Les transporteurs routiers et les agriculteurs belges ont manifesté mercredi à Bruxelles pour protester contre la hausse des prix pétroliers et ses conséquences sur leurs revenus, à la veille d'un sommet de l'Union européenne (UE) où cette question sera au coeur des débats.
Les syndicats agricoles du royaume et l'Union des transporteurs routiers (UPTR) avaient choisi cette date du 18 juin pour rappeler aux dirigeants belges et à ceux de l'UE, qui se réunissent jeudi et vendredi dans la capitale européenne, que l'envolée des prix du pétrole mettait leur activité en danger. "Avec le baril à 140 et peut-être bientôt 200 dollars, on n'y arrive plus", résume Frédéric Hardy, le patron d'une PME de transports du sud de la Belgique.
Un cortège de quelque 175 poids lourds a parcouru, dans un assourdissant concert de klaxons, les boulevards ceinturant le centre-ville. Encadré par les motards de la police qui déviaient la circulation, ce défilé n'a pas causé le chaos annoncé par la presse belge. Beaucoup de Belges avaient il est vrai choisi les transports en commun ou étaient simplement restés chez eux. Quant aux agriculteurs, après avoir défié la police qui leur avait interdit les autoroutes, ils ont réussi à faire stationner entre 400 et 500 tracteurs dans un parc situé aux abords du quartier qui accueillera jeudi les dirigeants des 27. "On subit des augmentations de nos coûts faramineuses, +50% en un an pour l'engrais, + 30% pour l'alimentation du bétail... et nos prix de vente ont diminué. On ne pourra pas tenir longtemps", explique José Deckers, un producteur laitier ardennais de 47 ans.
Alors qu'une centaine de taxis défilaient séparément sur les boulevards, des agriculteurs distribuaient gratuitement du lait et des brochettes de viande dans le centre de Bruxelles, notamment au Premier ministre Yves Leterme, venu à leur rencontre. Comme ailleurs en Europe, les routiers, les chauffeurs de taxis et les agriculteurs belges subissent la hausse de leurs coûts de production, qu'ils ne peuvent entièrement répercuter.
"Distorsion de concurrence inacceptable"
Aux agriculteurs, qui accusent la grande distribution d'acheter leurs produits à prix cassés, Yves Leterme a réitéré mercredi sa promesse de mettre rapidement en place un "observatoire" destiné à traquer les anomalies dans la formation des prix. Les transporteurs routiers, pour leur part, veulent pouvoir augmenter automatiquement leurs tarifs en cas de hausse du prix du gazole, ce qui n'est pas possible actuellement. Ils réclament en outre une baisse de leurs charges sociales et fiscales.
Une délégation d'agriculteurs a rencontré mercredi la commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, pour réclamer le maintien des mécanismes de gestion des marchés de la PAC (Politique agricole commune), qui garantissent une stabilité des prix. Ils ont aussi dit leur crainte que l'Europe accepte de s'ouvrir largement aux produits agricoles des pays tiers dans le cadre des négociations à l'OMC (Organisation mondiale du commerce), ce qui constituerait selon eux une "distorsion de concurrence inacceptable".
Mais les manifestants de Bruxelles, comme ceux qui sont récemment descendus dans les rues en Espagne, en France ou au Portugal, risquent de rester sur leur faim après le sommet de l'UE. Le projet de texte qui sera soumis aux 27 vendredi, tout en encourageant des mesures de "court terme" pour les plus démunis, n'avance aucune piste concrète nouvelle pour répondre à l'envolée vertigineuse des prix des hydrocarbures. Mais ce texte pourrait encore évoluer, d'autant que la France a promis de pousser ses homologues européens à aller plus loin.
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