Vente de lait cru : zoom sur un nouveau genre de distributeur automatique

Article réservé aux abonnés.

Alain Desbois, agriculteur à Ploufragan (Bretagne), a inauguré son distributeur de lait lundi 10 mars. Après deux semaines de fonctionnement, il dresse son premier bilan. Retour sur une démarche de proximité.


Alain Desbois pense qu'il est incohérent que les citadins
ne puissent pas bénéficier de produits issus directement de la ferme.
(© Terre-net Média)

Terre-net Média : Pourriez-vous vous présenter ?
Alain Desbois :  J'ai 39 ans et j'ai repris la ferme familiale en 1997. Je travaille seul sur mon exploitation de 65 ha et 38 vaches laitières. J'ai fait évoluer le quota de 58 000 à 252.000 l avec un troupeau mixte, composé de Prim’Holstein et de Normandes. Mon exploitation se situe à proximité du centre de Ploufragan, ce qui est un avantage certain pour l’installation du distributeur de lait sur la commune. 

T-NM : Comment avez-vous eu l’idée de créer l’association Producteurs Bretagne lait frais ?
A.D.
 :  Suite à deux réunions avec la Chambre d’agriculture en mars puis en juin 2008, avec 12 autres agriculteurs de la région, nous avons eu envie de mettre nos idées en commun, de mutualiser les frais. L’objectif de l’association est en effet l’organisation régionale d’une filière laitière autour de la commercialisation de lait frais par distributeurs automatiques. Par le biais de l’association, nous avons pu globaliser les frais d’études de rentabilité, d’enquête consommateur. Nous avons aussi suivi une formation hygiène et sanitaire.


L'agriculteur met en avant la valorisation de rencontrer les clients
et d'échanger avec eux.(© Terre-net Média)

T-NM : Quel est l’investissement de départ et la rentabilité du projet ?
A.D. :  L’investissement de départ est de 50 000€, et j’ai choisi de l’amortir sur six ans pour plus de sécurité. Cela comprend l’aménagement de la salle de traite, l’achat de la fontaine à lait (équipée d’une armoire frigorifique et d’un système de distribution du lait), l’acquisition d’un véhicule réfrigéré, la publicité et les opérations de communication.
Pour les règles d’hygiènes, je n’ai pas eu besoin d’effectuer de modifications supplémentaires, il faut en revanche obtenir une patente d’hygiène des services vétérinaires pour tout le circuit de distribution. A cela il faut ajouter l’investissement en termes de temps de travail. Je passe environ deux heures par jours entre le changement de tank et le nettoyage de la fontaine.

T-NM : Combien de litres avez-vous déjà vendus et quelles sont vos prévisions à plus long terme ?
A.D.
 :  Le distributeur fonctionne depuis deux semaines maintenant et les quantités vendues sont au-dessus du seuil de rentabilité. Le tank du distributeur a une capacité de 280 l. Je ne le remplis qu’avec 100 à 150 l tous les jours, et au moment du changement de tank, tous les matins, il est plus ou moins vide. Le litre de lait est vendu un euro. Il s’agit peut-être là d’un effet de nouveauté, mais au vu des premiers résultats, on peut espérer que les ventes se maintiendront au seuil de rentabilité (ndlr: non communiqué). Il faut instaurer une habitude dans les comportements d’achats. La proximité d’une boulangerie, la facilité d’accès, la situation sont des facteurs importants. 

T-NM : Avez-vous d’autres projets ?
A.D. :  Je souhaiterais mettre en place un deuxième distributeur à Saint Brieuc, mais cela suppose de trouver un emplacement adéquat et surtout pratique pour moi. J’envisage de prendre un salarié à mi-temps si l’ouverture d’un deuxième distributeur devait se faire. Mais le temps passé à l’entretien du dispositif ne constitue pas une charge pour moi. C’est un vrai plaisir de rencontrer la clientèle, d’avoir leur retour, de constater leur satisfaction. 


Le changement de tank s'effectue quotidiennement.(© Terre-net Média)

« Il y a un marché potentiel, 
ça attire la concurrence »

 Aujourd’hui, 27 distributeurs ont été mis en place en France. D'ici la fin du trimestre, il y en aura environ 50 et 150 d'ici la fin de l'année.
« C’est la nouveauté du concept et l’intérêt du challenge qui m’ont convaincu de son potentiel » explique, Michel Besnard qui commercialise en France les distributeurs automatiques de lait cru de la marque italienne Lazzaroni.
 « J’ai connu les distributeurs un peu par hasard et j'ai choisi de développer la vente en France. Ayant été agriculteur, puis fabricant d’aliments pour le bétail, j’ai de nombreux contacts dans le milieu agricole.»

 

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

Tapez un ou plusieurs mots-clés...