L'hégémonie bousculée de la Holstein, reine des vaches laitières

La Holstein, race de vache laitère largement majoritaire en France comme aux Etats-Unis, rencontre aujourd'hui de graves problèmes de fertilité, dus notamment à la consanguinité, qui poussent éleveurs et organismes professionnels à chercher de nouvelles manières de produire.

Développée aux Etats-Unis, la race holstein a été introduite en France et dans les pays européens après guerre et n'a pas tardé à prendre la place des races locales grâce à son incroyable production laitère, encore améliorée par une rigoureuse sélection génétique. La Holstein représente ainsi 70 % des vaches laitières françaises.

Cependant, à force de favoriser le caractère laitier lors de la sélection génétique, la rançon pour la race holstein a été un fléchissement brutal de la fertilité, une plus grande fragilité et des tares génétiques. Ces maux ont commencé à se faire sentir au milieu des années 1990 aux Etats-Unis pour toucher ensuite une Europe majoritairement conquise par la belle américaine.

Plus qu'à 20 % de fécondité

« Il y a un antagonisme entre la sélection sur des critères laitiers et la fertilité », explique le directeur général de l'Union régionale des coopératives d'élevage de l'Ouest (Urceo), Thomas Krychowski. Or, depuis les années 1970, « toutes les unités de sélection génétique ont privilégié la production laitière ».

« Certains élevages américains ne sont plus qu'à 20 % de fécondité », raconte Jérôme Chateau, vétérinaire spécialisé dans l'importation de semences et d'embryons de vache normande aux Etats-Unis, qui permettent aux éleveurs des croisements pour relancer leurs troupeaux. « La fertilité est une fonction de luxe et la production laitière demande trop d'énergie à la vache », explique-t-il, s'emportant contre les centres d'inséminations qui ont montré un réel « dirigisme génétique au cours des dernières années » des deux côtés de l'Atlantique.

Nouveaux critères de sélection génétique

En France, la baisse de la fertilité est moins accentuée, à environ 40 %, qu'aux Etats-Unis. « La différence, c'est la loi sur l'élevage qui organise la production et permet de maîtriser l'information sur les antécédents des vaches. De plus petite taille, les élevages laitiers choisissent les taureaux les plus appropriés en tenant compte de la consanguinité », indique Ludovic Miltgen, responsable de Gènes Diffusion, un centre de production de semence.

Pour redresser la barre, la France, qui n'a pas une culture du croisement aussi forte qu'aux Etats-Unis, a préféré ajouter de nouveaux critères de sélection génétique, tels que les caractères fonctionnels. Ces derniers favorisent les vaches fertiles qui vieillissent bien et n'ont pas de problèmes de santé.

Vers une autre race comme la Normande ou la Montbéliarde ?

Vincent Ducrocq, scientifique à l'Inra, est convaincu qu'on peut « renverser la vapeur si on met le paquet » au niveau de la sélection génétique, comme l'ont déjà fait avec succès certains pays nordistes.

L'autre solution pour les éleveurs est de se tourner vers une autre race de vache comme la Normande ou la Montbéliarde. Mais changer de troupeau coûte cher, ce qui freine cette tendance, selon Thomas Krychowski.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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