Une litière ou des objets et le porc se sent chez lui !

Si l’animal est élevé sur litière, plus il a d’espace, plus il passera de temps à explorer le sol et son environnement.(© Terre-net Média)

Avec l’évolution de la société, les éleveurs porcins sont de plus en plus nombreux à prendre en compte le bien-être des animaux. Ces dernières années, de nombreuses études ont été réalisées sur le sujet et nombre d’entres elles ont démontré que l’enrichissement du milieu, par l’utilisation de litière ou d’objets, a des effets favorables sur le bien-être des porcs.

« Néanmoins, les interactions possibles entre les facteurs liés aux caractéristiques de l’enrichissement et ceux liés aux caractéristiques physiques du logement ne sont pas encore bien décrites. Cette absence d’information entraine parfois des confusions sur les effets de ces deux facteurs », soulignait en février dernier Xavier Averós (Inra-AgroCampus Ouest) lors des 43^e JRP, à Paris.

Une des informations majeures du milieu physique est l’espace disponible par porc. « Cet espace peut s’exprimer selon un principe allométrique (encadré), en utilisant la valeur k », poursuivait le chercheur. Cette valeur k résulte d’un calcul mathématique prenant en compte la surface de la loge exprimée et le poids vif moyen de la loge. « Ce calcul permet la traduction de l’information d’une manière homogène et comparable entre expériences », détaillait-il.

Un projet européen

Des études menées ces dernières années ont montré « les effets positifs d’une augmentation de l’espace par porc sur les performances et le comportement de repos malgré l’absence d’éléments d’enrichissement dans le milieu de vie », poursuivait Xavier Averós

Les résultats en bref Plus le porc a d’espace disponible, moins il passe de temps couché ou assis, qu’il y ait ou non présence de litière ou d’objet dans la loge En présence de litière, le pourcentage de temps consacré à l’exploration augmente proportionnellement avec l’augmentation de l’espace moyen par porc. Plus le porc à d’espace disponible et d’objet à découvrir, plus il passera de temps à l’investigation du sol, qu’il y ait ou non présence de litière. En l’absence d’enrichissement, les porcs s’intéressent fortement aux autres objets de la loge Si l’animal est élevé sur litière, plus il a d’espace, plus il passera de temps à explorer le sol et son environnement.

À l’inverse, on ne connaît par les effets d’une augmentation de l’espace dans un milieu enrichi par une litière ou des objets sur le comportement des porcs. Pour préciser ces effets, une étude a été lancée dans le cadre du projet européen Q-PORKCHAINS.
Ce projet vis à estimer les relations entre l’espace disponible par animal et le comportement des porcs dans un milieu enrichi, en se servant pour cela de l’information déjà existante dans la littérature.
Pour rendre homogène les informations entre elles, les scientifiques ont pu s’appuyer sur une méta-analyse : « l’utilisation d’un tel outil permet d’avoir une idée plus globale de l’effet de l’interaction entre l’environnement physique et l’enrichissement sur le bien-être des porcs », résumait le scientifique de l’Inra.

Construction d’une base de données

Pour cette méta-analyse, la première étape a été de construire une base de donnée, deux en réalité : l’une pour déterminer et de quantifier les effets des conditions de logement ; l’autre sur les caractéristiques de l’enrichissement sur l’activité comportementale. De nombreux critères ont ainsi été relevés : pourcentage du temps passé par les porcs couchés et assis, comportement d’investigation total ou absence de litière, effet des objets d’enrichissement spécifiques et des autres objets du logement, l’investigation du sol, et l’investigation d’objets du logement autres que ceux qui servent à l’enrichissement (par exemple l’auge).

Le saviez-vous ? D’après l’encyclopédie participative Wikipédia, « en biologie, l'allométrie exprime la corrélation entre la taille d'un organisme et certains de ses paramètres biologiques. On dit qu'un paramètre suit une loi allométrique lorsqu'il peut s'exprimer en fonction du poids ou de la taille de l'animal ».

Les études choisies étaient publiées entre 1989 et 2009. Au final, les scientifiques ont pu valoriser 26 expériences publiées dans 25 articles, avec un total de 90 traitements expérimentaux.
Les variables dépendantes ont été groupées dans deux groupes (activité physique et comportements d’investigation), de manière à ce que chaque article puisse être inclus dans une ou les deux bases de données.

« Plus il a d’espace, plus il est actif »

« Nous avons constaté une forte variabilité inter-étude pour la valeur k et pour les différents comportements étudiés », expliquait le scientifique de l’Inra. Mais globalement, une augmentation de l’espace disponible par animal entraine des effets positifs sur l’activité physique et le comportement des porcs.
« En général, nos résultats permettent de confirmer que plus l’animal a d’espace disponible, plus il est actif et passe du temps à l’investigation de cet espace. Cependant, cet effet reste fortement dépendant du niveau l'enrichissement de la loge, sous la forme de litière ou d’objets d’enrichissement. »
Ces résultats peuvent contribuer à mieux déterminer et quantifier les effets combinés du milieu physique et de l’enrichissement du milieu de vie sur le comportement des porcs, en permettant une meilleure détermination des impacts des systèmes d’élevage sur leur bien-être.

Pour aller plus loin Ifip-Institut du porc : www.itp.asso.fr.