Sevrer les porcelets à 21 jours

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Le 10 janvier, Gènes Diffusion organisait une journée « technique » sur le thème du sevrage à 21 jours. L’intérêt d’une telle pratique et les méthodes pour mettre en place cette nouvelle façon de gérer son élevage y ont été présentées. Synthèse avec Gènes Diffusion.


La journée « technique » était consacrée au sevrage à 21 jours (© Web-agri)
 Les techniques nécessaires à la mise en place d’une conduite en bandes dans le cadre du sevrage 21 jours étaient au coeur de l'intervention du Dr Jan Jourkin, vétérinaire du laboratoire Janssen.Le Dr Jan Jourkin a notamment évoqué l’intérêt d’utiliser du Regumate, traitement hormonal permettant le raccourcissement du cycle de reproduction. Le spécialiste souligne que la méthode implique une grande rigueur dans le suivi et la gestion de la reproduction et, donc, dans la conduite de bande.

Maîtriser la synchronisation des chaleurs


L’efficacité de la méthode Regumate « c’est une conduite d’élevage optimisée par une meilleure maîtrise de la synchronisation des chaleurs » résume le Dr Jourkin (© Genes Diffusion)
Plus précisément, le Regumate - considéré comme analogue à la progestérone – permet d’obtenir une synchronisation des chaleurs des cochettes entre elles ou bien avec les multipares de la bande. Ainsi, l’organisation du travail est facilitée, les mises-bas sont groupées, l’éleveur peut respecter les vides sanitaires et avoir une production plus homogène. L’efficacité de la méthode Regumate « c’est une conduite d’élevage optimisée par une meilleure maîtrise de la synchronisation des chaleurs » résume le Dr Jourkin, avant d’ajouter que le Regumate permet « une rentabilité immédiate par une amélioration sur cochettes  de 10 points du taux de mises-bas et le gain d’un porcelet supplémentaire ».
Le Regumate peut également être utilisé pour rééquilibrer les bandes, permettre des sevrages anticipés, réaliser un sevrage partiel ou même maintenir la gestation.

Deux semaines de travail en moins

Dominique Miossec, technicien du groupement Porfimad s’est quand à lui attaché à compléter la démonstration par quelques exemples concrets d’élevages ayant évolué du sevrage 28 jours à 21 jours.
En comparant l’exercice sur des conduites de 7, 5 et 4 bandes, le technicien a pu montrer que cette méthode de travail permettait, globalement, d’économiser deux semaines sans intervention majeure sur les reproducteurs pour les conduites à 5 et 4 bandes. Le sevrage 21 jours permet aussi de gérer moins de bandes pour les élevages ayant l’habitude de travailler avec 10 ou plus. Il n’influe en rien sur les critères de fertilité et de prolificité mais améliore statistiquement la productivité, par truie présente et par an, de plus d’1 porcelet.


Dominique Miossec a montré qu'il était possible d’économiser deux semaines sans intervention majeure sur les reproducteurs pour les conduites à 5 et 4 bandes (© Genes Diffusion)
Bien entendu, qui dit réorganisation, dit également revoir ses habitudes de travail. Le sevrage 21 jours implique quand même certaines contraintes que l’éleveur ne doit pas négliger. Le jour du sevrage, en cas de conduite en 5 bandes par exemple, sera certainement la journée la plus chargée. Déjà, il faudra caser toutes les truies lors de cette journée (truie sur le quai). A cela, s’ajoute d’autres tâches importantes : le sevrage en lui même, le lavage des maternités, le déplacement des truies et l’entrée de la bande suivante dans lesdites maternités. Par ailleurs, la surveillance et la vigilance seront primordiales pour la bonne tenue des retours. Enfin, entre le passage d’une bande à une autre au sein des maternités, la désinfection doit être rigoureuse et irréprochable car il n’y aura pas de vide sanitaire.

Le nombre de bandes : un choix à faire

Les avantages et les inconvénients ne seront pas les mêmes en 7, 5 ou 4 bandes. A titre d’exemple, pour la conduite en 7 bandes, l’incorporation des retours de truies cyclées sera plus aisée. Au niveau bâtiment, il sera éventuellement possible de sevrer sur place. En revanche, la gestion du temps sera plus difficile car il n’y aura pas de semaine sans activité sur les truies.
Pour les 5 et 4 bandes, il y aura moins de semaines de saillie, de sevrage et de mise bas par an, donc moins de bandes à suivre avec un groupe de truies plus important. Cette organisation permet de gérer une seule bande à la fois en maternité, donc évite le mélange entre bandes et les contaminations éventuelles. La main d’œuvre est davantage disponible sur les autres semaines, l’éleveur « gagne » ainsi 2 semaines pour se consacrer aux autres activités de l’exploitation, etc…

Le colostrum : allié essentiel pour la réussite du sevrage 21 jours

Le Dr vétérinaire Guillaume a quand à lui tenter d’expliquer les répercussions « biologiques » que ce changement de procédé impose sur les truies et les porcelets. « Que le sevrage se réalise à 21 ou à 28 jours d’âge, le jour le plus important de leur vie est le premier jour », souligne d’emblée le Dr Guillaume.


« Que le sevrage se réalise à 21 ou à 28 jours d’âge, le jour le plus important de leur vie est le premier jour », souligne le Dr Guillaume (© Genes Diffusion)
Et le vétérinaire d’expliquer que les premières heures du porcelet sont très importantes et qu’il n’est pas recommandé de les bouger pendant les 6 premières. Dépourvu de tout anticorps à la naissance, le porcelet est d’une fragilité déconcertante au début de sa vie. « Pour résumer », complète le Dr Guillaume, « plus l’absorption de colostrum est précoce, meilleur est le transfert immunitaire et énergétique ».
Sevrer à 21 jours diminue le temps d’exposition du porcelet à toutes sortes de bactéries. Réussir le sevrage à 21 jours est intimement lié à la perte de l’immunité liée au lait. Autrement dit, réussir à habituer le porcelet à se rendre moins dépendant du lait maternel constitue la clef de la réussite du sevrage. Il est donc capital de réussir la préparation alimentaire en maternité, d’adapter les aliments en post-sevrage et de favoriser l'accès à l’eau et aux aliments ceci dans un maximum de confort pour un porcelet plus jeune.
Pour les truies, il faut prendre en compte l’involution utérine qui est de 3 semaines pour un retour à la « normale ». L’essentiel de cette involution se fait dans les 8 premiers jours mais la régénération de la muqueuse utérine demande de 14 à 21 jours. Tout retard peut entraîner une baisse de fertilité. Pour réussir en sevrage 21 jours, il est par conséquent primordial d’avoir des mise-bas groupées.

L’un des avantages du sevrage 21 jours est « d’économiser » l’état des truies. « Les aspects sanitaires s’en trouvent améliorés » souligne le vétérinaire. « La maîtrise de l’alimentation du jeune porcelet est aujourd’hui possible » complète-t-il.

Les avantages économiques sont également intéressants : les charges fixes sont considérablement réduites pour un poids de viande maximum par truie et par an. Bien entendu, cela demande une mise à jour des méthodes de travail, de l’outil de production (notamment la chaîne de bâtiments) et une parfaite maîtrise de la reproduction.


Saint-Omer (Nord-Pas de Calais) : Plus de 130 éleveurs ont assisté à cette journée technique organisée par Genes Diffusion et consacrée au sevrage 21 jours (© Genes Diffusion)
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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