Les industriels vont-ils prendre la main ?

Article réservé aux abonnés.

Les industriels vont-ils prendre la main ?

Le projet de Loi de modernisation agricole a été adopté par le Sénat le samedi 29 mai dernier. Il comprend, entre autres, un volet rendant obligatoires les contrats entre industriels et les producteurs. Pour adapter la loi et la contractualisation aux attentes des acteurs de la filière, le Sénat a renforcé le rôle des interprofessions, pour qu'elles proposent des contrats-types et des clauses-types applicables dans chaque secteur (volumes, caractéristiques des produits, modalités de collecte, de livraisons, de paiement etc....). Ces décisions nous amènent à diffuser une étude publiée l'hiver dernier par l'Institut de l'élevage, l'Inra et l'Esa d'Angers. Ils ont cherché à préciser l'impact de la suppression des quotas et la mise en place des contrats sur le niveau de production laitier et la répartition géographique des élevages.


« L’Institut de l’élevage, l’Inra et l’Esa d’Angers ont cherché à
évaluer l’impact de la surpression des quotas et la mise en place
de contractualisation entre producteurs et industriels en élaborant
un modèle prédictif. » (© Terre-net Média)
En France, depuis les années 80, la production laitière a été maintenue sur l’ensemble du territoire grâce à la politique de contingentement des volumes qui a également permis de maintenir une certaine stabilité des prix et des revenus.

Avec la dernière réforme de la Pac et l’entrée en vigueur du bilan de santé, les éleveurs sont désormais avertis que les quotas laitiers vont disparaître d’ici 2015.
Inquiets par cette remise en cause du mode de régulation de l’offre de lait, ils doivent également anticiper les fortes variations de prix observées depuis 2007.

Evaluer l’impact de la suppression des quotas

L’Institut de l’élevage, l’Inra et l’Esa d’Angers ont cherché à évaluer l’impact de la suppression des quotas et la mise en place de contractualisation entre producteurs et industriels en élaborant un modèle prédictif.

Le projet de loi de modernisation de l'agriculture a été voté par le Sénat en première lecture le 29 mai dernier. Les sénateurs ont adopté l'obligation de contrats de vente écrits entre producteurs et industriels pour lutter contre la volatilité des prix agricoles et la fluctuation des revenus des agriculteurs.

Pour en savoir plus :

- Au Sénat/Lmap - Le Sénat vote l'obligation de contrats écrits producteurs/industriels

- Retrouvez toutes les réponses de Bruno Le maire au T'chat spécial Lma 

« Ce travail a été réalisé dans le cadre du programme interrégional Laitop et du projet Dynamique des territoires laitiers, financé par le Cniel, le Crédit agricole, Groupama et Séproma », détaillait Baptiste Lelyon (Institut de l’élevage), le2 décembre dernier lors des Rencontres 3R.
Objectif : analyser en quoi la suppression des quotas et la contractualisation pourraient impacter les stratégies productives des exploitations laitières.

Différentes options

« Les contrats imaginés doivent permettre à chaque agriculteur de vendre le lait qu’il produisait jusqu’alors à un niveau de prix proche de la tendance de long terme, soit 280 € la tonne. »
Mais le modèle laisse également la possibilité de produire plus de lait (plafonné à +30%), mais à un prix inférieur fixe (200 €/t) ou non.

Les différentes hypothèses ont été appliquées à quatre grands types d’exploitations (cf. encadré) : herbager, semi-intensif, lait+céréales et lait+jeunes bovins.

« Les simulations permises par le modèle montrent que la suppression des quotas va surtout remettre en cause le lien au foncier. Entre outre, la contractualisation entre éleveurs et industriels, nécessaire pour assurer une régulation collective de l’offre, pourrait également modifier la répartition géographique actuelle de la production laitière », résumait le spécialiste de l’Institut de l’élevage.

Les grands types d’exploitation

Herbager : système de production extensif qui se caractérise par une grande autonomie alimentaire et une productivité laitière par animal modérée. Grâce à une qualité de lait supérieure à la moyenne et à des carcasses plus lourdes, les produits sont mieux valorisés. L’âge au 1er vêlage est de 30 mois et les vêlages sont groupés au printemps.
Semi intensif : Sau plus réduite et stratégie plus productive par rapport au système Herbager. Les vêlages sont groupés à l’automne. Le maïs ensilage entre dans la ration, de même que les concentrés, de manière à obtenir un rendement laitier supérieur.
Lait+céréales : la structure est ici plus importante. La conduite d’élevage est intensive, avec un nombre d’animaux inférieur permettant de libérer des surfaces pour produire des céréales.
Lait+jeunes bovin : même type de structure que la conduite ‘lait+céréales’, sauf que l’atelier céréales est remplacé par un atelier d’engraissement de jeunes bovins laitiers pour amener une plus-value sur les veaux mâles nés sur l’exploitation.

La mise en place de ces contrats pourrait également inciter les éleveurs du grand ouest à augmenter leur production, sans pour autant changer leur structure.
Pour lire les résultats dans leur intégralité, cliquer ici.

Quelle sera l’influence des industriels ?

De plus, selon cette étude, il apparaît que le passage d’une régulation publique (quota) à une régulation privée (contrat) met en lumière l’influence des industriels dans la restructuration du secteur producteur, via l’allocation des contrats. « Quid de ces allocations lors d’une cessation d’activité ? », interrogeait d’ailleurs Baptiste Lelyon.

En outre, le niveau de production de lait sous contrat B est fortement lié au niveau de rémunération : « ainsi, une contractualisation à prix variable entraînerait un volume en contrat B modéré ».
À l’inverse, un prix fixe aurait tendance à rassurer les éleveurs et pourrait les inciter à produire davantage.

Dans ce rapport de force, il ne faut pas non plus oublier l’influence des autres productions, qui peuvent entraîner une évolution à la hausse ou à la baisse du niveau de lait produit sous contrat B.
« Dans tous les cas, l’étude montre bien que les conditions de contractualisation choisies auront un effet significatif sur les volumes de lait produits et la location de l’offre. Dans ce cadre, une intervention publique sera certainement souhaitable pour permettre une répartition géographique équilibrée de la production laitière française », concluait Baptiste Lelyon.

Pour aller plus loin : www.inst-elevage.asso.fr.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

Tapez un ou plusieurs mots-clés...