Le déparasitage est-il justifié ?

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Le déparasitage est-il justifié ?

Le temps du déparasitage systématique est sans doute révolu : suivant les régions, les traitements anti-parasitaires se font en fonction des conduites d’élevage et du milieu dans lequel évolue le troupeau laitier. Toutefois, il semble que la lutte contre le parasitisme ne soit pas une priorité dans certains élevages, la tentation est grande, surtout dans un contexte économique difficile, de faire l’impasse. Pour vous permettre de juger de l’intérêt de déparasiter, regardons en détail les conséquences du parasitisme en production laitière avec le Btpl.


La question du déparasitage se pose notamment à l'automne
 (© Terre-net Média)
Les traitements anti-parasitaires ont leur raison d'être et ne doivent pas être bannis sans discernement. Les programmes anti-parasitaires doivent être raisonnés en fonction de la conduite du troupeau, afin d'utiliser les bons produits sur les bons animaux et au bon moment. Ceci dans un objectif d'efficacité mais aussi de rentabilité économique.

La biologie du parasite et ses conséquences sur l'animal

Le parasite vit aux dépens d’un être vivant, il se nourrit mais va aussi assurer sa survie et son avenir malgré les attaques de son hôte. Les parasites des bovins se classent en 4 catégories principales :

HELMINTHES
PROTOZOAIRES
ARTHROPODES
CHAMPIGNONS
Strongles
Douves
Coccidies Cryptosporidies Neospora caninum
Tiques
Mouches
Gales
Teigne

A noter :

Lorsque le cycle du parasite marque une pause (souvent au stade de larve L4), la recherche du parasite dans les bouses va s’avérer négative alors que le parasite est présent.

Le cycle d’un parasite dure aux alentours de 2 à 3 semaines en général si les conditions sont favorables, ce qui se traduit en été par un premier pic d’infestation en Juin –Juillet et un deuxième pic en fin de saison qui justifie le traitement d’automne.

Mais la plupart des parasites ont des formes de résistance qui leur permettent de survivre aux mois hivernaux. La connaissance du cycle biologique permet de mieux combattre le parasite en choisissant les périodes de traitement et les produits efficaces.



Les parasites ont des noms barbares et ne logent pas tous au même endroit :

Dictyocaulus viviparus
Ostertagia ostertagi
Cooperia oncophora
Oesophagostorum
Grande Douve
Paramphistome
Bronches
Caillette
Intestin grêle
Côlon
Voies biliaires
Réseau   Rumen

Ces parasites ont des régimes alimentaires variés, ils vont spolier leur hôte mais vont aussi entraîner d’autres effets :

  • Une arrivée massive de paramphistomes provoque une diarrhée par abrasion de la paroi de l’estomac et de l’intestin grêle.
  • Les strongles digestifs diminuent la digestibilité de la ration, les protéines de la ration sont orientées un peu plus vers les estomacs et l’intestin grêle pour réparer les dégâts et compenser les pertes.
  • Ostertagia ostertagi fait augmenter le pH de la caillette entraînant une moindre digestion.
  • Dictyocaulus viviparus encombre les bronches et crée une inflammation.

Malheureusement, les symptômes ne sont pas tous visibles et les conséquences du parasitisme vont porter aussi sur la diminution du potentiel laitier, le retard de croissance ou une moins bonne fertilité .

Un traitement adapté à chaque catégorie d'animaux

Le principal risque encouru lorsqu'on ne vermifuge pas ses animaux s'appelle : l'ostertagiose de type II.

Rappel sur les strongles : une action en 2 temps

Ostertagia, ver de la caillette des bovins infeste les animaux pendant le pâturage: c’est l’ostertagiose de type I qui provoque diarrhée, retard de croissance et poil piqué. En fin de saison, les larves s’enkystent dans la paroi de la caillette pour passer l’hiver. A la fin de l’hiver, les larves vont sortir, cette sortie massive peut être due à un stress tel que le vêlage, un changement de temps important, une mauvaise transition alimentaire…: c’est l’Ostertagiose de type II.

Symptômes : l'animal présente alors une diarrhée abondante, un manque d'appétit, une anémie (les muqueuses sont blanches) et perd du poids. Peu d'animaux dans le troupeau sont touchés (souvent les jeunes vaches). En revanche, elles ont de fortes chances de mourir.

Il est donc important que les animaux (notamment les jeunes) n'abritent pas de larves de strongles pendant l'hiver. Pour ce faire, il faut s'assurer que les animaux soient bien déparasités en début d'hiver

Quels animaux traiter ?

Deux cas se présentent :

1. Il s'agit de génisses sorties fin juin ayant reçu un bolus (durée d'action 4 mois et demi) et rentrées en septembre. Le bolus est encore actif. Il n'y a pas besoin de vermifuger.

2. Tous les autres cas :
- soit les bolus ont été mis tôt (avant juin),
- soit les génisses ont été traitées par d'autres moyens que le bolus.

D'une manière générale, les traitements effectués n'ont plus d'efficacité au début de l'hiver. Il faut traiter les animaux.

Les génisses de 1ère année de pâture :
Ce sont les animaux à traiter en priorité. Elles ont commencé à acquérir leur immunité, mais c'est insuffisant pour se débarrasser des larves.

Les génisses de 2ème année de pâture :
Leur traitement est plus discutable, la décision se fera en fonction de l’aspect physique de l’animal (poil, état corporel). Cependant, il peut être intéressant de les traiter 1 à 2 mois avant le vêlage pour améliorer la qualité du colostrum et assurer une meilleure lactation.

Les vaches :
Vermifuger de façon systématique n’est pas la solution, néanmoins, un organisme ne se débarrasse pas complètement de ses parasites, l’équilibre hôte-parasite est alors consommateur d’énergie au détriment de la production laitière. Si la majorité des vaches n’en subit pas de conséquences majeures, on estime que 20% d’entre elles sont fortement infestées. Le traitement des vaches plus exposées au risque reste de mise.

Remarque : Après un traitement contre les strongles respiratoires (toux sur de nombreux animaux), la toux ne disparaît généralement qu'au bout d'un mois après le traitement.

Différentes spécialités commerciales existent

On distingue deux grandes catégories des vermifuges utilisables à l'automne :

1. Les endectocides (EPRINEXND, DECTOMAXND, IVOMECND…) actifs sur les strongles digestifs et respiratoires mais aussi sur les parasites externes (poux, gales…)avec une bonne rémanence(actifs pendant 3 à 4 semaines).

2. Les benzimidazoles (PANACURND, SYNANTHICND…) actifs sur les adultes et les larves aux différents stades.

Attention, tout ceci est valable pour les strongles pas pour les douves.

Pour les vaches en lactation, veillez à utiliser un produit autorisé.

Dans tous les cas, ne pas hésiter à en parler avec son vétérinaire pour adapter un programme à la situation de son troupeau.

Un point sur la grande douve (douve du foie)

Tous les élevages ne sont pas concernés par la grande douve mais encore faut-il la détecter. Aujourd’hui, on peut réaliser une analyse sérologique sur le lait du tank afin de quantifier le degré d’infestation des vaches laitières et adapter le traitement .

Les conséquences sur l’animal restent souvent insidieuses (baisse de production de lait, du taux protéique, de la fertilité, des défenses immunitaires), des observations qui pourraient être imputées à d’autres facteurs. En cas de signes visibles tels que anémie, diarrhée, amaigrissement, on peut considérer que l’infestation est massive. Sur les génisses, en cas d’infestation, le traitement doit être systématique, surtout sur les génisses au retour de leur 1 ère année de pâture.

Suivant le produit utilisé, l’action portera sur les douves adultes(DOVENIX ND, ZANIL ND), traitement 8 semaines après la rentrée ou sur les douves immatures (FASCINEX ND), traitement 2 semaines après la rentrée.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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