Renforcer l’attractivité du secteur agricole

L'Inra consacre aussi un des numéros de son magazine à l'emploi agricole. (© Terre-net Média)

En Vendée, les salariés agricoles, souvent isolés dans l’exploitation qui les emploie, ont presque les mêmes avantages sociaux que n’importe quel ouvrier d’une entreprise de taille moyenne : chèques vacances, réductions diverses, repas annuel etc… A quoi le doivent-ils? Au comité d’œuvres sociales en place, alimenté, au même titre que les comités d'entreprise, par des cotisations patronales.

«Ces actions sociales permettent de faire prendre conscience aux salariés agricoles vendéens qu’ils forment un groupe social, avec un identité propre », expliquait, lundi 8 décembre, Stéphane Lucereau de l’association Avefa (association vendéenne pour l’emploi et la formation en agriculture). Il faisait partie des intervenants du colloque européen 2008 « Pour des emplois agricoles de qualité » organisé par la Msa. C’est aussi la tension sur le marché de l’emploi (taux de chômage de 4,8% en Vendée) qui a poussé les professionnels agricoles à organiser chaque automne une campagne de recrutement de saisonniers à travers le département. Et avec  l'espoir de favoriser le retour à l'emploi d'exclus du marché du travail. 

Une politique de ressources humaines multiplolaire

Ces initiatives tentent de répondre en Vendée aux problèmes de fidélité et de recrutement que rencontrent la majorité des agriculteurs-employeurs de salariés. Le phénomène touche l’ensemble du territoire national mais aussi la quasi totalité des pays membres historiques de l’Union. Le secteur agricole embauche mais il ne parvient pas à retenir ses salariés. Attractivité du secteur, rémunérations parmi les plus faibles, pénibilité …font partie des maux qui affectent la qualité des emplois de salarié agricole.

Selon Erik Jennewein, agriculteur allemand, membre du Ceja (centre européen des jeunes agriculteurs) et invité au colloque, l’attractivité de l’emploi agricole et rural en général, passe par la diversification des activités agricoles (hôtellerie dans son cas). C’est une des conditions à remplir pour offrir des emplois variés et intéressants axés autour de la production agricole.

Espaces verts  Exemplarité, rigueur, équité, telle est la philosophie de la politique de ressources humaines du groupe danois « Iss Espaces verts » (42 établissements, 3200 collaborateurs) en pleine croissance pour retenir ses salariés. Cette politique sociale repose sur une rémunération équitable des salariés, une gestion prévisionnelle de l’emploi ou encore, le maintien de l’emploi des seniors, l’apprentissage et l’insertion des handicapés. Il faut aussi ajouter l’aménagement du temps de travail, le développement du temps partiel ou pour les volontaires la possibilité d’effectuer de heures supplémentaires etc…

D'après François Heyman de la Cfdt et Arnd Spahn de l’Effat (fédération européenne de syndicats de salariés agricoles), l’attractivité du milieu agricole repose d’abord sur des programmes de formation poussés et des perspectives de carrière pour les futurs salariés. « Il est aussi important d’offrir des conditions de vie (loyer abordable, transport) et de travail meilleures que celles actuellement proposées. Les grilles de salaires devraient aussi davantage valoriser la qualification Et pourquoi pas non plus, envisager la participation et l’intéressement aux résultats des exploitations ?», explique le représentant de la Cfdt. C’est à cette condition que l’on évitera des migrations de saisonniers boliviens en Espagne ou roumains en Italie pour occuper les postes que les nationaux refusent.

Un annuaire européen des compétences permettrait par ailleurs d’homogénéiser les critères de qualification et d’embauche et, de rendre ainsi plus souple le marché du travail du salariat agricole entre les pays membres de l’UE. C’est aussi à la Pac qu'il revient de prendre en compte la question de l’emploi agricole à travers la définition de critères d’éligibilité aux aides plus opportuns.

Autre problème à régler, la pénibilité du travail qui repousse dans toute l'Europe de nombreux candidats à l'embauche et qui n'incite pas les salariés à persévérer dans la filière agricole. En France, François Heyman reconnaît la qualité des structures de prévention de la Msa et des travaux réalisés pour limiter les risques de santé et de pénibilité du travail. De même, le nombre de conventions professionnelles traduit l’intensité des relations entre les partenaires sociaux dans le secteur agricole. Et par conséquent, la volonté de structurer l’emploi salarié.