L'Allemagne fait front avec la France pour défendre la politique agricole commune (Pac) face à ses détracteurs au sein de l'UE comme à l'OMC, sur fond de crises alimentaires qui, selon les deux pays, n'ont rien à voir avec les subventions agricoles européennes.
Interrogé pour savoir s'il soutenait la position française selon laquelle la crise alimentaire plaide pour un maintien d'un secteur agricole fort en Europe et de la Pac qui l'a favorisé, le ministre allemand de l'Agriculture Horst Seehofer a affirmé mardi être "complètement d'accord avec cette position". "Je ne vois pas comment on pourrait maintenant décider de supprimer des aides à des agriculteurs européens qui ne sont qu'une compensation pour les multiples normes en matière d'environnement, de protection des animaux et autres qu'ils doivent respecter", a-t-il souligné lors d'une rencontre avec des journalistes.
Il répondait indirectement à la volonté des Britanniques de profiter d'un débat en cours sur la PAC, dit "bilan de santé", que préparent les 27, pour relancer le débat ultra-sensible sur une baisse de son budget. Il s'agit du plus important de l'Union européenne, avec près de 40% des fonds européens qui lui sont consacrés. Le ministre a nié que la PAC soit responsable de la flambée actuelle des prix alimentaires, à l'origine de manifestations dans plusieurs pays en développement et de violentes émeutes en Haïti. "Nous avons une responsabilité pour le bien-être de la planète", a-t-il souligné, "mais nous ne sommes pas la cause de ce problème".
"On n'aide pas les faibles en affaiblissant les forts", a-t-il ajouté, en plaidant pour une aide "structurelle" à l'agriculture des pays en développement. L'Allemagne soutient aussi la position française dans les négociations à l'Organisation mondiale du commerce, a renchéri le secrétaire d'Etat allemand à l'Agriculture Gert Lindemann. "Nous sommes d'accord avec la France (pour dire) que pas d'accord (à l'OMC) vaut mieux qu'un mauvais accord", a-t-il déclaré.
L'UE est sous pression dans ces négociations pour baisser ses droits de douane agricoles et réduire ses subventions. "Pour l'instant il n'y a eu de progrès que dans le domaine agricole et dans un sens défavorable pour nous", a-t-il souligné, en rappelant la volonté d'arriver à un accord "équilibré" qui permettrait aux Européens d'exporter plus facilement leurs biens industrialisés et leurs services vers les pays émergents. Il s'est dit "peu optimiste" sur la tenue en mai d'une réunion au niveau ministériel au siège de l'OMC à Genève, destinée à accélérer les négociations du cycle de Doha que les responsables espèrent toujours boucler avant la fin du mandat du président américain George Bush.
Le cycle de Doha, qui aurait déjà dû s'achever fin 2004, achoppe toujours sur une bataille Nord-Sud à propos du commerce des produits agricoles et industriels, les pays du sud comme le Brésil demandant notamment aux pays occidentaux de réduire leurs subventions agricoles. La position du ministère allemand de l'Agriculture en faveur d'une PAC forte ne fait toutefois pas l'unanimité au sein du gouvernement allemand. Mardi, le secrétaire d'Etat aux Finances Thomas Mirow a plaidé pour une augmentation la plus limitée possible du budget de l'UE à l'avenir et pour un changement de cap afin d'aller des "vieilles priorités" vers des domaines comme la recherche et l'innovation.
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