Fibres en post-sevrage : pas de tendance nette sur la santé des animaux

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Fibres en post-sevrage : pas de tendance nette sur la santé des animaux

L’effet de l’apport de fibres dans l’aliment de post-sevrage diffère-t-il selon l’environnement sanitaire ? Pour répondre à cette question, l’Ifip et l’Inra ont mis en place deux essais. Résultats.

L’introduction de fibres fermentescibles dans l’alimentation post-sevrage chez le porcelet permet-elle de réduire les risques d’apparition de diarrhées ou de tout autre trouble digestif ? Pour répondre à cette question, les stations expérimentales de l’Inra Agrocampus ouest, à Saint-Gilles, et de l’Ifip-Institut du porc, à Romillé, ont mis en place des essais croisant à la fois deux types d’aliments (témoin et fibre) et deux conditions d’élevage (témoin et conditions dégradées), pour les deux périodes d’élevage (1er et 2e âge) sur des porcelets.


« De plus, les porcelets placés dans ces conditions dégradées à l’Ifip
vont également consommer plus d’eau (+23 %) que ceux
placés en conditions normales. » (© Terre-net Média)
« L’incorporation de fibres induit une diminution de la concentration en énergie nette des aliments F : pour le 1er âge, les teneurs sont respectivement de 10,4 et 10,0 MJ/kg pour le témoin et l’aliment fibre ; pour le 2e âge, elles sont respectivement de 9,8 et 9,3 MJ/kg », précisait Didier Gaudré (Ifip-Institut du porc), le 2 février dernier, à l’occasion des 42e JRP à Paris.

1er âge : baisse de l’IC en conditions dégradées

Sur le 1er âge, l’analyse des résultats ne met pas en évidence de lien entre les conditions d’élevage et le traitement alimentaire. « Nous avons donc analysé les deux facteurs séparément », précisait le chercheur. Ainsi, à l’Inra, l’absence de nettoyage et de désinfection des salles s’est traduit par une augmentation significative de la consommation d’aliment (+11 %) et d’énergie (+10 %) par rapport au lot placé en condition normale. Les dégradations des conditions d’élevage se traduisent également par une fréquence de fèces liquide 2 fois plus importante entre 5 et 7 jours après le sevrage.

À l’inverse, à l’Ifip, l’augmentation de la densité animale et l’absence de précautions sanitaires a favorisé une moindre consommation d’aliment et d’énergie (-10% et -9%). « On note également à l’Ifip une baisse significative de la vitesse de croissance de 15 % en conditions dégradées. On observe cela à l’Inra, mais uniquement lors de la 1ère semaine de post-sevrage. »

Par contre, les deux sites expérimentaux ont des points communs : les conditions dégradées entrainent une baisse de l’indice de consommation. De plus, les teneurs en haptoglobine ne sont pas affectées par les conditions d’élevage. Enfin, les porcelets reçoivent plus d’antibiotiques en conditions dégradées qu’en conditions normales (69 % vs. 40 % à l’Inra). « À l’Inra, la proportion de porcs recevant un traitement antibiotique en période de premier âge ne diffère pas selon le traitement alimentaire quelles que soient les conditions d’élevage. »

1er âge : les fibres améliorent la vitesse de croissance

L’introduction de fibres dans l’aliment 1er âge a permis une amélioration de la vitesse de croissance, que ce soit à l’Ifip (+11 % sur l’ensemble de la période 1er âge) ou à l’Inra (+12 % au cours de la 2e semaine). Par contre, l’ajout de fibres n’influence par la fréquence des fèces liquide à l’Inra, « quelles que soient les conditions d’élevage ».

À l’inverse, à l’Ifip, en conditions normales, 27 % des porcelets recevant l’aliment F ont des fèces liquides, contre 15 % pour ceux recevant l’aliment témoin 7 jours après sevrage. Cette différence disparaît au-delà.

2e âge : effets variables des conditions d’élevage

À l’Ifip, les conditions dégradées réduisent significativement la vitesse de croissance (-7 %) ainsi que les consommations journalières d’aliment et d’énergie (respectivement, -6 et -7 %). Ce résultat sur la vitesse de croissance ne se retrouve pas dans l’essai de l’Inra, « mais les consommations d’aliment et d’énergie tendent à être plus élevées dans les conditions dégradées, ce qui pénalise de fait les indices de consommation (+4 %) ». De plus, les porcelets placés dans ces conditions dégradées à l’Ifip vont également consommer plus d’eau (+23 %) que ceux placés en conditions normales.

2e âge : les fibres affectent la croissance

À l’Ifip, tout comme à l’Inra, l’introduction de fibre dans la période 2e âge réduit la vitesse de croissance : par exemple, à l’Ifip, les résultats indiquent que les traitements TT et FT ont une vitesse de croissance supérieure de 15 % à celle des traitements TF et FF et de +11 % pour la consommation d’énergie nette. « On relève également que la quantité d’aliment consommé par les porcs FT est significativement supérieure à celle des porcs TF et FF avec respectivement, +9 et +6 %. Les porcs TT étant intermédiaires. »

Dans ce 2e âge, les indices de consommations des porcs Ifip recevant l’aliment témoin sont inférieurs à ceux recevant des fibres. Ces porcs ont également tendance à consommer plus d’eau que ceux recevant des fibres (+17 % TT vs. TF et +22 % TT vs. FF). À l’Inra également, les résultats indiquent que les IC et ICe sont dégradés avec l’aliment fibre apporté en 2e âge. « On relève même que les indices se dégradent d’autant plus si les porcelets ont reçu un aliment fibre en 1er âge à l’Inra. » À l’Ifip, « les teneurs en haptoglobine plasmatique ne sont pas affectées par les conditions d’élevage ».
Ce résultat se retrouve à l’Inra.

Pour aller plus loin : www.ifip.asso.fr.

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