L’incorporation de féveroles est possible à des taux élevés !

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L’incorporation de féveroles est possible à des taux élevés !

Avec le retournement du marché de la féverole en 2009/2010, ce protéagineux retrouve ses lettres de noblesse et intéresse à nouveau les spécialistes de l’alimentation porcine. Mais jusqu’à quels taux l’incorporation est-elle possible sans altérer les performances zootechniques ? Réponses.


« L’étude, réalisée par l’Ifip-Insitut du porc et effectuée avec des lots
de bonne qualité, montre que les féveroles à fleurs blanches et
colorées peuvent se substituer aux céréales et au tourteau de soja
dans les aliments de 2e âge et d’engraissement. » (© Terre-net Média)
Importante dans les années 80, la surface française emblavée en protéagineux a marqué le pas depuis les années 2000 en raison de la baisse du soutien aux cultures. Mais le retournement du marché au cours de la dernière campagne laisse aujourd’hui sous-entendre un come-back sur le devant de la scène de cette production.

Dans ce contexte, la féverole devrait ainsi tenir son rang de 2e protéagineux compte-tenu notamment d’une bonne tolérance aux maladies du pois. La culture apparaît donc intéressante pour la filière porcine dans la mesure où elle amène une source protéique significative au niveau alimentaire.

Deux essais à l’Ifip

Quelle est alors l’influence du taux d’incorporation et du type de féverole sur les performances de post-sevrage puis d’engraissement ? Pour répondre à cette question, deux essais ont donc été réalisés à la station expérimentale de Villefranche de Rouergue par l’Ifip-Institut du porc.

« Les limites d’emploi, à savoir 15 % chez le porc et le porcelet, 10 % chez la truie, proposées par les tables d’alimentation inter-instituts ne distinguent pas le type de féverole », expliquait le 2 février dernier Éric Royer (Ifip-Institut du porc), à l’occasion des 42e JRP qui se tenaient à Paris.

Dans l’essai, quatre aliments contenant de la féverole à fleur blanche (B, variété Victoria) ou colorée (C, variété Marcel) au taux de 10 ou 20 % lors de l’essai de post-sevrage (B10, B20, C10, C20), puis de 20 ou 35 % dans l’essai d’engraissement (B20, B35, C20, C35) sont comparés à des aliments témoins sans féverole (témoin). L’alimentation est apportée ad libitum.

Performances zootechniques très proches

Les performances zootechniques ont été calculées sur l’ensemble de la période de post sevrage pour les porcelets et pour les phases croissance et finition en engraissement.

En croissance, les régimes ont des CMJ (1,99 g/j en moyenne), GMQ (929 g/j) et IC comparables (2,14 kg/kg). En finition, un effet simple du sexe est observé pour la CMJ (mâles : 2,96 kg/j ; femelles : 2,86 kg/j) ainsi qu’une interaction entre le sexe et le régime. Celle-ci résulte d’une moindre CMJ des femelles B35 en comparaison des B20 (2,72 vs. 2,96 kg/j), alors qu’aucun effet n’est constaté chez les mâles (2,96 kg/j en moyenne).

Le saviez-vous ?

Les féveroles peuvent être divisées entre variétés à fleurs colorées (riches en tanins) et à fleurs blanches, (pauvres en tanins). Les travaux antérieurs ont montré que la présence des tanins diminuait la valeur alimentaire des féveroles. Toutefois, des essais de digestibilité plus récents montrent que le type de féverole n’expliquait pas toutes les différences entre variétés. Ainsi, si les variétés à fleurs blanches ont généralement des valeurs assez élevées pour l’utilisation de l’énergie et des acides aminés, certaines variétés à fleurs colorées ont également de bons résultats.
Pour lire les résultats dans leur intégralité, lire ici. Cependant, le GMQ (971 g/j en moyenne) et l’IC (3,01 kg/kg) ne sont pas influencés.
Ces résultats permettent de conclure que, dans des régimes équilibrés, les deux types de féverole peuvent être utilisés au taux de 20 % en 2e âge et de 35 % en engraissement.
Au niveau des résultats, des performances zootechniques très proches sont obtenues sur l’ensemble de la période d’engraissement par les porcs recevant 20 ou 35 % de féveroles à fleurs blanches ou colorées et ceux recevant un régime céréales – tourteau de soja.

Le poids vif à l’abattage et le poids de carcasse ne diffèrent pas entre régimes, ni entre sexes.

Incorporation possible !

Les performances obtenues pour les phases de 2e âge et de croissance montrent que l’incorporation de féveroles à fleurs blanches ou colorées, dans des aliments équilibrés en énergie et acides aminés, est possible à des taux élevés, de 20 % en 2e âge et de 35 % en croissance.

En outre, cet apport n’altère ni la consommation, ni le gain de poids. « Ceci est confirmé par les résultats d’engraissement des mâles castrés, alors que la moindre consommation observée chez les femelles recevant les régimes finition B35 et C20 doit être interprétée avec prudence, compte tenu des performances générales élevées » poursuivaitt Eric Royer.

L’étude – effectuée avec des lots de bonne qualité – montre que les féveroles à fleurs blanches et colorées peuvent se substituer aux céréales et au tourteau de soja dans les aliments de 2e âge et d’engraissement. « Avec de tels niveau, le recours au tourteau de soja pour l’alimentation du porc charcutier peut être fortement réduit, voire totalement supprimé en finition » concluait le spécialiste de l’Ifip.

Pour aller plus loin : www.itp.asso.fr.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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