
Dès la séance inaugurale du Parlement européen, des centaines de producteurs de lait européens ont convergé mardi vers Strasbourg pour réclamer des prix plus justes, une baisse des quotas laitiers et une maîtrise de la production.
Le militant altermondialiste José Bové, nouvel eurodéputé français du groupe des Verts, a jugé «complètement inacceptable» ce qui est en train de se passer dans le monde agricole. «Aujourd'hui, il faut absolument construire une nouvelle politique agricole qui permette aux paysans de vivre de leur travail avec des vrais prix rémunérateurs: c'est ça l'objectif de cette manifestation», a dit l'ancien porte-parole de la Confédération paysanne, venu à la rencontre des manifestants avec un groupe de cinq eurodéputés Verts et deux socialistes.
La manifestation, organisée par l'European Milk Board (Emb) et la Coordination Européenne Via Campesina (Ecvc), a rassemblé entre 850, selon la police, et 1.500 producteurs de France, d'Allemagne, du Portugal, du Pays Basque espagnol, de Belgique, d'Italie et de Suisse, selon la Confédération paysanne française, membre de l'Emb.
«Maîtrise», une vache de race frisonne à robe noire venue de la Manche (nord) caracolait en tête de cortège avec ses deux cousines alsaciennes de race Holstein, tandis que des vaches en plâtre aux couleurs françaises bleu-blanc-rouge et d'autres bovins factices aux couleurs allemandes avaient été juchés sur des remorques, escortés par environ 80 tracteurs.
![]() L'European milk board et la Confédération paysanne manifestent. (© Confédération paysanne) |
Avant de se rassembler à proximité du Parlement européen (PE), où les 736 nouveaux eurodéputés élisaient leur président, les manifestants ont défilé dans les rues de Strasbourg en arborant des slogans en français, en anglais, en allemand ou en italien, tels que «le lait équitable» ou «lait pas payé = grève du lait», «Ne nous laissons plus traire», «Fair price for milk, yes you can» («un prix juste pour le lait, oui vous pouvez», ou encore «Kill the law, not the cow» («Tuez la loi, pas la vache»).
Les producteurs de lait, dont une délégation devait être reçue au PE, misent sur le pouvoir d'influence de cette institution, a indiqué André Bouchut, trésorier national de la Confédération paysanne. L'eurodéputé socialiste Stéphane Le Foll leur a promis «d'engager rapidement le travail» pour réguler les marchés agricoles: «Comptez sur nous», a-t-il dit.
L'Emb et l'Ecvc ont affirmé mardi dans un communiqué commun qu'il fallait «d'urgence baisser les quotas laitiers et rendre efficace la maîtrise de la production». Soulignant que «les prix à la production, entre 20 et 22 cents, sont bien en dessous des coûts de production et menacent l'existence de nombreuses exploitations», ces deux organisations réclament, comme mesure immédiate, un gel «d'au moins 5% des quotas laitiers».
La baisse de la quantité de lait va réadapter l'offre à la demande, mais «selon la demande du marché, la quantité de lait doit pouvoir être diminuée ou augmentée: le critère à prendre en compte est d'arriver à un prix du lait à la production qui couvre les coûts», estime Romuald Schaber, président de l'Emb, dans le communiqué.
Les ministres européens de l'Agriculture se sont mis d'accord lundi sur le principe d'une prolongation d'un régime d'aide ciblé aux producteurs de lait. Jeudi, l'UE avait décidé de prolonger un autre système d'aide ciblée pour la profession, le système de soutien public au stockage beurre.
Confédération paysanne à Strasbourg : «Revoir sa copie laitière»
« Le combat des paysans est juste, pour eux, et pour tous les consommateurs et citoyens européens, pour le maintien de l’agriculture et des paysans, partout sur la planète.» A l’issue de la rencontre avec les parlementaires européens (qui faisaient leur rentrée parlementaire le 14 juillet dernier), les manifestants d’Ecvc et Emb ont obtenu une audition la semaine prochaine, lors de la session d’installation de la Commission Agricole du Parlement Européen à Bruxelles : les parlementaires européens choisissent de mettre au centre de leurs travaux la résolution de la crise laitière, sans précédent depuis 25 ans. « Ce sont bien les choix politiques de l’Union Européenne aujourd’hui, notamment d’augmenter les quotas laitiers alors que la demande diminue, qui provoquent l’actuel effondrement du prix du lait. » |
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