
Comme annoncé depuis plusieurs semaines, les éleveurs laitiers de plus de neuf pays de l’Union lancent un mouvement de grève du lait. C’est leur dernier recours pour espérer faire fléchir les autorités de Bruxelles et amener la commission européenne à revoir sa politique de prix et de dérégulation qui conduit à la ruine et à la faillite des milliers d’éleveurs.
A peine le mouvement de grève du lait lancé ce jeudi 10 septembre sur l’esplanade des Invalides à Paris par l’Emb (European milk board), la Coordination rurale annonce « soutenir tous les producteurs de lait qui s’engagent avec courage dans la grève des livraisons qui vient d’être lancée. Elle appelle tous les producteurs, au delà de tout clivage syndical, à s’unir dans la grève ». Huit autres syndicats européens font de même avec en tête l’Apli, l’association des producteurs de lait indépendants, dirigée par Pascal Massol, éleveur laitier dans l’Aveyron.
![]() Des représentants de la délégation allemande de l'Emb aux Invalides. (© Tere-net Média) |
![]() L'Emb et huit syndicats européens ont appelé à la grève du lait avec en tête l’Apli, l’association des producteurs de lait indépendants dirigée par Pascal Massol, éleveur laitier dans l’Aveyron.(© Terre-net Média) |
La grève est pour les éleveurs montés à Paris le seul moyen de tenter, une fois pour toutes, de « de changer de cap dans la politique agricole ». « Les producteurs laitiers demandent au Conseil européen et à la commission européenne d’engager des mesures à moyen terme qui permettent une régulation de l’offre qui soit souple et qui s’adapte à la demande ». Et « au lieu d’excédents de produits laitiers qui ne cessent de s’accroire, l’Emb demande d’aider à pallier immédiatement la situation des prix catastrophique en réduisant rapidement les volumes de lait ». Le syndicat européen refuse toute augmentation des quotas et pour réduire l’offre, propose un gel volontaire et indemnisé des références actuellement attribuées aux producteurs. Et ce, afin de les inciter à ne pas les réaliser.
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L’Emb estime qu’il est préférable d’allouer des fonds publics aux agriculteurs pour réduire la production européenne de lait plutôt que de financer du stockage public et privé de poudre lait et de beurre; en sachant que ces stocks remis sur le marché annihileront toute reprise des cours lorsque la demande en produits laitiers se redressera.
Le président de l’Emb, Romuald Schaber (mais aussi président de l’Union des producteurs laitiers allemands) très critique envers la politique « superficielle » de Bruxelles a déclaré : « Quand il est évident que la voie engagée n’est pas la bonne, il faut avoir le courage de changer de direction. Il faut suivre une approche qui assure des solutions durables et non pas essayer de manière irresponsable de boucher les trous d’une politique vouée à l’échec depuis longtemps ».
Unanimité contre la contractualisation
Le programme de l’Emb et des syndicats associés vise à conduire les éleveurs à reprendre en main la gestion de la filière laitière qui aujourd’hui leur échappe. C’est pourquoi les adhérents de l’Apli et de l’Opl s’opposent aux formes de contractualisation à l’étude par la Fncl (fédération nationale des coopératives laitières) qui lieraient les éleveurs à leur coopérative. Leur entrée en application reviendrait à une forme
A cette heure, il reste à savoir si la grève du lait mobilisera suffisamment d’éleveurs pour envoyer un message fort aux autorités européennes et tenter de les faire fléchir sur leurs positions de démantèlement de la production laitière. Mais aussi de pouvoir trouver en France, en la personne de Nicolas Sarkozy, président de la République ou de Bruno Le Maire, ministre de l’agriculture, des portes parole de poids à Bruxelles.
![]() C’est au terme d’un discours fédérateur et mobilisateur que les représentants de l’European Milk Board, rassemblés ce jeudi 10 septembre, à Paris, esplanade des Invalides, ont appelé à interrompre la livraison du lait des exploitations dès ce soir. En première ligne Daniel Condat (Opl) (© Terre-net Média) |
Les éleveurs rencontrés à Paris débutent la grève dès ce soir, jeudi 10 septembre, et espèrent que leur mouvement sera massif. Ils ont reçu le soutien de l’ensemble des délégations européennes de l’Apli montées à Paris, chacune s’étant exprimé sur l’estrade (traductions assurées). Mais Sieta Van Keimpema, vice présidente de l’Emb, semble émettre des doutes sur l’ampleur du mouvement de grève de cet automne. Des éleveurs allemands restent très amers par le manque de soutiens à leur grève du printemps dernier.
Quelle sera l'ampleur du mouvement?
Et si les éleveurs néerlandais de l’Emb partagent les mêmes revendications que leurs collègues français, dans les faits, la dégradation des finances de leurs exploitations (endettement, échéances, craintes de la faillite) les conduisent à produire à n’importe quel prix du lait pour atténuer leur manque à gagner. Mais c’est parce que la crise du lait ruine le patrimoine de milliers d’éleveurs acquis durant des générations, que le représentant belge de l’Emb a affirmé faire grève dès son annonce.
Enfin autres phénomènes qui pourraient réduire l’ampleur de la grève sont les législations nationales moins permissives comme celle de l’Allemagne. L’appel à la grève collective étant interdit, seules des initiatives individuelles feront foi de la motivation des éleveurs laitiers allemands dans le mouvement lancé aujourd’hui.
Le soutien des leaders ne pèsera pas beaucoup sans un mouvement de masse et les éleveurs interrogés par webagri en ont bien conscience (voir portraits de Yann Hascoet, de Jérome Blouet et d’Hervé Cudelou à paraître).
En attendant, selon « radio campagne », des laiteries auraient collecté anticipé la collecte de lait et l’appel à la grève pour ne pas manquer de matière première. Et un camion de lait en provenance de l’Orne aurait été escorté par des gendarmes pour ne pas être vandalisé !
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