
« Je défends le maintien de structures familiales »
Mais le ministre de l’Agriculture a expliqué partager de nombreux points de vue. A croire qu’il est un ami de la Confédération paysanne (1) ! « Je défends le maintien de structures familiales mais le modèle ne peut être défendu que si on est capable de faire mieux en matière de coût de production », a-t-il déclaré.
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Autre point fort de convergence, le regret de ne pas pouvoir mettre en place un plan européen et national « Protéines végétales ». En répondant à une question d’un représentant de la CP le ministre de l’Agriculture a expliqué que « la France est le seul membre de l’Union à le demander ». Développer les capacités de stockages pour lutter contre la spéculation et renforcer la sécurité alimentaire est aussi un point de vue qu’il partage avec la Confédération paysanne.
Avoir sur tout le territoire un million de paysans
Les divergences entre la CP et le ministre portaient parfois « sur des questions de curseurs » et des choix politiques. Le ministre de l’Agriculture inscrit l’ensemble de ses propos dans une logique de marché. Quand il parle de régulation, la CP entend « maîtrise de la production ».
Les éleveurs de porcs en difficulté Le numéro vert Solidarité paysans/Confédération paysanne 0800.302.300 est prolongé. A partir du 15 avril, l"écoute sera ouverte du lundi au vendredi de 18h30 à 22h00. |
« Les dix mesures pour sauver et installer les paysans » du rapport d’orientation présenté officiellement ce jeudi 14 avril, sur lequel nous reviendrons ultérieurement visent à avoir sur tout le territoire un million de paysans. Le ministre n’a pas repris à son compte ce chiffre mais l’agriculture a selon lui, « un rôle stratégique qui n’a pas vocation à perdre de l’emploi », position que défend aussi la CP.
En revanche, un sujet de désaccord important est le plafonnement ou la dégressivité des aides à la surface alors que les cours sont au plus haut. Au niveau européen, la CP s’aligne sur ce point sur la position du commissaire Dacian Ciolos qui n’est pas partagée par la majorité des ministres européens de l’Agriculture. En fait, Bruno Le Maire a déclaré préférer pouvoir consacrer davantage de fonds publics du budget européen pour financer l’utilisation des outils de régulation des marchés, bien plus efficaces que n’importe quelle autre mesure. Autre point de divergence, la question des Ogm ou encore la politique foncière trop timide (taxation insuffisante des plus values) pour éviter les phénomènes spéculatifs.
En attendant, la Confédération paysanne a monté à Lille qu’elle n’était pas seule pour défendre ses idées. Elles sont portées à Bruxelles par l’Ecvc et par un cortège de députés européens et de lobbys acquis à sa cause. José Bové, invité au congrès, a soutenu les congressistes dans leur mode d’action. « C’est par une combinaison d’actions avec les députés européens et une mobilisation sur le terrain qu’il est possible de gagner des éléments concrets », leur a t-il expliqué Par exemple, il appartient aux paysans d’appliquer sur le terrain le rapport approuvé par 600 voix environ qui stipule que les prix de vente des produits agricoles ne peuvent être inférieurs aux coûts de production. La codécision du Parlement européen pour tout ce qui relève des questions agricoles est aussi un autre instrument à utiliser pour peser sur le revenu des agriculteurs. Mais par conséquent sur les orientations à donner à la Pac de l’après 2013. Nombreux sont les députés européens partisans de la paysannerie telle qu’elle est défendue par la CP, a-t-il soutenu auprès des congressistes du syndicat de Bagnolet.
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