
L’induction de la mise bas par un analogue de la prostaglandine F2a est une pratique répandue en élevage porcin. Une enquête, réalisée dans le Grand Ouest, montre toutefois que certains éleveurs l'ont abandonnée, mettant en avant différentes conséquences : des mises bas plus longues et des porcelets moins vigoureux, ayant une moindre chance de survie. Pourtant, une étude vient de prouver le contraire. Explications.
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Par ailleurs, une enquête nationale réalisée auprès d’éleveurs n’induisant pas la mise bas, indique que 13 % des gestations durent plus de 117 jours, contre 114 en moyenne.
Ainsi, des inductions précoces seraient susceptibles de favoriser la naissance de porcelets moins matures et donc, précisait Aurélie Foisnet, « moins aptes à téter ; sachant qu'une étude récente suggère, également, que l’induction de la mise bas affecterait la production de colostrum de la truie. »
Attention à la lactogénèse
Au niveau physiologique, certaines hormones, impliquées dans le déclenchement de la mise bas (comme la progestérone, l’œstradiol ou le cortisol), contrôlent aussi la production de lactose : « l’induction de la mise bas pourrait donc précipiter et perturber le processus de la lactogénèse et ainsi nuire à la production de colostrum », résumait la scientifique. Par ailleurs, ces hormones seraient également impliquées dans la régulation du pouvoir immunitaire du colostrum pour les porcelets.
L’Inra, l'lfip-Institut du porc et le service Agriculture et Agroalimentaire Canada ont décidé d’approfondir le sujet, en étudiant l’influence de l’induction de la mise bas, d’une part sur la production de colostrum indépendamment d’un effet de la durée de gestation. Et de l’autre, sur les modifications hormonales des truies aux alentours de la mise bas. « Nous avons voulu voir s’il était possible d’établir des liens entre les profils endocriniens des truies et la production de colostrum, en termes de volume produit et de teneur en immunoglobulines G. »
Deux expériences parallèles
Pour cela, l’influence, sur la production de colostrum, de l’induction de la mise bas par un analogue de la prostaglandine F2α (alfaprostol) à 113 jours de gestation est étudiée sur 47 truies Landrace × Large White au cours de deux expériences : la première comporte 27 femelles, la seconde 20 truies équipées d’un cathéter veineux.
« Dans la seconde expérience, nous avons effectué des prélèvements de sang et de colostrum afin d'étudier les changements hormonaux des truies, ainsi que la composition de leur colostrum. » La production de colostrum des truies sur 24 heures est calculée, en additionnant les consommations de leurs porcelets, estimées à partir du gain de poids de ceux-ci.
Une durée de gestation identique
Les résultats indiquent que la durée de gestation (113,9 jours en moyenne) ne diffère pas entre les truies témoins et les truies à mise bas induite. De même, l’induction de la mise bas n’influence pas le volume de colostrum et reste sans effet que la teneur en immunoglobulines G du colostrum. En revanche, elle augmente la teneur en lactose au début de la mise bas.
Au niveau endocrinien, l’induction entraîne un pic de prolactine transitoire dans l’heure, qui suit l’injection de l’alfaprostol. Mais, elle ne modifie pas les profils de progestérone, de prolactine et d’œstradiol des truies dans les trois jours péripartum. Dans nos conditions expérimentales, c’est-à-dire avec des durées de gestation spontanées de 114 jours, la mise bas des truies prolifiques peut être induite à 113 jours de gestation, sans impact négatif apparent sur la production de colostrum et la teneur en IgG de celui-ci.
Pas d'effet sur la composition du colostrum
« L’ensemble de ces résultats indique que l’induction de la mise bas n’influence pas la production de colostrum par la truie, ni les concentrations en IgG du colostrum, à durée de gestation et taille de portée équivalentes », résumait Aurélie Foisnet. Ces résultats sont cohérents avec le fait qu’une induction à 113 jours de gestation ne perturbe pas les profils circulants de prolactine, de progestérone et d’œstradiol aux alentours de la mise bas. On note seulement un pic transitoire de prolactine, une heure après l’injection d’alfaprostol.
La composition du colostrum est modifiée au début de la mise bas, mais pas assez fortement pour influer réellement sur la qualité du colostrum, « puisqu’une concentration en lactose plus élevée est un indicateur d’une bonne lactogénèse ». Ces essais constituent une première étape, qui nécessite d'être complétée par des travaux visant, notamment, à préciser « si ces conclusions basées sur des mises bas spontanées à 114 jours, seraient extrapolables à des femelles à gestation plus longue », concluait Aurélie Foisnet.
Pour aller plus loin : http://www.ifip.asso.fr/ |
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