Les deux années mouvementées dans la filière laitière nous conduisent à la nécessité de redéfinir les liens producteurs-transformateurs. Il nous faut trouver les moyens de maintenir une organisation qui aux producteurs, aux groupes industriels et au tissu de PME de continuer à exister.
« Les producteurs de lait ont vécu en 2007/2008 un phénomène psychologique extrêmement difficile et la filière se trouve aujourd’hui dans une situation compliquée économiquement, avec un besoin de lisibilité et une demande de régulation », résume Anne Richard, directrice Economie et Qualité au Cniel (Centre national interprofessionnel de l’économie laitière) lors de la journée d’automne de l’Association française pour la production fourragère à Paris le 16 octobre. La directrice est revenu sur les circonstances de ces deux années atypiques.
Après plusieurs années d’excédents, les stocks de produits mondiaux ont été ramenés à zéro en 2007, entraînant la hausse des cours des produits laitiers et par conséquent, du prix du lait.
![]() « Plus encore que d’autres filières agricoles, la filière laitière, vu ses contraintes de production et les investissements lourds qu’elle nécessite, a besoin de trouver des outils pour s’adapter à des marchés de plus en plus fluctuants et volatils », analyse Anne Richard, directrice Économie et Qualité au Cniel. (© NPetit) |
« Début 2008, les prix ayant monté, on a libéré les producteurs de lait français avec l’idée que de toutes façons la filière laitière n’aurait pas la capacité d’augmenter ses volumes de production de façon importante. Or, on s’est trompé, et notamment les producteurs de l’Ouest ont beaucoup produit sur le début de l’année 2008. Nous avons alors été confronté à un retournement de tendances et quand nous avons eu beaucoup de lait disponible en France, les cotations s’étaient déjà retournées.
Tous les voyants au rouge
Les Français ont commencé à produire du lait quand les cours étaient retombés, mettant aussi en évidence un problème de saturation des usines de transformation. Aujourd’hui les volumes de vente de grande consommation sont en baisse et les cotations des produits industriels sont très basses. Tous les voyants de l’industrie laitière sont au rouge aujourd’hui, y compris les ventes. Cette déconsommation est inédite et inquiétante en France. Côté producteurs, on avait promis une hausse de prix potentiellement durable. Or, les producteurs subissent l’augmentation des coûts de production, et des cours des produits laitiers proches de 2006. »
« Si nous entrons dans une période de fortes turbulences à la hausse et à la baisse tout le temps, les éleveurs risquent d’arrêter leur activité. L’expérience a montré qu’un producteur ou une entreprise qui quitte la production laitière ne reprend jamais Le challenge que nous avons à relever est le suivant : comment peut on ne pas décourager les acteurs et assurer une juste répartition de la valeur ajoutée ? Il nous faut réfléchir à des outils pour gérer cette volatilité inédite par la voie de la contractualisation. Au niveau de la filière, nous en sommes au début de la réflexion, et c’est un système politiquement compliqué. Ce sujet va devenir une priorité d’ici la fin de l’année 2008, le début de l’année 2009. »
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