Les producteurs allemands de porcs, premiers d'Europe, se sont trouvés un nouveau et vaste débouché : ils peuvent exporter vers le Chine, marché non seulement gigantesque mais également friand d'oreilles, pieds et autres hures, boudés en Allemagne.
Au terme de deux ans de négociations, un secrétaire d'Etat allemand a signé la semaine dernière à Pékin un accord ouvrant la porte de l'Empire du Milieu aux porcs germaniques. "C'est très positif" pour les Allemands, se réjouit Michael Stab, en charge des questions de viande au sein de la Fédération allemande des agriculteurs (DBV). D'autant plus que la demande chinoise concerne "avant tout des produits qui ne valent pas grand chose chez nous, les pieds ou les oreilles par exemple, pour lesquels nous allons essayer d'obtenir de bons prix".
Un marché prometteur
Car, du potage de queue aux oreilles découpées et servies en apéritif avec de la sauce de soja, ces morceaux sont des délicatesses en Chine. L'exemple de Hong Kong, jusqu'alors porte d'entrée des produits allemands en Chine, est prometteur: les exportateurs porcins y ont livré sur les six premiers mois de l'année pas moins de 70.000 tonnes de queues, abats et autres bas morceaux, selon Matthias Kohlmüller, de la société d'étude des marchés agricoles ZMP. La production allemande totale de porc devrait s'élever à quelque 4,6 millions de tonnes en 2008, dont 30% sont exportés.
L'accession de plus en plus de Chinois à une relative prospérité stimule la consommation de viande. Et "le pays est passé du statut d'exportateur à celui d'importateur net extrêmement rapidement", explique M. Kohlmüller, "du fait d'épidémies ou de catastrophes climatiques" qui ont pénalisé la production nationale. Une aubaine pour les exportateurs étrangers, mais dont tous ne profitent pas tant régulations, contrôles et autres interdictions peuvent s'avérer contraignants.
Livraisons début 2009
Pour le moment, les Etats-Unis sont le premier fournisseur de la Chine, suivis du Danemark, de la France et du Canada. La Fédération allemande de la viande se félicite d'autant plus du succès des négociations que "des pays comme les Pays-Bas ne sont pas encore arrivés à un accord, alors qu'ils ont commencé beaucoup plus tôt à discuter". Mais pour les producteurs allemands, après cet accord de principe, rien n'est joué. Chaque exportateur potentiel doit être inspecté par une équipe vétérinaire et certifié par les autorités chinoises. A l'automne, cinq à dix sociétés devrait disposer de leur sésame et commencer à livrer début 2009, selon la fédération. "Il ne faut pas s'imaginer que les Allemands inonderont le marché chinois de leur produits porcins", tempère M. Stab, de la Fédération des agriculteurs. "Les volumes ne seront pas énormes", prédit-il. "Le premier marché va rester l'Allemagne, ensuite l'Union européenne, puis le reste du monde". En outre, quelques grosses exploitations et groupes industriels vont profiter de ce nouveau débouché, ajoute M. Kohlmüller de la société d'étude ZMP. "Il faut des bureaux sur place pour gérer les formalités administratives, une assurance, autant de choses que les petits exploitants ne peuvent pas se permettre". Mais à terme, le marché chinois pourrait donner accès à d'autres, espère-t-il, et les cochons allemands pourraient se retrouver sur les barbecues sud-coréens ou dans les soupes de nouilles japonaises, peut-être dès l'an prochain.
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