« Face aux enjeux, analyser ses coûts de production est devenu un incontournable »

« Face aux enjeux, analyser ses coûts de production est devenu un incontournable »

L’Institut de l’élevage et la Chambre d’agriculture de la Mayenne présentaient une méthode de calcul du coût de production de l’atelier laitier, lors du Space, à Rennes. Une estimation devenue indispensable dans le contexte économique actuel.

« Il faut d’abord définir un contour à l’atelier laitier, précise Didier Désarménien, Conseiller économie et entreprise à la Chambre d’agriculture de la Mayenne. Peu d’éleveurs ne font que du lait sur leur exploitation, on a souvent un atelier céréales, viande, … ». Cet « atelier laitier » prend en compte le troupeau laitier, génisses et vaches laitières. L’exemple pris ici est celui d'une exploitation laitière « spécialisée des réseaux lait de plaine en 2007 ».

Le coût de production 2007 de l’atelier lait dans cette exploitation a atteint selon cette méthode de calcul, 430€ pour 1000 litres de lait produits. « Ce chiffe est un exemple d’une exploitation, mais il se rapproche de la réalité d’une partie des fermes de l’Ouest et des Pays de Loire » précise Didier Désarménien. Des écarts importants existent aussi entre exploitations : de 300€ à 600€ pour 1000L en fonction des exploitations. Comment parvenir à ce chiffre ? « Les charges non affectées ont été attribuées selon des clés de répartition, élaborées nationalement à partir de la connaissance des systèmes de production issue des réseaux d’élevage », précise le Conseiller.

  • Ces coûts de production impliquent tout d’abord des « frais d’élevage ». Dans l’exemple, ils atteignent un peu moins de 45€ pour 1000 litres de lait produits. Il faut aussi ajouter les aliments des animaux : cultures autoconsommées, herbe pour l’atelier lait, aliments achetés à l’extérieur. Poste conséquent, les coûts des aliments atteignent environ 75€/1000L. Sont aussi à comptabiliser les charges d’approvisionnement des surfaces concernées par l’atelier lait (environ 25€/1000L dans l’exemple), les frais généraux divers (50€/1000L).

Dans l'exemple, 320€ /1000L est le prix du lait nécessaire pour couvrir l'ensemble des charges de l'exploitation, et notamment une rémunération de 1,5 Smic (© D.R.)

  • Les charges liées au foncier (20€/1000L) sont aussi à intégrer, celles-ci étant de deux natures : les charges directes (fermages, taxes foncières, etc), mais aussi indirectes : « il s’agit de compter la rémunération du capital foncier en cas de propriété des terres, explique le conseiller. En prenant simplement comme base de rémunération l’équivalent fermage ».
  • Viennent ensuite les charges liées au matériel : parmi les dépenses directes, le carburant, l’entretien, les travaux par tiers (67€/1000L dans l’exemple). Comme pour le foncier, il faut aussi tenir compte des charges indirectes : les amortissements liés à l’usure des équipements.
  • Les charges liées aux bâtiments (42€/1000L) se comptabilisent de la même façon : frais directs liés à leur entretien, réparations, mais aussi amortissements. Les capitaux propres sont également à intégrer, en comptant une rémunération pour le capital, équivalente à 3% dans l’exemple.
  • Enfin, la main d’œuvre : charge conséquente – elle avoisine 110€/1000L dans l’exemple pris – elle est aussi celle qui cause le plus de débats dans la profession. En plus des charges directes (cotisations sociales exploitants et salarié, charges salaires), « Il s’agit de compter la rémunération de tous les travailleurs de l’atelier laitier », insiste Didier Désarménien. En d’autres termes, celle liée à la main d’œuvre familiale. Pour l'estimer, « Le temps de travail entre ateliers a été affecté à partir des repères issus des travaux des réseaux d’élevage », fait savoir le conseiller. Mais à combien faut-il estimer la rémunération de l’exploitant et des autres travailleurs familiaux ? Le Smic ? 1,5 Smic ? 5 Smic ? Dans l’exemple pris, le choix s’est porté sur 1,5 Smic, soit l’équivalent de18.000€ net pour l’exercice.

La totalité des charges avoisine donc 430€/1000L

Pour approcher le prix du lait nécessaire pour couvrir toutes ces charges, il ne reste « plus » qu’à leur soustraire les « autres » produits générés par l’atelier lait: les aides Pac (45€/1000L dans l’exemple), et le produit viande (65€/1000L), soit 110€ pour 1000 L de lait. Ce montant soustrait aux 430€ de charges donne le prix du lait nécessaire pour arriver à l’équilibre, soit 320€ pour 1000 L.

Tourné autrement, « 320€ par tonne de lait est le prix du lait nécessaire pour rémunérer la main d’œuvre à hauteur de 1,5 Smic, résume Didier Désarménien. Pour une rémunération de 2,5 Smic, le prix du lait doit être alors de 400€/1000L. La variation est en effet très sensible en fonction du niveau retenu pour la main d’œuvre ! ». Car 1,5 Smic, c’est « insuffisant », selon certains, moins pour d’autres. Ce montant est essentiel car de lui dépend le coût de production et aussi la marge obtenue derrière. Et dans un contexte de prix déprimé, il est indispensable de bien savoir où l’on se situe. Or cette rémunération est aussi fortement dépendante de l’appréciation de chacun : « Tout le débat actuel se situe sur ce point !», confirme le conseiller.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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