Le sevrage des porcelets est une phase critique

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Les relations alimentation-nutrition-santé sont complexes, souligne Isabelle Luron, de l’Inra de Saint Gilles (35). Il est nécessaire de prendre en compte ces interactions car l’alimentation par les fonctions digestives de l’animal va influer sur l’état sanitaire. Les adaptations digestives de l’animal doivent être favorisées au cours de cette période critique de l’élevage.

 


Des modifications du comportement alimentaire sont nécessaires pour s'adapter au sevrage (© Inra)
Au moment du sevrage, en plus du stress psychologique et environnemental, le porcelet subit un stress nutritionnel. Cela impose une modification du comportement alimentaire pour s’adapter. « Au moment du sevrage, on observe une chute de consommation importante. Elle a des répercussions sur le fonctionnement du tube digestif. Elle s’associe à une chute de l’efficacité alimentaire qui dure le temps d’adaptation au nouvel aliment », explique Isabelle Luron.  En cause, les modifications de la morphologie intestinale pendant cette phase de jeune. Elle impacte négativement sur la digestion et l’absorption des aliments. De la même manière les capacités d’hydrolyse pancréatique et d’ingestion sont limitées par une phase de sous-alimentation. 

Nouvelle donne alimentaire et sevrage

 L’intestin est à l’interface de l’extérieur et de l’intérieur. Il est le lieu de vie d’une population microbienne variée, abondante et utile.


L’appareil digestif est une zone sensible, confirme François Madec, de l’Afssa. (© Web-agri)

« On compte sur la microflore intestinale et on cherche à l’orienter dans un sens favorable », explique François Madec, de l’Afssa. Au moment du sevrage chez le porc, la modification de l’alimentation provoque des modifications importantes de la muqueuse intestinale.

De nouveaux coproduits

La production de biocarburants à partir de matière première noble (blé, maïs) contribue à diminuer leur disponibilité pour l’alimentation. Mais souligne François Madec, «  de nouveaux coproduits seront à disposition ». Et pour contourner les tensions sur les marchés des matières premières (céréales et protéagineux), il faudra devenir imaginatif et utiliser ces coproduits, estime le directeur de l’Afssa Ploufragan. « Avec la nouvelle donne alimentaire, si les céréales sont trop chères ou moins à disposition, des modifications de formules alimentaires sont inévitables ». La répercussion sur l’évolution du tube digestif est à appréhender. « A valeur nutritionnelle égale, la nature des ingrédients peut avoir une grand influence sur la composition de l’écosystème digestif, ses équilibres ». Le risque est réel de voir émerger ou ré-émerger des pathologies en relation avec la prolifération de contaminants pour lesquels l’intestin est sensible. « D’autant qu’on ne peut plus compter sur l’utilisation de médicaments à des fins préventives. Il faut tenir compte des contraintes réglementaires ».

De nouveaux challenges en recherche

C’est dans ce nouveau contexte, plus contraignant et plus fluctuant, voire incertain, que la recherche et le développement doivent innover pour sécuriser l’alimentation des animaux en quantité et qualité, affirme le spécialiste. Des innovations qui devront porter selon François Madec dans la préparation des matières premières, dans l’évaluation de leurs caractéristiques, dans la valorisation des co-produits de l’industrie, le stockage, la distribution des aliments…


Les conséquences sur la production peuvent être importantes, souligne Isabelle Luron. Différentes études montrent que « la durée d’élevage est fortement corrélée au poids au sevrage mais aussi à la croissance du porcelet pendant sa première semaine de sevrage »

Plus la durée de sous-alimentation sera prolongée, plus la durée de réadaptation sera importante, commente Isabelle Luron. (© Web-agri)
Le syndrome post-sevrage généré par la baisse de consommation va avoir des effets sur de nombreuses fonctions digestives provoquant des altérations, résume la spécialiste. L’altération des fonctions digestives va favoriser le passage de toxines, antigènes et bactéries conduisant à un état inflammatoire. De même, la maldigestion et la malabsorption sont favorisées et co-responsables de la diminution des performances voire de pathologies type diarrhées et infections.

Favoriser l'ingestion

Pour Isabelle Luron, il convient d’élaborer un plan d’alimentation adapté pour pallier à ces effets. Les stratégies à envisager doivent « favoriser l’ingestion et conjointement soutenir le développement et l’adaptation du tube digestif. Un autre point important consiste à favoriser la diversification et la stabilité du microbiote intestinal pour limiter le développement de flores pathogènes ».
Ainsi, les aliments enrichis en protéines laitières ont des effets bénéfiques sur la consommation et la croissance en post-sevrage, rapporte la spécialiste, tout comme certains additifs qui en fonction de leurs caractéristiques agissent sur l’équilibre du microbiote et/ou sur les tissus digestifs.
« Il est important de faciliter les transitions alimentaires et de favoriser l’ingestion en préservant la santé digestive des animaux, même si le choix des additifs est difficile », conclut Isabelle Luron d’autant qu’il « faut prendre en compte les propriétés fonctionnelles des aliments …sans oublier les facteurs non alimentaires liées aux conditions d’élevage, ainsi que les propriétés technologiques - nature et taille de la granulation - des aliments ».

 

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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