Quelques producteurs de lait du sud-ouest se lancent dans des partenariats avec un hypermarché proche de leur ferme pour trouver un débouché un peu plus rentable, alors que la chute des prix du lait pose la question de la survie de nombreuses exploitations.
Didier Fréchou, 41 ans, basé à Peyrissas, un village de Haute-Garonne à la limite du Gers, s'est mis d'accord avec le magasin Leclerc d'Auch, qui envisage d'écouler chaque mois 2.500 litres de sa production sous l'apellation "Lait des Pyrénées" et sera rémunéré à un prix légèrement au-dessus du marché.
"Pour le moment, c'est une valeur ajoutée minime, mais on espère qu'à terme ce sera plus conséquent, que ça nous permettra de vivre de notre métier", estime Didier Fréchou, durement touché par la crise. "D'habitude, précise l'agriculteur, on nous paie 26 centimes le litre. Là, c'est trois centimes de plus, mais le juste prix serait entre 37 et 40 centimes, comme au début de l'année dernière. C'est mieux, mais on est encore loin du compte".
La coopérative basque Onetik est à l'origine des partenariats producteur-hypermarché. "C'est bien pour le magasin et pour le producteur. On explique aux clients que c'est un lait régional, que cela permet de soutenir un producteur local", affirme le délégué commercial Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon de la société Onetik, Philippe Cohen. "Ca prend bien, on a presque une dizaine de magasins dans le sud-ouest, surtout des Leclerc, Intermarché et Carrefour Market, des enseignes qui ont un pouvoir de décision local", précise M. Cohen qui espère parvenir à "des volumes plus importants pour rémunérer mieux les producteurs". "C'est un lait de pays qui n'a pas beaucoup voyagé. Ce n'est pas un lait de Belgique mélangé avec un lait de Hongrie. Si les gens acceptent de payer un peu plus cher, ils auront un lait de meilleure qualité et soutiendront un agriculteur proche de chez eux", ajoute le représentant d'Onetik.
La bouteille de lait sera vendue entre 80 et 95 centimes en grande surface, soit trois fois le prix payé au producteur. L'hypermarché s'engage à mettre en valeur les bouteilles de lait au-dessous d'une photo du producteur partenaire et de limiter sa marge sur le produit, selon Stéphane Voillet, responsable du rayon lait-produit frais d'un magasin Leclerc.
Un aspect très séduisant de la démarche pour les producteurs de lait, c'est de voir que leur lait peut être consommé localement. "Le point positif, c'est que ça permet d'identifier les productions locales, c'est bien de les valoriser", salue Olivier Beaufils producteur de lait à Ponlat-Taillebourg (Haute-Garonne).
"Nous sommes dans une bagarre au niveau européen, c'est délicat d'aller signer un partenariat individuel, il faut trouver des solutions globales pour tous les producteurs", insiste-t-il. Pour lui, la solution est de "réduire la production pour faire remonter le prix du lait. Tout le monde en France est d'accord là-dessus, mais ça ne se fait pas, il faut que ça se passe au niveau européen". "Si ça continue comme ça, d'ici un an, il y aura un tiers de producteurs laitiers en moins dans le département, et d'ici deux ans, il n'en restera plus que 100 sur 300 actuellement", s'alarme ce jeune agriculteur de 37 ans.
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