
Est-il possible d’estimer, au quotidien, les besoins nutritionnels individuels des porcs en croissance en fonction de leur parcours de croissance et de consommation ?
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En termes de conseil d’élevage, les conseillers et les éleveurs peuvent aujourd’hui s’appuyer sur des modèles mathématiques utilisant la méthode factorielle.
Prédire la croissance
Ces modèles permettent de prédire la croissance des animaux ou leurs besoins nutritionnels. Mais tout outil est imparfait. En effet, ces modèles factoriels prennent en compte les interactions entre les nutriments, l'animal et son environnement.
Ils semblent donc a priori plus précis que les valeurs fixes obtenues avec la méthode empirique… à condition d’avoir été correctement calibré « pour assurer une estimation précise des quantités de nutriments aptes à optimiser la réponse des animaux », expliquait en février dernier le brésilien Luciano Hauschild, de l’Université fédérale de Santa Maria lors des 42e Jrp. Pour autant, ces modèles factoriels ont leur limite puisque :
- la trajectoire de consommation et de croissance de chaque porc peut différer de celle qui a été observée dans la population de référence ;
- les animaux sont élevés en groupes hétérogènes sur le plan de la génétique, du sexe, de la santé et de la conduite de l’élevage ;
- les animaux sont alimentés en phases d’alimentation de durée variable.
« Par conséquent, chaque individu a des besoins nutritionnels qui lui sont propres et demande que soit développée une alimentation de précision », poursuivait le chercheur.
Ajustements
On entend par « alimentation de précision » un ajustement entre les apports de nutriments réellement nécessaires, en fonction de leur état et de leur parcours de croissance. Il s’agit donc de la recherche d’une efficacité optimale vis-à-vis de l’azote, du phosphore et des autres nutriments, avec en parallèle une réduction des apports de nutriments excédentaires.
Le saviez-vous ?En conditions commerciales, les besoins nutritionnels peuvent être définis comme étant la quantité de nutriments nécessaires pour optimiser un facteur de production tel que le gain de poids ou le coût d'alimentation. Les méthodes empirique et factorielle sont les plus utilisées pour estimer les niveaux optimaux de nutriments des aliments commerciaux. Ces deux méthodes conduisent toutefois à des prédictions invariables dans le temps, puisqu’elles ne tiennent pas compte de la variabilité inter ou intra-animale, des changements des animaux dans le temps ou de l’environnement dans lequel ils évoluent. |
L’objectif de ce projet mené en collaboration entre le Brésil, l’Espagne et le Canada était donc de développer et d’évaluer un modèle mathématique capable de fournir cette information. Les chercheurs ont élaboré un modèle mathématique intégrant deux composantes :
- la composante empirique estime pour chaque porc la consommation journalière d´aliment et le poids vif actuel en fonction des informations collectées en temps réel sur les animaux ;
- la composante mécaniste estime la concentration optimale en acides aminés à fournir aux animaux pour satisfaire leurs besoins.
Ce modèle a ensuite « tourné » sur des données provenant de 40 porcs issus d’une population de porcs charcutiers femelles décrite par Pomar en 2007. Les valeurs de la consommation journalière d´aliment et de poids vif mesurées en 2007 et celles prédites par le modèle empirique ont été comparées.
Estimation avec un ou sept jours d’avance selon le caractère recherché
« Les résultats de la composante empirique montrent que la trajectoire de la consommation journalière d´aliment et du poids vif des individus nourris à volonté peut être estimée un jour à l’avance, pour la consommation, ou sept jours à l’avance, pour le poids vif avec une erreur absolue moyenne respective de 12 et 2 % », annonçait Luciano Hauschild, poursuivant : « la comparaison des erreurs montre que le nouveau modèle est plus précis que celui d’InraPorc pour estimer la consommation journalière d’aliment et le poids vif ».
Enfin, le modèle estime les besoins en lysine par unité d’énergie nette avec une variation raisonnable entre les animaux et au cours du temps.
Des prévisions individuelles
« Ainsi, les besoins estimés par le modèle sont propres à chaque animal et à chaque jour de sa croissance. » Par ailleurs, les résultats montrent que une population de porcs est alimentée en fonction des besoins d’un individu moyen. Deux lots se distinguent : d’une part, une partie de la population ne consomme pas assez de nutriments pour satisfaire ses besoins ; d’autre part, la majorité en consomme plus que de nécessaire.
« Le modèle proposé dans cette étude estime les besoins de chaque individu dans le temps en tenant compte de son parcours de croissance et de consommation. »
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