Décrochage des surfaces vers le maïs

Après une 1ère période de développement modéré jusqu’en 2000, la filière maïs éthanol s’est fortement accru aux Etats Unis avec un doublement de la capacité de production entre 2005 et 2007. Conséquences directes : une flambée des cours du maïs et des autres céréales. Ces prix devraient se maintenir très élevés avec la perspective américaine de doubler la transformation du maïs en éthanol.
« Dans la production porcine, le doublement en 2007 du coût de l’aliment associé à des prix bas s’est réduit par des pertes maximales de revenu. Plus généralement, c’est l’ensemble de la filière porcine qui est fragilisée, par un effet de concurrence très fort dans les régions concernées avec la transformation du maïs en éthanol», présente André Pflimlin, chargé de mission recherche et développement à l'Institut de l'élevage dans une analyse sur la situation américaine livrée lors de la journée de printemps de l'Association Française de Zootechnie. « Inversement pour la volaille, la hausse des coûts a été rapidement répercutée au niveau de la distribution sans faire chuter la consommation. Le diagnostic est plus complexe pour la viande bovine », poursuit André Pflimlin, « où le renchérissement du maïs peut être compensé pour partie par l’utilisation de drèches moins coûteuses, notamment sous forme humide. Cela pourrait se traduire par une relocalisation de l’engraissement à proximité des usines d’éthanol. Enfin, pour la filière laitière, la hausse spectaculaire des prix des produits laitiers en 2007 a largement compensé la hausse des aliments.»  Si la production d’éthanol ne représente qu’une petite part du marché des carburants aux Etats Unis, elle a déjà un gros impact sur l’utilisation des surfaces. Pour des surfaces labourables de 180 millions d’hectares, le maïs, le soja et le blé comptent pour chacune environ 30 millions d’hectares. Au-delà de 2008-2009, les prévisions comptent sur le maintien d’un décrochage entre les surfaces au maïs par rapport au soja d’un tiers, soit environ 10 millions d’hectares, ce qui veut dire davantage de monoculture de maïs ou de rotaton avec deux maïs pour un soja. Dans les deux cas, il faudra davantage d’engrais azotés et de pesticides et/ou de semences OGM résistantes aux insectes, aux maladies et aux mauvaises herbes.