
Terre-Net Media a rencontré Pascal Massol, président de l'Apli. Retour sur les actions menées, les attentes, les revendication et les résultats un an après la création de l'association.
Terre-Net Média (Tnm) : Quelles relations entretient l'Apli avec le ministère de l'agriculture ?
![]() Pascal Massol : "Les pouvoirs publics ne peuvent pas nous ignorer. Nous sommes à l’origine du premier mouvement social véritablement européen." (© J-L D - Terre-net Média) |
Pascal Massol (PM) : « Nous avons de bonnes relations. Je pense que l'on a un ministre intelligent. Au début de nos rencontres, son cabinet nous opposait « la bible » sur laquelle il s'appuyait, le rapport au Conseil économique et social de Christiane Lambert, en avril dernier. Au bout de 3 heures de discussion, nous avons réussi à montrer que nous n'étions pas les farfelus qu'on leur avait décrit. Nous nous sommes appuyés sur des chiffres de terrain, ceux des centres de gestion, qui montrent clairement que le prix de d’équilibre est de 320 €. Aujourd'hui, je peux dire qu'un climat de confiance s'est instauré. »
Tnm : Vous n'avez pas participé jeudi au rendez-vous du Ministre de l'agriculture avec les acteurs de la filière laitière car seuls les syndicats officiels sont habilités à y participer. Comptez-vous être consultés à l'avenir par exemple dans les instances interprofessionnelles ?
PM : « Il est clair qu'il faut revoir la représentativité des syndicats agricoles dans les différentes structures. Il n'est pas sain que le ministère par exemple ne s'appuie que sur un seul partenaire, la Fnsea. Il peut être de bonne foi et se tromper.
« Le prochain commissaire à l'agriculture européen ne sera pas un libéral pur jus »
Avoir des intervenants de différents horizons permettrait aux pouvoirs publics d’avoir plusieurs sources d’informations, de se faire leur propre opinion plutôt que, comme dans la situation actuelle, s’être fait piéger par leur « partenaire historique ». Et pour les producteurs, cela permettrait de sortir d'un système pervers de cogestion de la profession par le syndicat majoritaire avec le pouvoir et le système coopératif. Dans des structures comme le Cniel, il est nécessaire que tous les intervenants de la filière soient présents, donc aussi la grande distribution et les consommateurs ».
Tnm : Que comptez-vous faire pour cela ? On parle d'une nouvelle forme d'organisation (type organisation professionnelle) afin d'être sollicité et accepté dans les tables des négociations. L'Apli va-t-elle se structurer autrement ?
PM : « Notre statut associatif ne nous empêche pas de fonctionner. Je pense que nous avons montré notre capacité à fédérer, notre sens des responsabilités et notre capacité à faire des propositions. Notre représentativité est réelle et elle nous permet de revendiquer une place autour de la table. La forme juridique importe peu. Nous sommes capables d’appuyer tel ou tel projet qui va dans le bon sens, qu’il soit présenté par la Fnsea ou un autre intervenant.
Les pouvoirs publics ne peuvent pas nous ignorer. Nous sommes à l’origine du premier mouvement social véritablement européen. Aujourd'hui, ce sont 140.000 producteurs de lait européens qui adhèrent à notre façon de voir notre métier demain... »
Tnm : Mais quels sont vos premiers résultats ?
PM : « Après à peine un an d'existence, l'Apli n'a pas à rougir de son bilan. Tout d'abord, nous avons contribué à ouvrir le débat, à faire prendre conscience aux gens que nous sommes tous dans le même bateau. Que dans la situation actuelle, ceux qui pensaient être encore là demain en « mangeant » le voisin auront peut-être disparu avant...
Alors que le syndicat majoritaire nous assénait qu'il n'y avait pas d'autre voie possible que le libéralisme à tout va, notre mobilisation a permis au ministre d'obtenir des avancées significatives avec ses collègues européens. Le prochain commissaire à l'agriculture européen ne sera pas un libéral pur jus.
![]() La grève du lait reprendra-t-elle si les réponses attendues à Bruxelles le 5 octobre ne sont pas satisfaisantes pour l'Emb ? Rien n'est moins sûr. D'autres modes d'actions type blocages semblent être prêtes à être mises en oeuvre. (© J-L D - Terre-net Média) |
Tnm : Qu'attendez-vous de la réunion des ministres de l'agriculture européen du 5 octobre ?
PM : « Que les politiques et la Commission européenne prennent leurs responsabilités. Il faut des mesures de court terme autres que celles qui ont été proposées.
« Il existe des outils pour permettre la régulation »
Lors de cette journée, nous remettrons officiellement (1) le projet Emb au Ministre Bruno Le Maire. C'est un projet auquel l'Apli a largement contribué. Le même document sera remis par toutes les structures adhérentes à l'Emb à leur Ministre de l'agriculture.
Il est évident que l'on devra passer par des étapes, mais il faut que tout de suite le lait soit payé au minimum 320/330 euros; aux producteurs, que soit défini un calendrier pour la mise en place d'un nouveau système de régulation qui nous permettent d'obtenir les 400 &euros; les 1000 litres, et que l'on mette en place un prix indicateur européen prenant en compte le prix d'équilibre et le coût horaire (travail de l'éleveur).
Par ailleurs, il existe des outils pour permettre la régulation. Cela passe, par exemple, par l'incorporation de poudre de lait dans les aliments d'allaitement, plutôt que des sous-produits végétaux. Ou encore par la pénalisation au premier litre de dépassement, comme en France, dans tous les pays européens. Il faut aussi privilégier les aides directes aux producteurs par exemple pour réduire la production de 5 % momentanément, plutôt que de donner ces aides aux industriels pour faire du stockage, alors qu'ils spéculent ensuite sur la poudre de lait et le beurre. Etc. ».
Tnm : Quelles mesures et quelles garanties souhaitez-vous obtenir pour que la grève du lait ne reprenne pas ?
PM : « Nous avons suspendu la grève, un mouvement qui a reçu une large adhésion du public, pour permettre aux politiques de faire avancer le dossier. L'Emb se réunira lundi soir pour faire le point. Nous donnerons 48/72 heures aux différents gouvernements pour se prononcer, prendre position.
Si les mesures proposées ne nous conviennent pas, le mouvement va évoluer vers d'autres actions plus radicales. »
Après la grève du lait : quels sont les enjeux du rendez-vous des ministres de l'agriculture le 5 octobre à Bruxelles ? (cliquez sur la vidéo) |
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