Jusqu’à 30 % de cessation d’activité d’ici juin si rien n’est fait

Jusqu’à 30 % de cessation d’activité d’ici juin si rien n’est fait

Les producteurs de porcs n’en peuvent plus. Près de 15 % d’éleveurs sont déjà en cessation de paiement. Les conséquences imprévisibles de la crise de la dioxine en Allemagne s’ajoutent à celles inhérentes aux coûts croissants de l’alimentation que les cours ne parviennent pas à compenser. Bruno Le Maire porte à Bruxelles la crise de la filière pour trouver des solutions à l’échelle européenne.


A droite, Jean-Michel Serres, président de la Fnp et Paul Aufray,
secrétaire général. (© Terre-net Média)

Le malheur des uns fait le malheur des autres. Les éleveurs de procs français ne profiteront pas de la crise de la dioxine en Allemagne. Au contraire, elle déstabilise déjà la production et le marché du porc. Le kilo de carcasse était la semaine dernière de 1,05 euro outre Rhin et, les Pays Bas et le Danemark, pays « naisseur », se retrouvent à gérer des porcelets qu’ils n’arrivent pas écouler.

Bruno Le Maire, alerté par les producteurs de porcs qu’il a reçus jeudi 20 janvier, a appelé distributeurs et les industriels à respecter leur engagement d'indiquer l'origine de la viande de porc comme le souhaitent les producteurs, soucieux de mettre en avant leur viande.

En mars prochain, il sera trop tard

Selon la Fnp, cet accord doit être appliqué sans attendre à toutes les catégories de produits en vente, les premiers prix compris. Et pour rassurer le consommateur au mieux, les responsables de la section spécialisée « porcs » de la Fnsea demandent aux transformateurs et aux distributeurs que le logo de « VPF », viande de porc française, figure aussi sur l’étiquetage des viandes vendues fraiches et sur les emballages des préparations à base de viande de porcs élevés en France. « Nous attendons des pouvoirs publics qu’ils nous soutiennent et qu’ils mettent leur autorité pour que ces accords soient appliqués et immédiatement étendus », a déclaré Jean-Michel Serres, président de la Fnp après avoir été reçu par Bruno Le Maire. En Mars prochain, il sera trop tard.

La crise du porc à l’ordre du jour du prochain conseil européen des ministres de l’agriculture du 24 janvier

Outre le rappel des actions déjà entreprises en faveur de l’élevage porcin, Bruno Le Maire annonce qu’il « a saisi d’urgence la Commission européenne, la présidence hongroise du Conseil de l’Union européenne et les Etats membres. Il s’entretiendra samedi 22 janvier avec le Commissaire Dacian Ciolos et le lundi 24 janvier avec ses 26 homologues européens réunis au Conseil à Bruxelles ».
« Il proposera un paquet de mesures urgentes à l’échelle européenne, notamment l'aide au stockage privé, selon des modalités adaptées. Au-delà, l’ampleur de la crise nécessite la mise en place d’un groupe européen à haut niveau pour une nouvelle régulation du marché du porc »
.
A moyen terme, la contractualisation pourrait sécuriser une partie des revenus des éleveurs de porcs mais elle n’est envisageable que si la distribution y est associée. Elle contribuerait aussi à réformer en profondeur le mode de fixation du prix du porc.

En fait, la Fnp redoute des réactions en cascade de la crise de la dioxine. Les professionnels de la production craignent un afflux de porcs bon marché en provenance d’Allemagne sur le marché français, accentué par le blocage des exportations vers la Russie mais aussi, une méfiance des consommateurs tenté de se détourner de la viande de porc. Ce qui au final induirait dans un proche avenir un effondrement des cours en France. Or, actuellement, ils ne couvrent pas les coûts de production (1,70/1,75 euro/kg début 2011 pour un prix payé de 1,29). « Pour un élevage de 100 truies, les éleveurs perdent jusqu’à 9.000 euros par mois », assure Jean-Michel Serres.

La Fnp soutient des mesures de stockage privé, subventionnées par Bruxelles, pour retirer du marché une partie de la viande excédentaire (lire encadré) à condition que les carcasses soient destinées à l’export.

Entre 10 et 15 % des exploitations en cessation de paiement

La fédération nationale porcine estime d’ores et déjà qu’entre 10 et 15 % des exploitations sont en cessation de paiement. Elles ne produiraient plus de porcs d’ici quelques mois. Si la situation des prix ne se redresse pas au plus vite, il se peut que l’on dénombre jusqu’à 30 % d’éleveurs dans l’incapacité de poursuivre leur activité.


Les exportations allemandes de viande de porc équivalent
à la production française. (© Terre-net Média)

Un tel scénario conduirait entre autres à une baisse de la valeur des actifs, à des dettes non remboursées mais aussi à une diminution des livraisons de porcs. Sans marchandises, des abattoirs et des salaisonneries fermeraient et licencieraient en masse.

Tous les moyens envisageables ont été mobilisés dans le passé sans résultat probant pour venir en aide aux éleveurs selon la Fnp : allègements des cotisations sociales, reports d’annuités, prêts de consolidation. Quant à l’idée de décréter 2011 « année blanche » (report des échéances en fin de tableau d’amortissement des prêts) ne fait pas l’unanimité.

Les éleveurs manquent cruellement de trésorerie. Ils remboursent les prêts Barnier et ils paient les premières échéances du plan exceptionnel « Sarkozy ». Ils ne voient pas comment ils vont pouvoir financer les mises aux normes des bâtiments de leurs truies gestantes. Or 60 millions d’euros de subventions leur ont été alloués et les procédures de regroupements sont simplifiées (arrêté du 18 janvier). L’échéance 2013 pourrait dans les prochains mois accélérer les départs et grossir le nombre de cessations de paiement.

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 Le Maire veut une indication de l'origine de la viande de porc

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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