Le prix du lait à 0,37 € met les éleveurs sur la paille

Le prix du lait à 0,37 € met les éleveurs sur la paille

Manifestations, grèves, blocages d'usines: en Suisse, les producteurs de lait multiplient, comme dans le reste de l'Europe, les actions coup de poing pour protester contre des prix inférieurs aux coûts de production, six mois après la fin des quotas laitiers fixés par l'Etat.


Une fin des quotas sans transition en Suisse (© Terre-net Média)
"Révolte paysanne, 1 franc par litre", "Marre de subventionner l'industrie laitière", ou encore "Cremo... bande de salauds": les slogans affichés sur la cinquantaine de tracteurs qui ont défilé jeudi sous une pluie battante devant les usines de Cremo à Lucens (canton de Vaud, ouest), l'un des quatre principaux transformateurs de lait en Suisse, traduisaient bien le ras-le-bol des paysans.

A l'instar de leurs voisins européens, les éleveurs dénoncent le faible niveau des prix du lait. Mais la Suisse, contrairement à l'Union européenne, a déjà mis fin à son système de quotas fixés par l'Etat. Or, six mois après l'abandon de ce contingentement laitier, les paysans suisses sont en proie à de graves difficultés financières. Certains reconnaissent d'ailleurs avoir dû arrêter les grèves du lait, lancées ces dernières semaines, afin de sauver leur exploitation.

L'effondrement du prix du lait, passé de près de 75 centimes de francs suisses (49 centimes d'euros) par litre à 55 centimes de francs suisses par litre en un an à cause des excédents de production pèse sur les revenus du secteur, provoquant la colère des paysans.

"Nous n'arrêterons pas les manifestations tant que les transformateurs ne nous diront pas quels sont leurs besoins de production pour le marché national", avertit le secrétaire du syndicat agricole Uniterre, Nicolas Bezençon.

"Après une excellente année 2008, nos producteurs de lait traversent aujourd'hui une passe difficile", a reconnu jeudi le président suisse Hans-Rudolf Merz, lors de l'inauguration d'une des principales foires agricoles du pays. "La crise financière a entraîné un effondrement de la demande mondiale qui pèse sur les prix.

Ironie du sort, en même temps était mis fin au système de contingentement du lait", a commenté le chef de l'Etat en recommandant à la branche de s'organiser pour gérer la production. Les paysans suisses ne demandent pas mieux que d'administrer eux-mêmes les quantités à produire afin de pouvoir garantir "un prix équitable qui couvre nos frais de production", souligne Alexandre Delisle, paysan à Ferlens (Vaud). Mais la libéralisation du marché ne s'est pas traduite par une auto-gestion de la profession.

"Ce sont les usines de transformation qui gèrent les quantités en mettant sur le marché des quantités astronomiques", soutient un autre producteur de lait de la région, Jean Thuler. A cela vient s'ajouter un manque de solidarité dans la profession, reconnaissent les paysans, regrettant l'échec du "pool laitier".

L'idée de ce regroupement de producteurs avait pourtant été lancée fin 2008 pour permettre de gérer les quantités en prévision de l'abandon du système des quotas. "Mais les transformateurs ont refusé de négocier avec le pool et ont négocié les contrats directement avec les producteurs", dénonce le secrétaire d'Uniterre. Pour autant, les paysans helvétiques ne souhaitent pas revenir au système de quotas fixés par l'Etat. Ils demandent au gouvernement d'octroyer un mandat officiel à une organisation d'éleveurs qui serait chargée de fixer les quantités à produire.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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