Du lin pour baisser les émissions de méthane

D’après le rapport de la Fao de 2006, 18 % des émissions anthropiques de gaz à effet de serre pourraient être liés à l’activité d’élevage. (© Terre-net Média)

Le rapport de la Fao présenté en 2006 a évalué l’impact des productions animales sur l’environnement : d’après ce dernier, 18 % des émissions anthropiques de gaz à effet de serre (Ges) pourraient être liés à l’activité d’élevage.

Au niveau de la ferme, une part importante des Ges émis (50 à 60 %) provient du méthane (CH₄) entérique des bovins, ce quelle que soit la filière considérée (lait ou viande).

Efficacité de rations riches en concentrés ou en lipides

À ce jour, différents essais ont été menés dans le but de réduire ces émissions de méthane. Il s’avère que parmi les stratégies nutritionnelles existantes pour diminuer les rejets de méthane d’origine digestive chez le ruminant, l’utilisation de rations riches en concentrés ou en lipides est efficace. « Mais l’effet de l’association de concentrés et de lipides au sein d’une même ration est mal connu » souligne Maguy Eugène de l’Inra de Saint-Genès-Champanelle.

Les résultats en bref Les taurillons alimentés avec du concentré riche en amidon et en lipides de lin ont : ingéré moins de matière sèche (7,1 kg/j contre 8,1 kg/j), mais une quantité d’énergie supérieure (8,1 kg/j contre 7,0 kg/j) ; produit moins de méthane (228,9 l/j contre 283,9 l/j) ; La ration n’a pas eu d’effet sur la production de méthane ou sur le pH.

Son équipe, en partenariat avec l’Inra d’Osmoy (Cher) et l’Inra de Jouy-en-Josas a donc lancé un essai dont l’objectif est d’étudier l’effet d’une supplémentation lipidique sur la production de méthane de taurillons alimentés avec une ration riche en concentrés.

Avec ou sans concentré de lin

Pour mener à bien cet essai, les scientifiques ont donc comparé deux lots de taurillons charolais alimentés à volonté :

• un lot témoin avec une ration composée à 87 % de MS de concentré riche en parois et de 13 % de MS de paille d’orge. La teneur en matière grasse est de 2,4 % ;
• un lot expérimental avec une ration supplémentée en graine de lin (87 % de MS de concentré riche en amidon contenant 6 % MS de graine de lin extrudé et de 13 % MS de paille d’orge). La teneur en matière grasse est de 4,4 %.

Les 56 taurillons de l’essai ont fait l’objet de mesures, concernant les productions de méthane pendant trois jours consécutifs. « Le 4^e jour, un échantillon de jus de rumen a également été prélevé avant le repas pour mesurer le pH. » Ces informations, ainsi que les données d’ingestion ont été analysées.

Réduction visible

« Le fait d’amener de l’énergie supplémentaire par le concentré riche en amidon et en lipides provenant du lin a permis de réduire les émissions de méthane, en diminuant la méthanogenèse, mais avec un niveau d’apport lipidique modéré », résume Maguy Eugène. À noter que la méthanogenèse est assurée par des micro-organismes anaérobies stricts. Il s’agit de la dernière étape aboutissant à la production de méthane.

La comparaison avec la bibliographie existante, notamment avec deux études réalisées en 2007 et 2008, permet d’émettre de nouvelles hypothèses, en particulier que « l’addition de 2 % MS de lipides du lin, associée à l’accroissement de la teneur en amidon du concentré dans la ration expérimentale, s'est accompagnée d'une réduction des émissions de méthane de 19 % ». « Bien entendu, ces résultats devront être confirmés sur toute la période d’engraissement (Ndlr : essai en cours) », conclut la scientifique de l’Inra.

Pour aller plus loin Institut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr.