La croissance fulgurante des fermes slovaques (1/4)

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La Slovaquie est entrée dans l’Union Européenne en 2004. Depuis 1990, la production laitière a considérablement chuté en raison de la hausse des coûts de production mais surtout de la baisse de la consommation de produits laitiers. Alors qu’on dénombrait environ 560.000 vaches laitières en 1989, on pouvait compter 192.000 vaches laitières en 2006. La production nationale est aujourd’hui de 970 millions de kg de lait pour environ 700 exploitations laitières pour la grande majorité détenant des troupeaux de plus de 100 vaches.

Les quatre exploitations visitées en Slovaquie lors du congrès European Dairy Farmers en juin 2007 présentent des similitudes dans leur évolution, leur mode de développement et enfin dans la croissance fulgurante qu’elles ont connue depuis 2000.
Elles sont issues de fermes collectives à structure coopérative des années 50, elles-mêmes créées à partir de petites structures individuelles avant 1949. Après les lois de restitutions des années 90, certains petits propriétaires ont récupérés quelques arpents de terres, mais la plupart les ont laissés dans la structure collective, sous forme de coopératives dans lesquelles les propriétaires individuels ont des parts sociales. Dans d’autres cas, des rachats par des investisseurs ont eu lieu, créant ainsi de grandes exploitations agricoles qui deviendront des SARL, ou des SA (joint venture companies).

Etape 1 : AGROCOOP IMEL une structure coopérative de 2080 ha

Coopérative en 1949, issue du regroupement de toutes petites fermes (de 1 à 20 vaches), elle regroupe à cette époque 508 coopérateurs propriétaires de terres, et des animaux sur près de 1975 ha. Les consolidations foncières (remembrements etc…) sont bouclées en 1952. Dans les années 1990, durant la période de transition et l’application des lois de restitution, les propriétaires sont libres de récupérer leurs biens. En 1994, la structure de AGROCOOP Imel est ainsi établie : de coopérative, elle devient SA où les coopérateurs sont devenus des actionnaires (près de 551 personnes).

Aujourd’hui, cette exploitation possède 2084 ha (dont 300 ha en propriété) cultivés en blé (550ha), maïs grain (783ha), pommes de terre (200ha) et orge (50ha). Du côté des fourrages, on compte 150 ha de maïs ensilage, 224 ha de luzerne et 127 ha de pâtures.
Outre les cultures et fourrages, l’exploitation s’est développée dans le domaine des productions animales (atelier lait, atelier porcin naisseur engraisseur de 350 truies et 3800 places à l’engraissement) et s’est aussi diversifiée dans les services agricoles (séchages de céréales, récolte de céréales et de fourrages), et non-agricoles (société de transports internationaux).

L’agrandissement du troupeau et le développement de la production laitière ont été très rapides : le cheptel est passé de 290 VL à 1100 VL entre 1994 et 2006, avec une productivité par vache qui a également explosé : de 3333 kg de lait /VL/an jusqu’à 9755 kg de lait /VL/an en 2006. Et au final, une production réglementée par un quota qui passe de 2 millions à 5,5 millions de kg entre 1994 et 2006.
Cette exploitation arrive à la 11ème place du TOP 200 slovaque.

Quelques chiffres
 
Vaches laitières (nb)
525
Génisses (nb)
270
Veaux (nb)
305
Race
Holstein
Logement des VL
Stabulation libre à logettes, matelas
Durée en stabulation
Toute l’année
Salle de traite
2*16 FARMTECH
Traites/ jour
2
Niveau de production
9755 kg/VL/an
Lait produit
4,206 millions de kg
Age au 1er vêlage
26 mois
Intervalle vêlage-vêlage
425 j
Age moyen VL
5 ans
Taux de renouvellement
41%
Taux mortalité des veaux
1,8%


Les veaux sont élevés en cases individuelles ou igloos jusqu’au sevrage à 2 mois puis passent dans des parcs collectifs, dans les anciens bâtiments VL. Les vaches taries sont également logées dans les anciennes étables. (© Btpl)
Comme dans la majorité des élevages slovaques, les vaches sont nourries en ration complète.  Il existe d’ailleurs une centrale de trituration des aliments à la ferme avec une unité de préparation de la ration complète.

Du côté des chiffres EDF 2006, les produits totaux (lait+viande) s’élèvent à 35.4 €/100 kg de lait corrigé (ECM). Les charges totales s’élèvent à 34.5 €/100 kg ECM (dont 12.7 €/100kg pour l’alimentation) ce qui donne un profit (produits-charges) de 0.9 €/100 kg ECM.

Si on prend en compte les coûts d’opportunités (rémunération de la main d’œuvre, coût du capital et des terres en propriété), le profit, aussi appelé « entrepreneurs profit » est négatif (-2.44 €/100 kg ECM) ce qui signifie que l’exploitation ne rémunère pas tous les facteurs de production.

Les investissements ont été conséquents :
- des bâtiments VL flambants neufs (avec co-financement important de l’UE)
- une salle de traite à la pointe de la modernité… : TPA sortie rapide 
- traitement du lisier : séparation mécanique de phase

Et pour faire tourner tout ça ? Une équipe de direction avec un directeur général et des responsables d’atelier : on retrouve pour la partie atelier Lait : 1 zootechnicien et son assistant (qui s’occupe aussi du parage), 6 « cattle keeper », 5 trayeurs, et 3 salariés en charge des veaux. En plus de cela, des services spécialisés interviennent sur l’exploitation pour les inséminations, et le suivi sanitaire du troupeau.
Les avantages sociaux pour les salariés sont nombreux : repas à prix modéré (0,5 €), 1 semaine de repos en montagne par an, des primes à 25 ans de carrière, aux anniversaires (50 et 60 ans), et bien sûr à la retraite.

STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT : grandir encore et encore

  •  Atteindre 700 VL de plus en 2010 (l’augmentation de quota se fait par l’achat de terres ou l’achat de vaches à des producteurs qui arrêtent la production)
  •  Améliorer la productivité par VL (jusqu’à 10 000 kg/VL/an)
  •  Continuer la reconstruction (construire un nouveau bâtiment pour accueillir les 700 VL soit 2500 € d’investissement par place)
  •  Investir dans le stockage des fourrages
  •  Préserver la propreté de l’environnement direct de l’exploitation.
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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