
Les producteurs laitiers européens doivent se prononcer jeudi à Paris sur le lancement d'une grève du lait pour dénoncer l'"échec" de Bruxelles pour sortir le secteur de la crise, une action qui ne fait pas l'unanimité chez les éleveurs.
![]() La décision sera prise demain pour la grève du lait (© Terre-net Média) |
La fédération des producteurs européens de lait (EMB), à laquelle sont affiliées deux organisations d'éleveurs français, se réunit jeudi matin à Paris. L'EMB se prononcera sur le lancement d'une grève du lait et le cas échéant annoncera la date de cette action qui pourrait être "imminente". "Il y a 98% de chances que la grève soit votée", a affirmé mercredi à l'AFP Pascal Massol, président de l'association des producteurs de lait (APLI). Il mise sur le ralliement de quelque 30.000 producteurs en France, soit un tiers des éleveurs de l'Hexagone. Selon lui, la grève pourrait démarrer dès jeudi.
Née en novembre 2008 à l'initiative de trois éleveurs de l'Aveyron, l'APLI a le vent en poupe. Au fil de rencontres organisées dans toute la France, elle a réussi à mobiliser de nombreux producteurs déboussolés par la baisse des prix du lait et la libéralisation progressive du marché avec l'abandon des quotas européens.
L'APLI réclame une régulation européenne de la production de lait et un prix minimum autour de 350 à 400 euros les 1.000 litres, contre 260 à 280 euros actuellement. En juillet, elle a rejoint l'EMB. Présidée par l'Allemand Romuald Schaber, la fédération européenne est présente dans 14 pays et revendique quelque 100.000 producteurs. Aussi radicale que l'APLI, l'organisation des producteurs de lait (OPL), qui revendique 20% des producteurs laitiers français, table aussi sur le vote de la grève et estime que 40 à 50% des producteurs rejoindront le mouvement, selon Nicolas Coudray, porte-parole du syndicat. Affiliée à la Coordination rurale (CR), l'OPL promet des opérations de redistribution du lait, surtout dans les grandes agglomérations.
Même configuration en France et en Allemagne
La Confédération paysanne, autre syndicat minoritaire français, a annoncé qu'elle n'était pas favorable à la grève du lait mais "ne fera rien pour casser le mouvement", selon André Bouchut, son secrétaire général. "S'engager dans la grève, c'est prendre de gros risques financiers pour des producteurs déjà en difficulté. Compte-tenu des stocks des industriels, il faudrait une grève d'un mois pour vraiment les gêner," a expliqué récemment Jean-François Guitton, membre de la commission nationale laitière de la Confédération. Le syndicat a toutefois promis "d'autres actions" pour soutenir les producteurs en grève.
Mais l'organisation syndicale la plus opposée à la grève du lait est la FNSEA, principal syndicat agricole français. Son président, Jean-Michel Lemétayer, a qualifié ce mouvement d'"aberration", estimant que ce n'était pas "un discours sérieux et réaliste". "Je ne me sens pas capable de traire mes vaches le matin et de jeter le lait", a reconnu M. Lemétayer, lui-même producteur de lait, avant d'ajouter : "Et je ne crois pas que c'est par la grève du lait qu'on infléchira la position européenne".
En Allemagne, le schéma est pratiquement identique. D'un côté, la Confédération des producteurs laitiers (BDM), membre de l'EMB, votera la grève car il n'y "a plus d'autre choix", selon son porte-parole. Tandis que la fédération allemande des agriculteurs (DBV), syndicat majoritaire, dit "rejeter l'idée d'une grève ou un blocage des laiteries".
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