Les réactions opposées de la Coordination rurale et la Confédération paysanne

Les syndicats partagés sur le désengagement de l'Etat de la filière agrocarburants. (© B.N. Terre-net)

« La Coordination rurale et l’Organisation des producteurs de grains, qui avaient bien identifié dès 2004 le problème de rentabilité des débouchés bioéthanol pour les agriculteurs, avaient vu leurs positions raisonnables systématiquement contestées par les appareils économiques et syndicaux majoritaires, qui avaient donc travaillé en toute connaissance de cause contre les intérêts des agriculteurs ».

La décision gouvernementale est d’autant plus surprenante que l’usine Abengoa de production d’éthanol à partir de maïs (Lacq - 64), va commencer à fonctionner.

La Coordination a déjà fait les comptes. « L’abandon du soutien de l’Etat se traduit en effet par une baisse dès 2009 du prix à la production, de 35 € par tonne de blé, 37 € par tonne de maïs et de colza et 10 € par tonne de betterave », explique le syndicat.

« Pour 2012, cela reviendrait en moyenne à 700 € par hectare pour le blé, 839 € par hectare pour le maïs, 312 € par hectare pour le colza et 2025 € pour la betterave », ajoute-il.

« Dans une très mauvaise conjoncture où les céréales et les oléagineux voient leurs prix plonger très en deçà de leurs coûts de production, les producteurs ont besoin d’interprofessions qui soutiennent leur revenu et qui devraient donc arrêter de se compromettre dans des projets incohérents et ruineux », déplore le syndicat, dirigé par François Lucas.

Autre son de cloche à la confédération paysanne

Le projet de loi de finances pour 2009 qui propose une forte réduction de la "défiscalisation" dont bénéficient les groupes agro-industriels producteurs d'agro-carburants, et sa disparition en 2012 satisfait la confédération paysanne.

« Depuis plusieurs années, la Confédération Paysanne dénonce l'imposture que représentent les agrocarburants produits en Europe et qui ne répondent pas aux deux objectifs qui leurs sont officiellement assignés, à savoir l'amélioration de notre indépendance énergétique, et la diminution des émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports routiers ».

Selon le syndicat, deux études (Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris, Ademe) « démontrent  sans ambiguïté le caractère fallacieux du lobby des agrocarburants industriels,et du fondement du plan "Bio"carburants décidé par les gouvernements Raffarin puis Villepin".

Les agro-carburants n’ont décidement plus le vent en poupe puisque le groupe Roquette et Soufflet ont abandonné leurs projets alsacien et aubois, souligne aussi la Confédération Paysanne. « Seuls restent en lice des groupes "coopératifs" au coté de la toute puissante Sofiproteol», précise le syndicat.

Aussi, tenté d’en finir avec les agro-carburants, la Confédération paysanne « invite les pouvoirs publics à résister aux multiples pressions en faveur du soutien aux agrocarburants qui ne manqueront pas de s'exercer dans les semaines qui viennent, en particulier de la part de certains "responsables" agricoles ».