Une goutte dans un océan de crise

Une goutte dans un océan de crise

A la sortie de la conférence sur le revenu, Michel Barnier est revenu sur les grandes lignes du plan d’urgence qu’il a présenté. Les syndicats majoritaires ont adopté à la sortie de la conférence sur le revenu « une positive attitude ». « Tout million d’euros est bon à prendre », a déclaré Jean Michel Lemétayer. Mais la plupart des mesures annoncées étaient déjà connues.


Au ministère, mercredi soir, Michel Barnier à la fin de la conférence
sur le revenu s'entretenant avec Régis Hochart, porte parole
de la Confédération paysanne (© Terre-net Média)
« Le gouvernement, à travers ce plan, apporte des réponses concrètes aux difficultés rencontrées par les agriculteurs notamment les éleveurs », assure Michel Barnier, après la clôture de la conférence sur le revenu, mercredi 12 novembre.

Pourtant, avec un plan d’urgence 250 millions d’euros (voir détails), le compte n’y ait pas. Tout d’abord parce que de l’aveu même du ministre, il faut s’attendre à une baisse de 7% à 15% du revenu des agriculteurs pour 2008, selon les filières. Pour la ferme France ; un recul moyen de 10% équivaut à 1,4 milliard d’euros en moins de manque à gagner. Et même si les prix des hydrocarbures sont sous leur niveau de 2006 et ceux des aliments régressent; ce n’est pas cette année que les agriculteurs en profiteront.

Autre façon d’apprécier les 250 millions d’euros, les ramener aux 360.000 exploitations professionnelles par exemple. Ces fonds représentent grosso modo une aide de 700 euros par exploitation ! Les 50M€ réservés à l'elevage ovin représentent tout au plus un soutien de 1.200 euros en moyenne pour chacune des 40.000 exploitations. Or nombreux sont les éleveurs ovins qui s’attendent à dégager des revenus nuls en 2008 (plutôt entre 4 à 5.000 euros a tenu de préciser le ministre de l’agriculture) ! (voir les images sur la manifestation des éleveurs de moutons et l'article "Fin du tour de France"

Des mesures sans surprises

Par ailleurs, porter l’exonération de la Tipp et de la Ticgn (taxe sur les produits pétroliers et le gaz) dans la loi de finances rectificative pour 2008 s’inscrit dans la continuité des mesures similaires adoptées les années passées.


Michel Barnier présentant son plan
d'urgence (© Terre-net Média)
Enfin, l’augmentation des aides versées aux éleveurs de mouton et le financement de 100.000 diagnostics de performance énergétique font partie de mesures déjà annoncées et ne résolvent pas les problèmes qui auront été identifiés. Et, pour profiter des baisses de taux et de l’exonération de charges Msa, encore faut-il avoir des emprunts à rembourser et dégager des revenus. Or certains agriculteurs et éleveurs ne sont pas endettés et sont assurés de ne dégager aucun revenu cette année ! 

Notons aussi qu’une partie des fonds européens qui doteront le plan d’urgence, compenseront pour certains agriculteurs, le manque à gagner résultant de la baisse des aides couplées à l’hectare pour dépassement de surface (voir article) versées par le budget européen. « Or pour 100 hectares de céréales sèches, le prélèvement est de 450 euros », assure François Lucas de la Coordination rurale !

Mais bon, les syndicats majoritaires ont adopté à la sortie de la conférence sur le revenu « une positive attitude ». « Tout million d’euros est bon à prendre », a déclaré Jean Michel Lemétayer. William Villeneuve, président de JA croit en l’efficacité du plan d’urgence et dans la capacité des comités départementaux présidés par les préfets d’examiner avec pertinence, au cas par cas, les dossiers de demandes d’aides. « Il faut éviter à tout prix tout saupoudrage », assure le président de JA.

Une conférence inutile selon la CR

Un observatoire des prix et des marges

 La mise en place d’un observatoire des prix et des marges annoncé conjointement avec le plan d'urgence satisfait les syndicats majoritaires. Il associerait les représentants de la production agricole, des industries alimentaires  des distributeurs et des consommateurs afin d’analyser et de corriger la répartition des marges entre tous les acteurs économiques, des producteurs aux consommateurs. Il s’appuierait sur le modèle d’observatoire décidé par la ministre de l’Economie pour étudier la fixation des taux d’intérêt des prêts accordés par les banques dans la cadre de plan de soutien au secteur bancaire.

En fait, le plan d’urgence est un panier d’instruments destinés à apporter de l’aide aux agriculteurs qui en auront le plus besoin. Il reste à déterminer les clés de répartition. A savoir par exemple, permettre à des jeunes agriculteurs qui investissent de bénéficier de remises de taux d’intérêt en plus de la reconduction de l’exonération de charges sociales.

François Lucas, président de la Coordination rurale n’attendait pas de mesures exceptionnelles de la conférence sur le revenu. « Il y a 40 ans, une telle réunion était utile. Aujourd’hui, le gouvernement dispose de peu de marges de négociations ». Quant à la Confédération paysanne, c’est rue de Varenne, que le syndicat a manifesté aujourd’hui une seconde fois son mécontentement (voir aussi portfolio sur la première manifestation). Des paysans ont jeté des tas de plumes et des poulets sur les forces de l’ordre postées à 200m du ministère afin de faire comprendre au ministre et au gouvernement « qu’ils ne voulaient plus se faire plumer ! ». Leur voeu ne semble pas cette fois encore exaucé.

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Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
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