L'Office européen de brevet démêle la pelote

L'Office européen de brevet démêle la pelote

Branle-bas de combats dans les associations écologistes et chez les éleveurs de porcs allemands ! La cause de cette effervescence ? Un brevet.Mais pas n’importe lequel. Celui-là donnerait à la firme détentrice un droit sur tous les porcs porteurs du gène. Nous avons ainsi contacté l’Office européen de brevets : pas de panique, « le brevet ne concerne pas un gène » et les productions ne seront pas forcément couvertes par le brevet, explications…


Tous se pressent pour savoir à quelle sauce ils vont être... sélectionnés!
(© Terre-net Média)
Va-t-on breveter le vivant ? Les éleveurs vont-ils devenir dépendant des firmes multinationales ? Autant d’angoisses qui se manifestent. Le responsable : le brevet n°EP 165 1777.

Ce brevet porte sur une méthode de sélection génétique de porc pour l’élevage. Les entreprises dépositaires du brevet, ont en effet, au cours de leurs travaux, mis en évidence un gène particulier chez le porc permettant aux animaux une croissance plus importante et plus rapide. Elles ont ensuite développé la méthode qui fait l’objet du brevet, pour détecter la présence ou non de ce gène.

Le brevet concerne la technique de reproduction

Face à ces histoires de gènes plusieurs associations d’écologistes, des éleveurs et d’autres contestataires, craignant que le brevet ne porte sur le gène lui-même d’une part et implique la descendance d’autre part s’opposent à la validation de ce brevet. Contacté par Terre-net Média, Rainer Osterwalder, directeur des relations avec les médias à l’Office européen des brevets (Oeb) apaise les esprits en expliquant : « Ce brevet ne concerne pas un gène. L’invention est une méthode de sélection qui permet de déceler la présence ou non du gène en question. » Il reconnait cependant qu’« à l’origine la demande de brevet comportait  une série de revendications concernant les animaux produits par la méthode. Au final cependant, après examen par les services d’attribution, le brevet délivré ne porte plus que sur la méthode de sélection ».

La vérité sur l'implication de Monsanto

La demande du brevet en question (n°EP 165 1777) a, comme avait pu le prétendre les rumeurs, été réalisée par l’entreprise Monsanto le 16 juillet 2004. Entre temps, le géant mondial a revendu Monsanto Choice Genetics à Newsham Genetics LC. La vente s’accompagnait de « l’ensemble des brevets liés aux porcs, des demandes de brevets et de tous les autres éléments de propriété intellectuelle » explique Monsanto. L’entreprise « n’est plus présente dans le secteur de l’élevage porcin » souligne la firme, elle n’est donc pas détentrice de ce brevet.

A lire à ce propos pour plus de détails :
Monsanto accusé à tort, en cliquant ICI

Questionné sur les conséquences d’un tel brevet pour les éleveurs, Rainer Osterwalder explique : « Si les éleveurs ou plus précisément les vétérinaires auxquels ils feront appel, utilisent l’invention, ils devront payer la licence. En revanche, si les porcs possèdent naturellement le gène, et que la méthode brevetée n’intervient pas dans le processus de reproduction, ils ne devraient pas entrer sous le régime des licences. »

Autrement dit, les éleveurs devraient pouvoir continuer d’élever leurs porcs sans changement, s’ils n’utilisent pas la technique brevetée.

Prudence

Cependant, la question de la production se pose. A ce propos, Rainer Osterwalder reste très prudent et souligne que « concernant les productions, c’est-à-dire les porcelets issus de reproduction par cette méthode, à chaque pays européens de trancher et de déterminer si oui ou non elles entrent sous le couvert du brevet. Tous les effets qui découlent de l’utilisation d’un brevet européen sont à analyser par les Etats membres. Encore une fois, il n’est pas possible pour l’Oeb de connaître toutes les conséquences du brevet, ce point dépend des législations nationales, c’est à chaque pays de trancher ».

Malgré ces imprécisions, l’Oeb veille à donner une légitimité à l’existence d’un brevet. D’après la législation en vigueur, les contestataires d’un brevet disposent des neuf mois suivants la date de publication pour s’y opposer. « C’est un moyen très efficace pour le contrôle. En moyenne, 5 à 6% des brevets émis sont contestés chaque année. L’Oeb dans ce cas joue le rôle d’arbitre entre les dépositaires du brevet et les parties contestataires » explique Rainer Osterwalder. Dans le cas où le litige persiste, les contestataires du brevet ont deux ans pour tenter un recours à la Chambre de recours.

Concernant le brevet (n°EP 165 1777), ce dernier a été publié le 16 juillet 2008 au bénéfice de l’entreprise Newsham Genetics LC. Dans notre cas précis, la période de contestation de neuf mois, prend fin aujourd’hui, le 16 avril. Outre l’aspect fatidique de cette date, Rainer Osterwalder, rappelle que « l’Allemagne est en période électorale », ce qui ne fait qu’ajouter des raisons de contester ce fameux brevet.

Retour sur les contestations

Un brevet pour s’approprier le vivant ?, en cliquant ICI
Un brevet sur les "super-cochons" met les porcheries allemandes en émoi, en cliquant ICI
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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