Le rôle des contaminations croisées entre aliments mis en évidence

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Les chercheurs de l'Inra, en collaboration avec l'Afssa, ont réalisé une analyse spatiale pour étudier les sources de contamination par l'agent de l'encéphalopathie spongiforme bovine (Esb) en France, en relation avec l'utilisation dans les usines d'aliments du bétail, des farines animales (Fvo) pour monogastriques, des graisses animales et des phosphates précipités d'os. Des contaminations croisées entre aliments pour monogastriques et aliments pour bovins pourraient être la probable source principale d'infection pour les cas d'Esb nés après l'interdiction des farines animales dans l'alimentation des bovins.

Les différentes étapes de l'analyse
Cette étude s'applique à la période 1990-2000, période pendant laquelle les farines animales étaient interdites pour l'alimentation des bovins, mais toujours autorisées dans les aliments pour monogastriques (porcs, lapins, volailles).
Les données concernent les 629 cas d'Esb nés en France après l'interdiction des Fvo pour les bovins (juillet 1990) et détectés entre juillet 2001 et décembre 20051. Pour mémoire, la période de naissance correspond à peu près à l'époque où les animaux ont été contaminés, et la détection a lieu en général 4 à 8 ans après la contamination. Les données sur les 327 usines d'aliments composés pour bovins ont été collectées par les services vétérinaires départementaux.
La première étape a consisté à définir des zones de livraison, communes à un ensemble d'usines, considérées comme homogènes vis-à-vis des hypothèses de contamination considérées. La fréquence des cas d'Esb a été étudiée pour les 951 zones obtenues, ainsi que la proportion d'usines utilisant chacun des trois sous-produits entre 1990 et 2000. 


Risque relatif de contamination croisée(© Inra)
L'étape suivante a été d'analyser la relation existant entre la fréquence de l'Esb dans ces zones et la fréquence d'utilisation de chacun des trois sous-produits par les usines livrant la zone.
La dernière étape a consisté en une cartographie de l'Esb basée sur un modèle hiérarchique Bayésien (distribution de Poisson avec lissage spatial et variables explicatives liées aux trois hypothèses étudiées).

L’Inra et l’Afssa ont réalisé une analyse spatiale pour étudier les sources de contamination par l'agent de l'Esb en France après l'interdiction des farines animales dans l'alimentation des bovins en 1990, en relation avec l'utilisation dans les usines d'aliments du bétail, des farines animales (Fvo) pour monogastriques, des graisses animales et des phosphates précipités d'os.


 (© Inra)
Les hypothèses étaient une contamination croisée entre aliments pour monogastriques dans lesquels les Fvo ont été autorisées jusqu'en 2000 et aliments pour bovins, ainsi que la contamination par l'agent de l'Esb de sous-produits animaux utilisés à l'époque dans l'alimentation des bovins (graisses, phosphates). 

Mise en évidence de la contamination

Les résultats mettent en évidence le rôle entre 1990 et 2000, de l'utilisation dans les usines des Fvo dans les aliments pour monogastriques comme source probable de contamination par l'Esb. En revanche aucun lien statistique n'a été observé avec l'utilisation de graisses ou de phosphates animaux.
Ils confortent le rôle des contaminations croisées entre aliments pour monogastriques et aliments pour bovins comme la probable source principale d'infection pour les cas d'Esb nés après l'interdiction des Fvo dans l'alimentation des bovins. Cette analyse complète et conforte les résultats de l'enquête cas-témoins menée par des chercheurs de l'Afssa en collaboration avec l'Inra sur la même problématique.

Quelles précautions pour l'avenir

Un seul cas d'Esb (né le 1er janvier 2001) a été à ce jour dépisté en France sur les animaux nés après novembre 2000, date de mise en place de l'interdiction totale des farines animales et différents dérivés animaux dans l'alimentation des animaux destinés à la consommation humaine. La situation en France est maintenant extrêmement favorable et apparaît être sous contrôle. Cela devrait permettre de lever progressivement certaines mesures de surveillance et de contrôle de l'Esb. Dans ce climat très optimiste, les résultats de cette étude et de l'étude cas-témoins menée en parallèle mettent en garde sur le risque de ré-émergence de la maladie qui pourrait résulter d'une ré autorisation des farines animales pour l'alimentation des espèces monogastriques sans mesures drastiques destinées à contrôler le risque de contamination croisée entre aliments pour monogastriques et aliments pour bovins, non seulement dans les usines d'aliment du bétail mais aussi dans les exploitations agricoles.

Pour information, 11 autres cas d'ESB ont été détectés en France depuis janvier 2006, parmi lesquels aucun n'est né après le 1er janvier 2001 (http://www.agriculture.gouv.fr/esbinfo/esbinfo.htm , consulté le 06/06/07)

 

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