Une composition en acides gras modifiée par le régime alimentaire

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Une composition en acides gras modifiée par le régime alimentaire

Le fait de modifier la composition en acide alphalinolénique apportée à la truie va-t-il venir modifier la composition du lait maternel, en particulier la composition en acide gras ? L’Inra et Valorex amènent des éléments de réponse.


Les trois régimes comparés n’ont pas modifié la teneur en lipides totaux du lait de truie (7,5 ± 2 % en moyenne).
(© Terre-net Média)

Eleveurs et techniciens reconnaissent depuis plusieurs années l’effet bénéfique des acides gras polyinsaturés (Agpi) n-3 sur la croissance des porcelets, notamment au niveau du poids moyen de la portée et du gain de poids pendant la lactation.

Le saviez-vous ?

La Dha, ou acide docosahexaénoïque est un acide gras faisant partie de la famille des oméga-3. chez l’homme, le Dha est un constituant essentiel des membranes des cellules, et en particulier des neurones. Il joue également un rôle fondamental au niveau de la rétine et améliore ainsi la vision.
Ces acides gras sont apportés par le lait maternel après la naissance, soulevant une fois de plus l’importance d’administrer du colostrum lors des premières heures.

Une équipe mixte de l’Inra et de Valorex, entreprise spécialisée dans les produits extrudés, a voulu aller un peu plus loin : elle a donc lancé une étude visant à vérifier l’effet de régimes de composition en acide alphalinolénique variable sur la composition en acides gras du lait, pendant la période de lactation chez la truie.

3, 9 ou 27 % d’acide alphalinolénique dans la ration

Pour ce faire, 18 truies croisées Large White x Landrace ont été intégrées dans un programme expérimental et réparties en trois lots « sur la base de leur poids vif 4 semaines après insémination », explique Francine de Quelen (Inra) :

  • Le premier a reçu un régime supplémenté en huile de tournesol (3 % d’acide alphalinolénique) ;
  • Le deuxième lot un régime supplémenté en huile de tournesol et graine de lin extrudée (9 % d’acide alphalinolénique) ;
  • Le dernier lot un régime supplémenté en graine de lin extrudée (27 % d’acide alphalinolénique).

L’hypothèse

« La capacité de synthèse des Agpi n-3 chez le porcelet étant relativement faible à la naissance puis augmentant en période post-natale, on peut supposer que la composition en acides gras du lait maternel s’adapte aux besoins et capacités de synthèse des Agpi n-3 du porcelet. »

« Pendant la période de gestation, les truies recevaient deux repas de 2,8 kg d’aliment par jour. Après la mise bas, la ration alimentaire quotidienne est passée progressivement de 2,8 à 7 kg d’aliment en une semaine puis 7 kg jusqu’au sevrage » précise Francine de Quelen.

Les analyses ont porté sur les lipides totaux du lait, les profils en acides gras des échantillons étant déterminé.
« Les données ont été analysées testant l’effet régime maternel, l’effet du jour de prélèvement de l’échantillon et de l’interaction entre le régime maternel et le jour de prélèvement. »

Sans incidence sur la gestation ou la croissance des porcelets

La principale conclusion de cette étude est que le régime alimentaire de la truie au cours de la gestation et de la lactation modifie la composition en acides gras de son lait, « sans pour autant avoir de conséquences sur le déroulement de la gestation ni sur les performances de croissance des porcelets pendant les premières semaines de vie ». Les truies ayant reçu un régime contenant 27 % d’acide alphalinolénique produisent un lait plus riche en Agpi n-3 sans modifier le pourcentage de Dha.

Autre information de taille : la composition en acides gras du lait varie en fonction du temps. « Le colostrum est plus riche en Agpi n-3, quelque soit le régime alimentaire de la truie, par rapport au lait mature. »

Les résultats en bref

  • Le Gmq des truies entre la mise en lot et la mise bas est équivalent entre les trois régimes (0,5 kg/jour en moyenne) ;
  • La durée de gestation est similaire entre les truies des trois lots (113,6 jours) ;
  • Le nombre de porcelets nés vivants par portée est équivalent entre toutes les truies (15,2 porcelets), tout comme le nombre de porcelets mort-nés (1,2 porcelets) ;
  • À la mise-bas, le poids moyen des porcelets par portée était similaire entre les trois lots (1,4 kg) ainsi que leur Gmq de la naissance à 28 jours d’âge (0,25 kg/jour) ;
  • Le pourcentage d’Agpi n-3 par rapport aux AG totaux est plus élevé dans le lait des truies du lot 27 % d’acide alphalinolénique.

 

Pour aller plus loin

Ifip-Institut du porc : www.ifip.asso.fr.

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