Un essai d’une durée de cinq années a été mené sur la station de recherche Agroscope Changins en Suisse*. Enjeu : déterminer l’influence du système de pâturage sur la végétation d’une ancienne prairie semée.
Traditionnellement, les éleveurs utilisent la pâture tournante comme système pour leur troupeau de vaches laitières. Cela leur permet en effet de disposer d’une surface d’herbe fraîche quasiment en continu. Certains autres utilisent toutefois la pâture continue sur un nombre de parcs limités en fonction de l’organisation de leur exploitation. L’intérêt de cette dernière solution est de réduire au strict minimum l’installation des clôtures. Mais en face, elle nécessite un suivi régulier de la pousse d’herbe pour adapter cette dernière aux besoins du troupeau. Différents essais menés dans les années 90 et 2000 ont montré qu’en conditions suffisante d’azote et d’humidité, ce système pouvait permettre une productivité suffisante au troupeau. Mais aucune information n’était réellement disponible sur les effets de la pâture continue sur la végétation elle-même. « Une crainte fréquemment exprimée dans la pratique est que les défoliations constantes propres à la pâture continue nuisent au maintien des bonnes plantes fourragères » expliquent Jacques Troxler et Eric Mosimann, chercheurs à Changins et responsables de l’essai.
Afin de valider ou non cette crainte, ils ont donc mené un essai portant sur un suivi de la végétation d’une pâture tournante comparativement à une pâture continue sur gazon court. Précisons qu’avant cet essai, l’ancienne prairie semée était fauchée. La composition botanique initiale comportait entre 52 et 75% de graminées, de 4 à 19% de légumineuses et de 15 à 30% d’autres dicotylédones. Les deux systèmes ont accueilli chacun un troupeau de 24 vaches en 1ère lactation. « Nous avons adapté le nombre de parcs à la croissance de l’herbe. »
Meilleure composition botanique
« Les résultats obtenus montrent que pour une ancienne prairie de fauche, les deux systèmes de pâturage engendrent une amélioration de la composition botanique. Cette évolution positive s’explique en partie par les pratiques antérieures de fauche tardive, favorables au pâturin commun », détaillent les chercheurs.
Par ailleurs, ils démontrent qu’une pâture continue sur gazon court a pour effet de favoriser la formation d’un gazon dense avec un nombre de talles supérieur de 23% par rapport à la pâture tournante, expliquée notamment par la vigueur végétative du pâturin commun qui représente quelques 70% des talles dénombrées. « Si la résistance au piétinement peut être améliorée, il convient toutefois de prendre garde au développement des graminées de faible valeur, poursuivent les chercheurs suisses. D’autre part, la pâture continue sur gazon court est nettement plus sensible au déficit hydrique et peut donc s’avérer moins sûre en zone sèche. Avec la pâture tournante, les défoliations tardives, liées à des durées de rotation parfois trop longues, peuvent avoir un effet négatif sur la densité des talles et occasionner la création de trous dans le gazon. »
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