Toutes les conditions sont réunies pour que les marges des éleveurs se redressent mais la filière porcine sort d’une crise très longue. Elle accuse un retard d’investissements de plus de 1,5 milliard d’euros.
![]() Etaient réunis autour de Marc Le Fur, député des Côtes d’Armor, Jean-Michel Serres, président de la Fnp, à sa droite, et Guillaume Roué,président d’Inaporc. (© Terre-net Média) |
Il ressort, selon eux, que toutes les conditions sont réunies pour que les éleveurs retrouvent des marges brutes rémunératrices. Le prix des aliments baisse et la production européenne a reculé de 5% en deux ans. « La filière est purgée ! », selon Jeff Trébaol, vice président de la Fnp, présent dans la salle de conférence. Et l’expérience des crises passées a montré qu’une diminution de 3% de la production de porcs fait remonter les cours de 30%!
« Compte tenu de l’état financier des éleveurs, il se tarde cependant que le marché se redresse. Dans six mois, le nombre de dépôt de bilans aura sinon explosé », prévient Guillaume Roué d’Inaporc.
De nombreuses distorsions
Il n’en demeure pas moins que si la remontée des cours est une nécessité, elle ne sera pas suffisante pour effacer d’un seul trait des années de crises à répétition. Tout d’abord parce que les dévaluations monétaires de nombreux pays importateurs de porcs européens ont réduit leurs livraisons, faute de pouvoir d’achat des consommateurs. Ce qui engorge le marché européen. Et le porc américain concurrence le porc européen sur le marché coréen, plus rapide à faire parvenir par navire. Dans de telles conditions, la fixation de restitutions par la commission européenne restaurerait la compétitivité du porc européen et français à l’export en réduisant les écarts de changes. Mais la commission s’en remet aux lois du marché pour retrouver un nouvel équilibre!
Un retard d’investissements
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Par ailleurs la filière porcine doit à faire face à de nombreux facteurs de distorsion entre la France et ses partenaires européens. Par exemple, Guillaume Roué rappelle que les Allemands emploient dans leurs entreprises de transformation des Polonais payés avec des salaires équivalents à ceux qu’ils toucheraient dans leur pays. A cela s’ajoute en France le surcoût généré par le transport d’aliments dans des camions de 40 tonnes contre au minimum 44 tonnes dans les autres pays.
Parmi les autres facteurs de distorsion, citons, les taux de Tva, les conditions de prêts pour financer les investissements ou encore les réglementations environnementales très strictes en France (installations classées, directives nitrates).
Des Polonais en Allemagne peu payés
Enfin, les éleveurs rappellent qu’ils n’expliquent pas les marges disproportionnées appliquées par les Gms sur la viande vendue au détail à leurs dépens. Depuis 1990, le prix du porc au détail a augmenté de près de 35% alors que le prix du porc charcutier a diminué entretemps de 20%! En Allemagne, le consommateur paye la viande porcine deux fois moins chère et les moindres contraintes en vigueur tout le long de la chaine de production et de transformation permettent aux éleveurs de dégager des marges brutes plus élevées que leurs collègues français. «Dans ces conditions, il est impératif de retrouver un nouveau rapport de force plus équilibré entre les Gms et les éleveurs de porcs pour que ces derniers soient mieux rémunérés », assure Jean Michel Serres, président de la Fnp.
En revanche, parmi les atouts de la filière porcine citons sa qualité sanitaire, les efforts réalisés pour lutter contre la pollution et la moindre baisse de sa production comparée à celles des autres pays européens. Les producteurs de porcs ont, autrement dit, préservé leur potentiel de production. Ce qui leur permettra de mieux profiter de la reprise du marché. Mais avec des bâtiments dans quel état ? Il faut d'abord penser à rembourser les prêts en cours avant d'investir.
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