Aurélie et Rodolphe Cauchard : « Accepter que la production baisse en fin de parcelle »

Mise à l’herbe précoce et pilotage au jour le jour sont les points clés de la gestion du pâturage chez Aurélie et Rodolphe Cauchard, éleveurs laitiers à Savigny dans la Manche. Témoignage.

Earl La Landerie
Aurélie et Rodolphe Cauchard
55 VL Holstein et Normande
Quota : 340.000 l
7.500 kg/ VL à 7% (6.900 kg en brut)
Coût alimentaire 100 € /1.000 l


« Nous n’avons pas d’herbomètre, aussi, c’est à l’œil que l’on juge l’avancée du pâturage », témoignage Aurélie (© Web-agri)

Sau: 80 ha
40 ha herbe
40 ha de culture (3 ha orge hiver consommées, 15 ha de maïs fourrage, 22 ha de blé pour la vente)

Surfaces fourragères
12ha RGA+TB pâturées et fertilisées par un apport de 30 unités d’azote
4ha RGH+TB pâturées et fauchées
6 ha prairies naturelles pâturées, fertilisées par 2 apports de 30 unités d’azote
Prairies naturelles éloignées pour les génisses

L’exploitation dispose d’un parcellaire regroupé, ce qui facilite l’accès au pâturage. Aurélie et Rodolphe Cauchard pratiquent une mise à l’herbe précoce. « Nous disposons de sols séchant qui permettent de sortir les vaches tôt dans l’année », précise Aurélie Cauchard, « En général, dès la mi-février, elles sortent. Et elles ne sont rentrées qu’à la fin octobre. Cette année, elles sont déjà sorties une semaine pour un premier déprimage. Mais depuis quelques jours, nous avons eu beaucoup d’eau et de grêle et nous avons du les rentrer par manque de portance ».

Pâturer ras !

Les 16 hectares de pâtures pour les vaches, sont répartis en 13 parcelles de 1 à 1ha10. « Le troupeau reste 4-5 jours sur une parcelle et y revient environ toutes les trois semaines », explique Aurélie.  « Le conseiller du contrôle laitier passe mesurer la hauteur de l’herbe avec un herbomètre tous les quinze jours en pleine période de pâturage. Dans l’intervalle, c’est à l’œil que l’on juge l’avancée du pâturage », témoignage Aurélie qui a ses points de repère : « Pour qu’une parcelle soit finie, il faut accepter que le niveau de lait baisse dans le tank. C’est ce qui assure un pâturage ras avec un minimum de refus. Si la production ne baisse pas, c’est que les vaches n’ont pas assez pâturé. Elles peuvent rester sur la parcelle une journée de plus. »
« Si l’herbe pousse vite, on enlève une ou deux parcelles du pâturage, elles passent en fauche. Sinon, il y a 5 à 6 passages d’animaux sur une parcelle avant de réaliser une fauche des refus »,
complète Aurélie Cauchard.

Coût de concentré à zéro

Le truc d’Aurélie et Rodolphe


« Habituer les vaches quand elles ne sont encore que des petits veaux à manger de la cellulose », car « vaches et éleveurs s’éduquent ! » (© Web-agri)

« Les vaches ont du foin toute l’année », souligne Aurélie, « à l’auge ou au cornadis. Au printemps, elles sont systématiquement bloquées pendant une heure, et le reste de l’année, elles choisissent. Elles peuvent aller directement au champ, mais en fait, elles passent au foin avant. La consommation de foin est de 1,5 à 2 kg par vache et par jour. »
« En pleine saison du pâturage, le silo de maïs est fermé et il n’y a pas de distribution de concentré ni de minéraux : dès mars-avril, quand la pousse est forte. Plus la part d’herbe augmente, plus on diminue la part d’azote minéral dans la ration »
.
« Sans distribution de concentrés, et en fermant le silo pendant au moins deux mois (mai et juin), le travail d’astreinte diminue et  notre coût de concentré passe à zéro. Cela correspond aux mois où le lait est payé moins cher par la laiterie. Nous produisons donc aussi notre lait à un meilleur coût ».

Pas de pics de lactation

La logique économique des éleveurs se poursuit avec le vêlage. Les vêlages sont planifiés de Juillet à Novembre. « Nous voulons que les vaches vêlent en extérieur, pour des aspects sanitaires et pratiques », souligne Aurélie Cauchard. « Les veaux bénéficient du soleil et sont en meilleure santé. S’il fait sec et qu’il n’y a plus d’herbe, nous préférons que ce soit  les vaches fraîches vêlées qui valorisent le maïs ». Ainsi, notamment, « l’ouverture du silo de maïs se fait à partir de la fin juin, quand commencent les vêlages ».
« L’été il y a peu d’herbe sur nos parcelles »,
rappelle Aurélie, « Aussi, trois semaines avant le vêlage, les vaches passent sur une parcelle dédiée. Elles sont nourries au foin et sous surveillance »
« Du coup », concède Aurélie, « c’est vrai qu’elles démarrent plus lentement en lactation ». « Mais nous ne cherchons pas les pics de lactation », complète l’éleveuse, « on préfère qu’elles durent plus longtemps en lactation à de bons niveaux ». Et de constater que des vaches finissent leur période de lactation sur des niveaux encore importants, de l’ordre de 30kg.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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