Des agriculteurs créent une association nationale des victimes des phytosanitaires

Des agriculteurs créent une association nationale des victimes des phytosanitaires

Une quarantaine d'agriculteurs, en majorité atteints de graves pathologies, ont créé, samedi à Ruffec (Charente), une association nationale de défense des victimes des phytosanitaires pour provoquer une prise de conscience des pouvoirs publics et offrir une aide aux malades, a-t-on appris auprès de son président.


L'association « Phyto-Victimes » constitue un accompagnement
moral et juridique pour les professionnels utilisateurs de
produits phytosanitaires. (© Terre-net Média)

Baptisée « Phyto-Victimes », l'association s'adresse aux professionnels utilisateurs de produits phyto-sanitaires pour les accompagner moralement et juridiquement et « au-delà sortir de l'omerta », a déclaré à l'Afp son président Paul François. « C'est difficile d'accepter que la profession à laquelle on croit vous empoisonne à petits feux », a-t-il dit. Il s'agit dans un premier temps d' « arrêter de faire un déni de cette situation », a-t-il affirmé. Il fait référence à des professionnels, agriculteurs, viticulteurs, agents des espaces verts, pépiniéristes, âgés de 40 à 60 ans, atteints de cancers de la prostate, de la vessie et de maladies neurologiques, après avoir manipulé pendant 10 à 30 ans herbicides, fongicides, insecticides et autres molluscicides.

« On se demande si on n'a pas fait passer le profit avant la sécurité»

« Même si les produits sont homologués, ils ont l'impression qu'on ne leur a pas dit toute la vérité sur leur toxicité », ajoute M. François. « On se demande si on n'a pas fait passer le profit avant la sécurité » , dit-il, comparant ce débat avec celui actuel sur le nucléaire. Le producteur charentais de céréales souffre lui-même de troubles neurologiques et d'un déficit de défense immunitaire après l'utilisation intensive de phytosanitaires sur son exploitation agricole. Il se bat pour faire reconnaître ses pathologies comme maladie professionnelle.

« On n'est pas là pour dire qu'il faut interdire les phytosanitaires et passer au tout bio »

« C'est une bombe à retardement », lance l'agriculteur qui voit des similitudes avec les maladies de l'amiante. Mais « on n'attendra pas aussi longtemps que pour l'amiante: il y a des gens qui vivent des drames familiaux, il faut les aider, ce n'est pas possible de les laisser crever dans leur coin », ajoute-t-il. L'association, dont la vice-présidente est la veuve d'un viticulteur mort en janvier des suites d'une leucémie reconnue maladie professionnelle, demandera de l'aide à la Mutualité sociale agricole (Msa), qui mène un programme de surveillance des intoxications « Phyt'Attitude ».

« S'il y a hécatombe, ça va avoir un coût, peut-être qu'il faudra demander aussi des comptes aux firmes », a estimé le céréalier, conscient que ce serait un combat de « David contre Goliath ». « Nous ne sommes pas des va-t-en-guerre », a-t-il tempéré, « on n'est pas là pour dire qu'il faut interdire les phytosanitaires et passer au tout bio ».

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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