La polémique recommence à bouillir

La controverse autour de la suppression prévue des quotas laitiers reprend de plus belle en Europe avec la baisse des prix et la grogne des producteurs qui compliquent les négociations en cours sur le réaménagement de la Pac, entrées dans leur dernière ligne droite.

Les ministres de l'Agriculture de l'UE se réunissent mercredi et jeudi à Bruxelles pour tenter de trouver un accord sur le "bilan de santé" de la Politique agricole commune (Pac), une série d'aménagements proposés par la Commission pour lever certaines contraintes à la production et rapprocher davantage le monde agricole des besoins du marché.

L'idée d'un relèvement progressif des quotas laitiers, avant leur disparition progressive programmée pour 2015, est l'un des points les plus épineux. Des pays comme l'Italie, l'Espagne ou les Pays-Bas prônent une fin aussi rapide que possible de ces quotas, car ils estiment que leurs éleveurs pourront sans problème absorber le surplus de production ainsi libéré.


Une ouverture des vannes sans précaution
menacerait l'avenir des zones d'élevage les
plus fragiles  (© Terre-net Média)
D'autres, emmenés par la France et l'Allemagne -mais qui restent minoritaires dans l'UE- estiment à l'inverse qu'une ouverture des vannes sans précaution menacerait l'avenir des zones d'élevage les plus fragiles, en montagne notamment, moins compétitives que les zones de plaine en raison de coûts de fonctionnement supérieurs.

Le ministre français de l'Agriculture Michel Barnier, dont le pays préside l'UE, a prévenu qu'il n'accepterait pas le relèvement des quotas "sans des mesures d'accompagnement". "Nous voyons plus que des signaux de retournement de ce marché à l'heure actuelle", s'est-il inquiété à propos de la forte baisse des prix du lait par rapport à leur pic de l'année dernière, en pleine flambée des prix alimentaires. Ceux du beurre affichent un repli de 20% par rapport à l'été 2007 en moyenne dans l'UE. Du coup, les éleveurs ont manifesté en Allemagne et en France notamment, deux grands pays de production, pour réclamer des relèvement de tarifs aux laiteries et aux distributeurs.

17 novembre, journée de mobilisation européenne

Aujourd'hui, l'Emb (European milk board) a organisé un rassemblement avec les producteurs laitiers de 10 pays (avec en France, l'Opl)  afin de démontrer "que le marché laitier a besoin de règle" explique un communiqué de l'Opl-Emb.

"La revendication centrale est une régulation flexible de l'offre", autrement dit une augmentation ou une réduction des quotas en fonction de la demande du marché européen "et non pas selon les décésions politiques pour 2008 et allant jusqu'à 2015".

L'Emb souhaite la réalisation d'un sommet laitier.

L'idée d'un relèvement progressif des quotas laitiers est l'un des points les plus épineux

Et les représentants agricoles des régions alpines d'Autriche, Italie et Allemagne ont réclamé la semaine dernière le maintien en l'état des quotas laitiers. Cette année, l'UE a déjà augmenté de 2% ces quotas - contribuant, selon certains éleveurs, à faire baisser les prix. Dans son "bilan de santé", l'exécutif européen propose de continuer à les relever de 1% par an jusqu'en 2015.

Berlin et Paris préfèreraient qu'on refasse le point chaque année en fonction de l'état du marché. Ils réclament surtout des aides compensatoires. L'Allemagne parle d'"un fonds de soutien au lait". Bruxelles ne veut pas entendre parler d'argent supplémentaire des caisses de l'UE mais semble prête à accepter qu'une partie des subventions accordées aux Etats, au titre du "développement rural", puisse être reversée aux producteurs laitiers, selon une source européenne.

Ce mécanisme va jouer un rôle important

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Quotas laitiers - Agriculteurs français et allemands contre la suppression des quotas laitiers, en cliquant ICI.

Ce mécanisme "va jouer un rôle important pour l'aide aux secteurs confrontés à une période d'adaptation difficile, tels que les producteurs de lait de montagne", a souligné lundi la commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel. Les quotas laitiers ne sont pas la seule pomme de discorde des discussions: la proportion de subventions "directes" à consacrer à l'avenir au "développement rural" et aux projets environnementaux, ainsi que la suppression envisagée de divers mécanismes de soutien aux prix agricoles, suscitent aussi la controverse. Mme Fischer Boel a exhorté lundi les ministres européens à être "audacieux" pour "ce moment clé de l'évolution de la PAC", en jugeant un accord "à portée de main".
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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