Avec la crise, l'UE rechigne à donner un milliard d'euros aux pays pauvres

Préoccupés par le spectre de la récession chez eux, les Européens traînent de plus en plus les pieds pour débloquer un milliard d'euros d'aide à l'agriculture des pays pauvres, malgré leurs promesses répétées mardi de lutter contre la crise alimentaire mondiale.

L'Union européenne "réitère sa ferme volonté d'aider les pays en développement" qui subissent les conséquences de la crise alimentaire, notamment en lançant des "actions immédiates" pour "assurer les récoltes des années prochaines", ont déclaré mardi les ministres européens du Développement réunis à Bruxelles. Ils ont également rappelé les déclarations du sommet européen de juin, où les 27 avaient soutenu l'idée de créer un "nouveau fonds de soutien à l'agriculture dans les pays en développement".

Mais depuis lors, la proposition concrète de Bruxelles en juillet de prélever un milliard d'euros de fonds non utilisés de la Politique agricole commune (Pac) pour aider les pays en développement à augmenter leur production agricole, par le financement de semences et d'engrais, soulève nettement moins d'enthousiasme.

Excédents de la Pac

"Tenir des discours enflammés, passionnés, engagés, pour dire "on veut, on veut", et derrière ne pas le faire ou inventer des prétextes pour ne pas le faire, je ne l'accepte pas", a dénoncé mardi le commissaire au Développement Louis Michel. "Je préfère quelqu'un qui dise "on n'est pas en état de faire ça, on ne peut pas le faire, on ne veut pas le faire", c'est beaucoup plus clair", a-t-il ajouté, dénonçant les "prétextes" et les "arguties" des 27.

Depuis le début, certains Etats membres, notamment l'Allemagne, sont réticents à débloquer des sommes qui normalement reviendraient dans leurs budgets nationaux, et invoquent notamment des questions de procédure budgétaire européenne. "Il a été question à un moment donné des excédents de la Pac. Pour des questions budgétaires, il semble que ce soit un peu compliqué", a reconnu mardi le secrétaire français à la Coopération Alain Joyandet, dont le pays préside l'UE. "Il faut donc trouver la formule (...) J'espère vivement que la solution sera trouvée la semaine prochaine", a-t-il ajouté.

De nombreux Etats préfèreraient puiser dans des fonds déjà programmés

Les 27, le Parlement européen et la Commission doivent en effet se retrouver le 21 novembre pour une réunion destinée à trouver un compromis sur le budget 2009 de l'UE, dont cette aide à l'agriculture des pays pauvres. Mais de nombreux Etats préfèreraient puiser ce milliard d'euros dans des fonds déjà programmés pour l'action extérieure de l'UE, selon des sources européennes. Une position rejetée par le Parlement européen, co-décideur avec les 27 en matière budgétaire. "Il manque déjà de l'argent pour le Kosovo, la Palestine, l'Afghanistan. On veut de l'argent supplémentaire", a indiqué mardi une source parlementaire proche des négociations. "Si c'est pour requalifier des moyens qui existent déjà au niveau du développement, et dont on a besoin pour d'autres politiques, pour moi c'est non! et je le dénoncerai!," s'est emporté également Louis Michel.

Les divergences entre les Etats membres portent aussi sur la période de cette aide, selon M. Joyandet. La proposition de Bruxelles prévoyait au départ une aide pour les récoltes 2008-2009, mais les retards pris vont obliger à la reporter d'un an. Et certains Etats membres voudraient allonger cette aide sur trois ans, "pour faire avaler la pilule" chez eux, a dénoncé M. Michel. Avec la crise économique et financière, les Etats membres sont "devenus moins généreux depuis les vacances", résume la source parlementaire. "C'est plutôt le contraire qu'on devrait faire", car les pays en développement vont aussi être gravement touchés par la crise, a pourtant insisté M. Michel.

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