Prévisions jusqu'en 2015 par Mildred Haley, du service économie du ministère de l'agriculture des Usa

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Mildred Haley, du service économie du ministère de l’agriculture des Usa, présente ici les prévisions vue des Usa d’évolution de la production, de la consommation des échanges pour les principaux pays du continent américain.

Le contexte
Au début de chaque année, l’Usda présente un ensemble de prévisions pour 17 produits agricoles dans 24 pays et régions.

Ainsi pour la période 2006 à 2015, « les prévisions sont basées », explique Mildred Haley « sur des hypothèses comme les conditions macro-économiques, la politique des gouvernements, le climat, les développements internationaux. Elles permettent de dire pour chaque pays ce à quoi nous nous attendons concernant la production et les échanges jusqu’en 2015. Et de déterminer pour chaque pays, ce que nous considérons comme des atouts ou des faiblesses ».
« Il y a 23 pays sur le continent américain », présente Mildred Haley mais selon la spécialiste du service économie du ministère de l’agriculture des Usa, seuls quatre d’entre-eux sont susceptibles par leurs productions ou les évolutions de leurs échanges d’affecter les marchés européens : le Mexique, le Brésil, le Canada et les Etats-Unis. Au 1er janvier 2006, le Mexique dispose d’un cheptel inférieur à 10 millions de porcs, le Canada moins de 15 millions de porcs (cheptel équivalent à celui de la France), le cheptel du Brésil est constitué d’environ 30 millions de porcs et celui des Etats-Unis de 60 millions.

(© ERS)

« Nous nous attendons à ce que le Mexique continue à être importateur net de viande sur la période 2006-2015 », expose Mildred Haley. Selon la spécialiste, sa dépendance à l’importation des céréales ne lui permet pas de soutenir une forte production porcine. De plus, les estimations de Ers (Economic research service) montrent une consommation de viande de porc qui devrait continuer à croître sur la période concernée. « La croissance économique du pays est forte,  la classe moyenne augmente, avec une demande de protéine animale de plus en plus forte.  31% de la consommation du Mexique est importée cette année; elle devrait être de 40% en 2015 », estime Mildred Haley. « Aujourd’hui, les Usa et le Canada sont les fournisseurs du Mexique, ce qui sera encore le cas en 2015 », juge la spécialiste.

Le Brésil : conquérant ?


(© ERS)
Au Brésil, « en ce qui concerne la production de viande », Mildred Haley croit qu’ « il y aura une période d’ajustement à cause de la fièvre aphteuse mais qu’après 2011, la production devrait augmenter rapidement ».  Pour la spécialiste, c’est la plus grande faiblesse du Brésil, « la maladie (fièvre aphteuse) apparaît, disparaît, réapparait…du coup l’accès au marchés  à haute valeur est empêché, et limité aux marchés très « sensible » au prix, comme la Russie ». Selon Mildred Haley, la capacité du Brésil est limitée pour faire évoluer ses normes sanitaires mais le pays dispose d’atouts  importants. Ainsi le climat favorable à la production agricole et l’élevage est un atout de taille dans un monde ou les ressources naturelles sont de plus ne plus chères, « on doit faire attention au Brésil », souligne la spécialiste pour qui le Brésil sera cependant « toujours captif sur des marchés de valeur basse ».
« Le Brésil a une part de 14% des exportations mondiales. En 2015, il devrait passer à 17%. Ce n’est pas insignifiant. Le Brésil est important sur les marchés mondiaux et le deviendra un peu plus, mais quand on regarde la part des autres pays exportateurs (Canada, Usa et UE), ce n’est pas encore une hyper-puissance »,
commente Mildred Haley.

Canada : Le taux de change le dessert !

Entre 1990 et 2005, le Canada a augmenté sa production de porcs de 69%. « L’an passé, il a exporté 57% de sa production et est devenu le 3ème pays exportateur aidé en cela par les réformes politiques des années 90 et un taux de change favorable », présente Mildred Haley.
Mais la donne a changé, en même temps que le taux de change. « Entre janvier 2002 et aujourd’hui, la valeur du dollar canadien a augmenté de 44% par rapport au dollar américain », explique Mildred Haley. « Pour un pays qui exporte plus de 55% de sa production, cette situation pourrait avoir des conséquences sérieuses !... parce qu’il est en concurrence avec les Usa dont le dollar est très bas aujourd’hui… », et, affirme Mildred Haley « parce que le dollar des Usa restera très bas dans la période prévisionnelle (jusqu’en 2015) ».  Par contre reconnaît la spécialiste, « nous savons que le Canada a une meilleure productivité que les Usa et une réputation de haute qualité, qui est gagnée et bien méritée. »

Etats-Unis : Le prix du maïs mettrait en péril la production ?

Pour la période 2006-2015, « la production porcine devrait augmenter de moins de 1% par an », estime Mildred Haley. La faute au prix du maïs explique la spécialiste. Sur la même période, les exportations sont prévues en hausse de 2,4 % par an, « grâce à la valeur basse du dollar américain », précise Mildred Haley.
L’un des principaux atouts des Etats-Unis pour le secteur porcin  se situe dans l’industrie de l’abattage : grande et avec un fonctionnement en 3x8h contre 2x8h pour l’abattage canadien.
Jusqu’en 2005, l’autre atout des Usa tenait dans sa place de principal producteur de maïs. « Le prix du maïs était de 60,84 €/tonne en 2005 », rappelle Mildred Haley, « nous croyons que le prix cette année va être de 66€/tonne, et pour 2008 et 2009, le Chicago Board of Trade prévoit que le prix va augmenter de plus de 40% par rapport à 2006 ». En cause, l’augmentation du prix du pétrole. « Le gouvernement des Etats-Unis a décidé de réduire la dépendance américaine sur le pétrole en donnant des subventions pour la fabrication d’alcool de maïs. Avec ce programme, les usines d’éthanol pourraient acheter le maïs jusqu’à 215-277 €/t, sans pertes ». Les conséquences liées à l’augmentation du prix de tous les aliments pour animaux pourraient être désastreuses pour tous les producteurs de porc, mais aussi de volailles, bœufs, produits laitiers…

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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