
Les effets de la monotraite ont été mesurés en stations expérimentales et sont maintenant bien connus : baisse de la production individuelle, augmentation des taux. Mais les modalités d’application en élevage ont, jusqu’alors, été peu étudiées. Les Chambres d’agriculture de Bretagne, l’Institut de l’élevage et Agrocampus Rennes ont décidé de combler ce manque de connaissances en mettant en place un réseau de 15 exploitations laitières pratiquant la monotraite. Résultats.
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Des travaux menés ces dernières années ont montré que le passage à une unique traite par jour n’a pas que des avantages au niveau du troupeau : ce dernier réagit en effet au changement par une baisse de la production individuelle qui s’accompagne d’une augmentation des taux.
Baisse de la production individuelle
Pour affiner les résultats technico-économique au niveau de l’élevage, trois partenaires – les Chambres d’agriculture de Bretagne, l’Institut de l’élevage et Agrocampus – ont décidé de mettre au point un réseau composé de 15 exploitations laitières ayant fait le choix de la monotraite.
« L’objectif du suivi, réalisé entre 2005 et 2007, était d’une part de connaître les motivations des éleveurs ; d’autre part, d’étudier les modalités de mise en œuvre ; enfin, d’identifier les problèmes rencontrés et les modifications réalisées sur la conduite du troupeau », expliquait Benoît Portier lors des rencontres 3R.
La dimension économique des exploitations du réseau est variable (190.000 à 450.000 l de quota avec de 33 à 121 ha de Sau).
En moyenne la durée de mise en œuvre de la mono-traite est de 160 jours par an.
Les conséquences de la monotraite dans les élevages bretons du réseau Suite au passage à la monotraite, les performances d’élevage ont été modifiées. Les principales caractéristiques notables sont :
Des résultats économiques légèrement supérieurs à la moyenne bretonne en raison d’une bonne maîtrise du coût alimentaire (54 vs. 66 €/1.000 litres). « Mais la mono-traite peut, quand elle se cumule à d’autres facteurs aggravants, être un facteur de risque », précisait le technicien breton. En effet, le suivi a montré qu’un tiers des élevages présente plus de 85 % de taux cellulaires vaches inférieur à 300.000 par ml. Par contre, au niveau environnemental, le bilan azoté est bien meilleur, avec une pression azotée moyenne de 148 U/ha de la surface directive nitrate (Sdn), contre170 U/ha en moyenne en Bretagne. |
Les résultats économiques sont supérieurs à la moyenne des résultats des centres de gestion.
Des entreprises toujours pérennes
« Il est possible de mettre en œuvre de diverses manières la monotraite en élevage », résumait le spécialiste des Chambres d’agriculture de Bretagne. « Mais les éleveurs doivent être conscient que cela modifie les résultats techniques et la structure d’exploitation au niveau de la productivité et de l’effectif notamment. »
Fort heureusement, la pérennité de l’entreprise n’est pas mise en danger, à condition bien entendu de satisfaire un certain nombre de conditions :
- Choisir la durée de la monotraite en fonction des objectifs de l’éleveur, de la place disponible dans le bâtiment, de la réglementation...
- Avoir dès le départ une situation cellulaire saine et bien suivre la qualité du lait ;
- Sélectionner les animaux « compatibles » avec cette démarche, c’est-à-dire ceux produisant plus de 6.000 kg/an en mono-traite ;
- Bien maîtriser le coût de la ration en privilégiant les rations à base d’herbe et non de concentrés.
Caractéristiques des élevages du réseau Avant la monotraite 2004/2005 2005/2006 2006/2007 Durée de la mono-traite (j/an) -
164
187
175
Quota (1000 l) 277
280
283
302
Production laitière (kg/VL/an) 7.090
6.260
5.930
5.800
Effectif VL 44
49
52
55
Concentrés (kg/VL/an) 749
622
573
473
% maïs 31
30
20
28
% Tcv < 300 000 88
82
81
82
Baisse la main d’œuvre et libérer du temps
Dans le détail, le suivi pendant trois ans de ces 15 exploitations met en avant cinq orientation ou stratégies mises en œuvre par les éleveurs, avec une mise en place de la monotraite :
- 2 mois l’été pour se libérer en journée ;
- 2 à 3 mois en fin de campagne pour gérer le quota ;
- 4 mois au printemps pour assurer la reproduction des vaches en début de lactation ;
- 7 mois au printemps/été pour se libérer au maximum et gérer un autre atelier par exemple.
« Les éleveurs visent deux choses en passant à la monotraite : réduire les besoins en main d’œuvre et libérer du temps libre, en particulier en été », résumait Benoît Portier. Le passage à la monotraite est donc une technique possible pour se libérer du temps d’astreinte, y compris avec des troupeaux « à fort potentiel ». Au final, c’est plus de souplesse et de temps pour l’éleveur, mais ce dernier doit être conscient qu’il lui faudra adapter « la période et la durée » en fonction de ses propres objectifs et de l’exploitation.
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