 Le foin risque de manquer dans certaines exploitations (© TNM) |
Ces filières sont en difficulté depuis des années en raison de la crise du lait mais aussi de la baisse de la consommation de viande et d'importations en hausse. 46 départements sont touchés par des restrictions d'eau, essentiellement dans le nord-ouest (est de la Bretagne et Normandie), le Bassin parisien et le quart sud-ouest.
"30% de mes besoins en foin"
"Les problèmes ont démarré dès le printemps, qui a été très froid, et l'herbe n'a pas pu pousser, ce qui nous a obligé à puiser dans les réserves de foin", explique Jean-Louis Hervagault, éleveur de bovins à Pocé-les-bois, près de Vitré, en Bretagne. "La sécheresse est arrivée aussitôt après: je n'ai pu récolter que 30% de mes besoins en foin de cet hiver et chez mes voisins c'est pareil". Pour nourrir ses bêtes, d'ordinaire au champ du 15 mars au 1er novembre, M. Hervagault a été obligé d'acheter "énormément de paille" et des céréales (blé et orge) pour compléter l'alimentation de ses animaux, destinés à la boucherie. Le commerce de la paille est devenu très lucratif. "Tous les prix se pratiquent, cela peut aller du simple au double", affirme l'éleveur. Mais "il y a aussi de la solidarité entre les paysans et dans ces cas là les prix sont raisonnables, à 50 euros la tonne". M. Hervagault explique aussi que les prix des céréales sont bien plus élevés qu'en début de saison, de 20 à 50%, en raison de l'envolée des prix sur les marchés mondiaux. "J'ai 250 têtes à nourrir. je ne sais pas comment je vais faire avec ma trésorerie", ajoute cet éleveur qui affirme n'avoir "jamais été aussi pessimiste qu'aujourd'hui".
Des récoltes en baisse pour 2010 de 10% pour le maïs
Dans les élevages ovins, la situation est aussi critique. "Dans beaucoup d'exploitations, les bêtes ont été rentrées" faute de pâture, affirme le président de la fédération nationale ovine (FNO), Serge Préveraud. Là aussi, pour nourrir les troupeaux il faut "prendre sur les stocks" alors que ces derniers étaient déjà en baisse de 40% au printemps dernier. Pour M. Préveraud, la "question est de savoir ce que l'on va faire cet hiver: avec des trésoreries difficiles, on craint que des éleveurs soient obligés de vendre des bêtes". Les céréales ne sont pas non plus épargnées par le manque d'eau, mais le déficit y est chronique et lié aux usages agricoles, surtout dans le Bassin parisien et le sud-ouest. Les dernières estimations officielles font état de récoltes en baisse pour 2010, de 3% pour le blé et de plus de 10% pour le maïs. C'est surtout pour cette céréale, qui nécessite une forte irrigation, que le problème se posera "s'il ne pleut pas d'ici 15 jours", fait-on remarquer au syndicat des producteurs de grandes cultures (blé, maïs et oléoprotéagineux), Orama. Au ministère de l'Agriculture, une porte-parole indique qu'un bilan sera fait dans les départements à la fin de la période estivale. Cet état des lieux permettra de lancer les procédures de calamités agricoles pour débloquer les indemnisations.
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