Ils ne partagent pas l’optimisme de Philippe Chalmin, professeur d’économie, invité au congrès de la Fnb. Si la demande en produits agricoles pourrait tirer les prix vers le haut, la spécificité de la filière animale empêcherait les éleveurs de bovins viande de profiter de cette embellie.
![]() Pierre Chalmin, professeur d'économie à Paris dauphine. (© Terre-net Média) |
«La crise financière passera. La crise économique passera. Pas la crise alimentaire car les stocks de céréales sont faibles et il n’y a aucune raison que la production mondiale de grains soit durablement à son niveau record de 2008. »
Donc les prix agricoles devront rester élevés dans les prochaines années. Premier signe annonciateur, selon Philippe Chalmin, professeur d’économie à Paris Dauphine et invité au congrès de la Fnb, « la baisse de seulement 50% des prix des mondiaux de céréales depuis l’été dernier alors que les cours des autres matières premières se sont littéralement effondrés ». Cette baisse relative est liée à une demande incompressible de produits agricoles stimulée par la croissance de la population mondiale. Mais voilà, ce qui est vrai pour les marchés de céréales pourrait ne pas se vérifier pour la viande bovine, « produit de luxe ».
Pour preuve, le pessimisme des représentants des sections régionales de la Fnb présents au congrès de Cherbourg les 4 et 5 février qui contraste avec l’optimisme de Philippe Chalmin. Leurs revenus baissent. Les charges ont fortement augmenté. Ils ont la certitude d’être abandonnés par Bruxelles. Ils craignent que la libéralisation des échanges mondiaux conduira, dans les plus brefs délais, à leur disparition alors que le Monde aura besoin de toutes les terres disponibles pour multiplier par deux la production agricole d’ici 2050 afin de nourrir 9 milliards d’humains.
Selon ces représentants, « les décisions politiques de l’Union vont dans ce sens. Elles favorisent une production agricole à bas coûts » afin de disposer de produits alimentaires bon marché.
Vers une disparition programmée?
Cela se traduira encore et toujours pour les éleveurs de bovins viande par une pression exacerbée de la distribution sur les prix de vente de leurs animaux en les mettant en concurrence avec des viandes importées sans chercher à valoriser la qualité des animaux mis sur le marché. Quitte à sacrifier au final la filière bovine française. Autrement dit, compte tenu de leur situation économique, les éleveurs se demandent, à travers le trou de leur lorgnette, « quelle sera réellement la place de l’agriculture dans l’économie mondiale. Mais aussi quelle place l’Europe réservera t-elle après 2013 à son agriculture, et par conséquent à l’élevage de bovins viande, spécificité française ».
Certaines propositions, comme celle de Philippe Meurs, ancien président de JA, pourraient apporter un élément de réponse à leurs problèmes. Selon lui, le développement de la contractualisation aurait le mérite de garantir des débouchés aux éleveurs. En amont, elle rendrait leurs conditions de production moins vulnérables à la volatilité des prix des aliments puisque les éleveurs pourraient aussi contractualiser avec des céréaliers leurs approvisionnements.

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