Comme d'autres nouvelles maladies ou nouveaux ravageurs, qu'ils touchent les animaux (comme l'IBR), les cultures (comme la chrysomèle du maïs) ou la vigne (comme la flavescence dorée), la fièvre catarrhale s'installe en Europe et il semble bien qu'il faudra apprendre à vivre avec. Certes. Mais son arrivée inquiète. Pour preuve les éleveurs qui annulent leur participation aux prochains concours nationaux ou inter-régionaux. Exemple : alors que la zone de fièvre catarrhale ovine se rapproche du site du salon, les concours organisés lors du Sommet de l'élevage la semaine prochaine restent programmés... mais auront-ils lieu ? Avec quels animaux ? Et dans quelle ambiance ? Eléments de réponse.
Au jour le jour... La situation de la fièvre catarrhale évoluant désormais chaque jour, cet article paru mercredi 26 septembre sera remis à jour si nécessaire avec de nouvelles informations... Revenez... NB : les mises à jour de l'article de ce jeudi 27 septembre sont indiquées en couleur rouge foncée. D E R N I E R E M I N U T E : Lundi 1er octobre : le Sommet aura bien lieu Mardi 2 octobre : nouvelles annulations Mercredi 3 octobre, nous ferons un point complet sur les concours, qui sera à lire dans Le Mel Agricole à paraître mercredi soir. Pour le recevoir (gratuitement), inscrivez vous en cliquant ICI. |
« La situation sanitaire actuelle (fièvre catarrhale) n’affecte pas le Sommet de l’élevage. La seule conséquence à ce jour est la réorganisation du recrutement pour pallier au désengagement de certains éleveurs de l’est de la France et de la Nièvre. Par ailleurs l’ensemble des éleveurs inscrits a déjà intégré un protocole sanitaire à la demande des organisateurs du Sommet de l’élevage » indique un communiqué des organisateurs en date du 24 septembre. Un autre communiqué daté du 1er octobre affirme que le Sommet de l'élevage aura bien lieu.
Pourtant l'impact de la fièvre catarrhale ovine (Fco) semble exister. Plusieurs éleveurs holsteins affirment que le concours national prim'holstein organisé dans le cadre du salon rassemblerait moins de 200 animaux au lieu des 400 annoncés au Zénith d'Auvergne. D'autres parlent d'annulation du concours national ovin de la race Ile de France. Ces deux manifestations d'envergure nationale ont pourtant été mises en avant par les organisateurs du salon. Qu'en est-il exactement ?
« Tous les concours auront lieu aux heures et lieux indiqués »
Selon Jean-François Blanc, du Sommet de l'élevage, « tous les concours auront lieu aux heures et lieux indiqués ». La fièvre catarrhale « nous a empêché de faire venir les animaux des zones interdites » explique-t-il. Mais il ajoute : « Ces animaux ont été remplacés par d'autres. » Il reconnait cependant que « le concours ovin Ile de France a été réduit ». Mais il affirme que « le concours national prim'holstein fait le plein sans problème, car il y avait trop d'animaux inscrits ».
Côté bovins viande, Jean-François Blanc cite des organismes et des éleveurs « hyper motivés » : « Ils voulaient même faire des analyses qu'ils n'avaient pas besoin de faire » s'exclame-t-il. Seule la race blanc-bleue sera absente car les animaux devaient venir du Nord, en périmètre avec interdiction de transport des animaux vers une zone indemne. Pour le reste, « en races à viande tout est plein » confirme Fabrice Berthon, commissaire général du Sommet de l'élevage.
Mais derrière les discours officiels, la situation est-elle si limpide ? Pour la majorité des rendez-vous, oui. Les concours de niveau régional, en bovins viande notamment, ne devraient donc pas être touchés, si ce n'est par une ambiance parfois morose. « En viande, l'Allier et la Saône-et-Loire sont touchés. Mais les concours ne devraient pas trop s'en ressentir. C'est davantage le commerce de l'engraissement qui est touché, vers l'Italie par exemple, plutôt que le marché des reproducteurs. Les éleveurs viande de notre secteur sont touchés de plein fouet, il n'y a plus de cours des broutards actuellement » commente Stéphane Vernay, éleveur dans l'Allier. « L'ambiance n'y est pas. »
Quels concours sont touchés ? Les concours d'animaux touchés par les conséquences de la fièvre catarrhale ovine (Fco) sont ceux qui regroupent des animaux de zones différente par rapport à cette maladie : périmètres interdits, zones de protection, zones de surveillance et zone indemne (plus de détail sur ces zones en cliquant ICI). La circulation d'animaux entre ces zones est en effet règlementée. C'est le cas des concours du Sommet de l'élevage, dont il question dans cet article. Par contre les concours regroupant des animaux d'une même zone ne sont pas touchés. Par exemple les mouvements d'animaux de zone interdite à zone interdite, ou de zone de surveillance à zone de surveillance ne sont pas restreints. Des concours départementaux ont ainsi eu lieu en septembre dans la Meuse et le Nord, en périmètre interdit. En clair, si toute la france était touchée par la Fco, il n'y aurait plus de problème de circulation d'animaux à l'intérieur du pays pour participer à des concours ! Par contre la circulation resterait restreinte vers l'étranger, au détriment du commerce... |
« Mais il y aura de la place de libre »
L'ambiance. C'est bien là le hic. « Le moral pourrait être meilleur » avoue Stéphane Vernay. Eleveur de 75 Prim'holsteins à Isserpent (Allier), il est président de la fédération Prim'holstein Massif Central (six départements) et président du comité d'organisation du concours national Prim'holstein 2007. La Fco, il en « souffre énormément ». Pour le national prim'holstein tout avait pourtant bien commencé : 770 vaches inscrites par 272 éleveurs de 63 départements de la France entière, avec toutes les régions représentées ! Mais par rapport aux engagements d'animaux au 15 août, plusieurs éleveurs ne pourront pas venir, explique-t-il. Et de chiffrer environ 80 animaux qui sont maintenant dans des zones interdites et de protection.
Pire. Même dans les zones indemnes il y a des désaffections. « Les éleveurs des zones saines sont réticents à s'approcher d'une zone de surveillance » commente Stéphane Vernay. « C'est humain : un éleveur veut protéger son troupeau. » Ainsi toute la Bretagne sera absente, regrette-t-il, soit encore « près de 70 animaux en moins ».
"Je n'ai pas envie qu'on me reproche de contaminer mon département"
Même risque dans les départements pyrénéens : « Les GDS nous avertissent tous, et pour toutes les races : nous sommes dans un département sain et leur travail est de faire en sorte que nous le restions » raconte Jérôme Duffau, éleveur prim'holstein dans les Hautes-Pyrénées. « Ils ne nous mettent pas la pression comme en Bretagne, mais ils nous ont alerté des risques économiques à ramener la maladie chez nous. » Le voici donc qui hésite. « Cela n'a plus rien d'un concours national, la championne ne sera pas nationale... à quoi bon maintenir le concours ? » se dit-il. Mais « J'ai envie d'y aller. Nous avons tout fait pour préparer les animaux pour cette date. J'ai lavé mes vaches. Je me tiens prêt, mais à ce jour je ne sais pas encore si j'irai. "Je n'ai pas envie qu'on me reproche de contaminer mon département" m'a dit un éleveur de ma région. Nous allons nous consulter entre éleveurs pour prendre une décision collective. »
Même cause même effets en Brune : « Le concours de la race brune est annulé, la vente pourrait par contre être maintenue mais la décision sera prise ce soir ou demain matin » confie lundi 1er octobre avec regret Olivier Bulot, directeur de BGS. « Tout était pourtant prêt. »
![]() Le Sommet de l'élevage est passé sous zone de surveillance vendredi 28 septembre. Cliquer ICI ou sur la carte pour plus de détails. (© DR) |
La déception est donc latente chez les éleveurs qui se sont investis pour les concours. En Prim'holstein les organisateurs n'ont pourtant pas compté leur temps pour faire de ce rendez-vous un succès, une fête. Au final, « tout est prêt pour recevoir 400 vaches... mais je pense qu'il y aura de la place de libre » lache Stéphane Vernay sur ton mêlant ironie et déception.
« Même si ce n'est pas celle prévue, il y aura une fête »
Pas de changement de zone pendant l'évènement Fabrice Berthon, commissaire général du Sommet de l'élevage, l'affirme ce jeudi 27 septembre après-midi : « A l'issue du bilan hebdomadaire Fco, nous avons des garanties que l'administration ne procèdera pas à un changement de zone pendant la période de l'évènement. » Pendant l'évènement, certes. Mais avant... : vendredi 28 septembre le Sommet de l'élevage est passé sous zone de surveillance, comme le confirme le Journal officiel du 29 septembre (lire l'information en cliquant ICI). |
« On fait avec... il n'y a pas mort d'homme ! » se reprend l'éleveur aussitôt. L'Upra Prim'holstein France affiche son soutien : tout en restant bien sûr prudente car « la situation évolue tous les jours », elle refuse d'être alarmiste. « A l'heure actuelle le Sommet de l'élevage est en zone indemne donc le concours est maintenu » rappelle Mathilde Moreau, de Prim'holstein France. Les inscriptions du Massif Central, de Rhône-Alpes et du Sud-Ouest sont maintenues, confirme Stéphane Vernay. Des éleveurs viendront aussi des Pays de la Loire. « Les éleveurs du Centre, qui sont mieux informés sur la Fco puisqu'ils sont en zone de surveillance, viendront aussi » ajoute-t-il. « Je suis moi même dans l'Allier en zone de surveillance : nous sommes bien informés pour savoir comment faire pour participer. Demain la Fco fera partie du quotidien, nous vivrons avec. Certains département qui y sont confrontés sont déjà dans cet esprit... les autres ont peur, c'est humain. Rappelez-vous, quand l'IBR est arrivée cela semblait une montagne, aujourd'hui on la maîtrise et on vit avec. » Il peut aussi se rassurer du fait que la vente nationale prim'holstein aura lieu avec quasiment tous les lots annoncés.
Tout comme le sont les organisateurs du Sommet de l'élevage pour l'ensemble des concours bovins viande, bovins lait et ovins, les organisateurs du concours national prim'holstein sont donc « prêts à accueillir les éleveurs qui viendront. Même si ce n'est pas celle prévue, il y aura une fête » assure Stéphane Vernay. En espérant que la fièvre catarrhale ne progresse pas davantage vers le Massif Central d'ici la semaine prochaine. « On croise les doigts. » Un signe très positif, jeudi 27 septembre dans l'après-midi, le commissaire général du salon Fabrice Berthon annonce à Web-agri : « A l'issue du bilan hebdomadaire Fco, nous avons des garanties que l'administration ne procèdera pas à un changement de zone pendant la période de l'évènement. » Pendant l'évènement, certes. Mais avant... : vendredi 28 septembre le Sommet de l'élevage est passé sous zone de surveillance, comme le confirme le Journal officiel du samedi 29 septembre dans lequel sont publiées les nouvelles zones. De nouveaux rebondissements sont donc à attendre très rapidement.
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